Agboyibo ou les élucubrations d’un faux ami du
Agboyibo ou les élucubrations d’un faux ami du peuple. (Première partie)
Nous avons eu connaissance, par la presse, de l'intervention d'AGBOYIBO, le 18 janvier dernier, devant la Convention des Jeunes Libéraux du CAR. Dans son exposé, le président d'honneur tentait d'expliquer à sa manière les raisons de l'échec des partis de l'opposition. Mais ce que nous constatons, c'est qu'en matière d'autojustification, d'autosatisfaction, d'autopromotion, dans l'art de tronquer les faits, de déformer la réalité pour se mettre en avant, de semer la confusion, le président d'honneur du CAR a battu une sorte de record ! Mais aussi en matière d'anticommunisme de bas étage. En tout cas, ce qui ressort de son discours, c'est la confirmation qu'AGBOYIBO est d'abord et avant tout préoccupé de sa personne et de ses intérêts, et que s'il lui arrive de parler du peuple, c'est juste pour la forme; c'est aussi la confirmation de sa connivence avec l'autocrate EYADEMA en tant qu'agent de son système.
Pourquoi les différentes coalitions tentées par les partis d'opposition ont-elles échoué ? C'est à cette question qu'il prétend apporter une réponse. En guise d'explication AGBOYIBO parle d'idéologie. C'est parce que dit-il pour se mettre ensemble conformément aux appels du peuples, les partis politiques ont dû mettre en veilleuse leurs idéologies, et il en est résulté des cacophonies. Mais en quoi le fait de mettre en veilleuse ces idéologies, forcément différentes aurait-il entraîné ces «cacophonies» ? Et d'ailleurs en quoi consistaient ces différences idéologiques que ces partis auraient prétendument mises en veilleuse ? AGBOYBO se garde d'apporter une quelconque précision ou explication à ce sujet. Et pour cause; cette question de différences est une pure fiction.
A ce sujet, lorsque par exemple AGBOYIBO, à la mort d'Eyadema déclare «qu'il n'y a pas que le clan Gnassingbé pour servir les intérêts de la France; et qu'il y a une nouvelle génération prête à faire de même», il montre qu'il n'y a pas de différence idéologique entre lui et ce clan; de même lorsque le reste de ceux qui se disent opposants n'ont rien trouvé à redire à la déclaration du leader du CAR et se coalisent même avec lui, ils montrent eux aussi que les différences idéologiques avec lui n'existent pas. En réalité le pouvoir d'oppression anti populaire et ceux qui se disent ses opposants partagent la même idéologie. On peut déjà mesurer cette affinité idéologique aux termes qu'AGBOYIO emploie pour désigner EYADEMA: c’est «le Président», le Général; ajoutons aussi le terme de «mouvance présidentielle». En tout cas ce sont des termes de légitimation; et il n'est pas question chez lui de parler de dictateur, d'autocrate, de tyran; à peine une vague allusion à «l'adversaire».
Cette idéologie que tous ont en partage, qu'ils soient ou non au pouvoir, a un nom: c'est l'ambition personnelle, l'intérêt personnel au dessus de toute autre considération. Cette ambition individualiste propre à la bourgeoisie, est manifeste dans l’organisation des partis qu'ils ont créés et qu'ils dirigent: ce sont autant de répliques du RPT/UNIR. Comme ce dernier, en effet, ces partis n'existent que pour assurer la promotion des dirigeants. La démocratie chez eux ne va pas plus loin que leurs intérêts personnels. Les débats politiques ne se réduisent des querelles d'ambitions personnelles. Par ailleurs, la soumission néocoloniale à l'impérialisme, la conciliation comme arme politique ne sont que la conséquence de cette ambition individualiste. Si AGBOYIBO s'est déclaré prêt à servir les intérêts de l'impérialisme français, c'est parce qu'il espérait en retour un appui de ce dernier dans la course au pouvoir; si tous se disent partisans du dialogue et de la conciliation, c'est tout simplement parce qu'ils considèrent la voie du putsch comme bouchée.
Les questions idéologiques dont il parle ne sont donc en réalité que des querelles d'ambitions personnelles. Un autre trait qui les caractérise et qui est aussi la conséquence logique de leur ambition individualiste, c'est leur mépris pour le peuple. Pour AGBOYIBO et ses semblables, le peuple ne doit juste servir que d'instrument pour exercer par ses manifestations «sans violences» des pressions couplées avec les pressions des organismes internationaux pour amener le pouvoir à ouvrir la voie au dialogue. L'idée d'un peuple maître de son propre destin leur étrangère. D'où leur recours constant à la prétendue «communauté internationale». Car le rôle essentiel doit leur revenir à eux les dirigeants, qui ont les capacités requises pour négocier et obtenir des acquis.
AGBOYIBO ne s'est pas privé de se vanter de ce qu'il appelle des «acquis», qu'il présente comme la preuve de la confirmation par l'expérience de la justesse de son idéologie «Les expériences que j'ai vécues de 1987 à 1991, à la tête de la CNDH et du FAR, en 1999 à l'occasion des négociations de l'Accord-cadre de Lomé et récemment en 2006 en dirigeant les travaux de l'APG m'ont convaincu que la conscience la plus fermée à la lumière peut s'ouvrir à tout moment au bien pourvu qu'on sache y procéder». Car poursuit-il «toute personne humaine quelle qu'elle soit et quoi qu'on en dise est porteur d'une étincelle du bien, de l'étincelle divine. Par accumulation des décombres, il arrive souvent que l'étincelle divine soit ternie au point de laisser croire qu'elle est éteinte. Mais ce n'est là qu'une impression. Car sous les décombres et malgré le poids des décombres l'étincelle divine est toujours présente. Elle peut à tout moment briller de nouveau pourvu que les circonstances concourent à la mettre en mesure de s'affranchir des décombres pour renouer avec la lumière divine».
Notre homme veut bien reconnaitre «qu'il aurait été illusoire de penser que le Président EYADEMA pouvait de lui-même sur de simples conseils à force d'exhortations ou de dénonciations se remettre en cause». Mais ce n'est pas pour autant une raison pour remettre en cause sa politique, au contraire: Il fallait par des manifestations «non violente», dit-il, par l'implication des organisations internationales des droits de 'l'Homme amener EYADEMA à s'ouvrir au dialogue. Il donne à cette «ouverture» le nom d«'d'éclosion», «une émanation de l'étincelle- amour qui implique «la mise en confiance de l'adversaire par le respect de sa dignité et l'effort d'empathie pour déceler ses inquiétudes ses intérêts inexprimés et ses ressentiments de façon à les prendre en compte pour dénouer les blocages...».
De ce fatras nauséabond, où la mauvaise foi le dispute au mépris du peuple, de ses milliers d'emprisonnés, de torturés, de massacrés, d'assassinés, nous retiendrons qu'AGBOYIBO ne parle plutôt de «tout être humain» d'un homme en général, alors qu'il est question ici d'un homme réel, d'un homme concret d'un tyran d'un autocrate responsable de crimes abominables ! En effet, si nous suivons AGBOYIBO dans sa logique idéologique, nous devons condamner le peuple tunisien, le peuple égyptien, le peuple burkinabé. Ces peuples n'ont pas attendu «l'éclosion de l'étincelle-amour» chez leurs tyrans; ils ne sont pas du tout préoccupés de la «mise en confiance de l'adversaire par le respect de sa dignité et l'effort d'empathie pour déceler ses inquiétudes, ses intérêts inexprimés et ses ressentiments de façon à le prendre en compte pour dénouer les blocages». Non ! Ils n’ont pas été embobinés par des AGBOYIBO locaux ! Ils n'ont éprouvé aucune empathie pour leur tyran; ils ont jugé, à l'instar de tous les peuples du monde qu'un autocrate doit être combattu, ils les ont combattus et les ont chassés. ! Mais chez nous, 25 ans après la glorieuse insurrection d'octobre 1990, c'est le même régime d'oppression que nous continuons de subir; le fils de l'autocrate a succédé à son père après un putsch militaire resté impuni, suivi d’un putsch électoral. Et c'est dans ces conditions qu'AGBOYIBO se permet de parler d'acquis ! Comment peut-on oser parler «acquis» ? Voyons ce qu'il en est dans la réalité...
DES ACQUIS AVEC AGBOYIBO ? PARLONS-EN
Déjà une conclusion s'impose à l'évidence: la multiplication de ces «acquis» est elle-même en soi la preuve de leur inanité, la preuve que du point de vue de la démocratie, ce ne sont que du bluff. Par exemple si après l'Accord cadre de Lomé de 1999, il a fallu encore négocier pour signer en 2006 un Accord Politique Global, c'est bien que l'Accord-cadre de Lomé n'a servi à rien. On peut en dire tout autant des autres accords, pour lesquels les promoteurs ont assez d'imagination pour trouver des noms différents. Entrons un instant dans le détail de ces prétendus acquis pour lesquels AGBOYIBO s'est tressé tant de lauriers
L'exemple de la CNDH.
En 1985-1986 l'autocratie déchaîne une vague de répression à travers le pays. De nombreux compatriotes sont arrêté, incarcérés sans jugement, torturés voire assassinés. Parmi les victimes de cette répression barbare, il y avait de nombreux salariés licenciés «pour abandon de poste» ! La situation ne permettait pas alors de mener une campagne de protestation à l'intérieur du pays, et c'est dans la diaspora que l'essentiel a été organisé. Elle a été très efficace et la fondation en 1987 de la CNDH n'y est d'ailleurs certainement pas étrangère. Sous les pressions multiformes, EYADEMA a donc fini par relâcher les détenus. Mais ceux parmi eux qui étaient des salariés n'arrivaient pas à retrouver leurs boulots parce que leurs employeurs craignaient les foudres de l'autocrate s'ils les reprenaient. Alors ils sont allés voir AGBOYIBO, nommé à la tête de la CNDH qui venait d'être créée, pour lui demander d'intervenir auprès de ce dernier. La seule réponse qu'ils ont eue de sa part a été de leur dire de faire preuve de patience et d'«'attendre que le Général soit de bonne humeur». Voilà ce à quoi s'est limitée l'intervention de la CNDH ! La CNDH n'a donc été qu'une vitrine de propagande pour l'autocratie, et AGOYIBO un faire-valoir.. Mais un faire valoir qui a su profiter de l'occasion pour gagner en notoriété, se faire une stature, tisser des relations en tant que chef d'un organisme se disant humanitaire.
A propos du FAR.
Nous sommes en mars 1991. Cinq mois auparavant, le peuple togolais s'est soulevé à Lomé au cri de EYADEMA démission !: C'est le début d'un grand mouvement insurrectionnel qui va embraser tout le pays. Le pouvoir a beau frapper, c'est en vain; il est acculé, sur la défensive. Justement en ce mois de mars; une grève générale se prépare. C'est alors qu'on annonce la création du FAR (Front d'action pour le Renouveau) avec à sa tête AGBOYIBO, et l'ouverture prochaine d'une rencontre Gouvernement-Opposition, A l'annonce de cette nouvelle, notre Parti a aussitôt fait diffuser un tract pour mettre en garde, et expliquer que cette annonce était une tentative pour casser la dynamique du mouvement insurrectionnel. Notre mise en garde était fondée sur les leçons de l'Histoire et de l'expérience des peuples. L'Histoire nous enseigne, en effet, qu'un mouvement insurrectionnel populaire peut être vaincu par un rapport de forces défavorable; qu'il peut s'arrêter de lui-même faute de disposer de la force nécessaire, mais qu'en aucun cas on ne doit arrêter un mouvement insurrectionnel populaire en marche, sous prétexte qu'il est possible d'atteindre le mêmes objectif par la négociation. C'est une règle d'or, qu'ont encore confirmée les mouvements populaires qui se sont déroulés ces derniers temps sur notre continent, y compris très près de chez nous: on sait où en serait encore le peuple burkinabé aujourd'hui s'il avait prêté oreille aux promesses de COMPAORE et n'avait pas marché sur l'assemblée nationale fantoche pour la mettre hors d'état de tripatouiller la constitution.
Mais il faut reconnaître que chez nous, nous ne sommes pas parvenus à faire entendre comme il le fallait nos mises en garde. Cela était dû, sans aucun doute, à la faiblesse du Parti et du courant de la démocratie révolutionnaire en général. C'est donc le courant conciliateur, le courant de la démocratie par la négociation qui a imposé son point de vue, et avec la création du FAR, AGBOYIBO est apparu au moins pendant un certain temps comme le chef de ce courant. Il faut dire qu'il a tout fait pour parvenir à ses fins, y compris l'exploitation éhontée de la crédulité publique. On se souvient de cette rumeur qui a longtemps circulé à l'époque, à propos de sa prétendue disparition mystérieuse avec le fauteuil d'Eyadema lors d'une prétendue bagarre avec à ce dernier. C'est donc ainsi qu'AGOYIBO qui jusque là était connu pour être l'avocat des sociétés d'Etat, et pour sa proximité avec l'autocrate, a pu se tailler un costume d'opposant en chef, et se présenter comme l'homme capable, grâce à sa force mystique, de tenir tête à Eyadema. Les seuls bénéficiaires de ces prétendus acquis dont parle AGBOYIBO à propos du FAR, c'est l'autocratie et AGBOYIBO lui-même: le pouvoir autocratique auquel cette première manœuvre de diversion a offert un précieux répit, AGBOYIBO qui, pendant ce temps a pu passer pour l'opposant en chef, et ainsi et disposer un moment d'une longueur d'avance sur ses rivaux, en particulier sur Edem KODJO et Gilchrist OLYMPIO. Aucun profit pour le peuple ni pour la démocratie. Justement AGBOYIBO et ses compères ont toujours mis en avant à propos de ces prétendus acquis, la loi d'avril 1991 autorisant la création des partis politiques. C'est tout simplement travestir «la réalité». Nous rappelons qu'au début de l'année 1990 le pouvoir affirmait encore que d'après une prétendue enquête, le peuple togolais ne voulait pas du multipartisme. Or, moins d'un an après voilà que le même pouvoir autorise la création de partis en dehors du RPT !
Comment donc expliquer ce revirement ?
C'est qu'entre -temps s'est passé un certain 5 Octobre. Pour AGBOYIBO et ses compères qui veulent se mettre en avant et s'attribuer un rôle décisif, ce mouvement n'est qu'un simple moyen de pression, l'essentiel étant dans le dialogue qu'ils ont engagé avec EYADEMA en s'appuyant sur la pression populaire et sur la pression de la «communauté internationale». C'est d'ailleurs la pratique habituelle des faux amis du peuple. Mais comme nous l'avons déjà dit il suffit de regarder la situation que nous vivons aujourd'hui et de faire appel au simple bons sens pour comprendre combien tout cela est faux: en effet si le dialogue et la négociation pouvaient convertir un régime de dictature anti populaire en démocratie, le Togo serait au premier rang des pays démocratiques au moins sur notre continent, à voir le nombre de négociations et de dialogues menées chez nous !
Prenons donc un exemple concret, celui de la presse. Quelques jours après le 5 octobre 1990 l'autocrate fait promulguer, le 30 novembre 1990 une loi destinée à juguler la presse privée qui commençait à se développer et à s'imposer à la faveur du mouvement insurrectionnel d'octobre. Or, pendant toute une période cette loi n'a jamais été appliquée, ainsi le procès intenté au journal Forum Hebdo en janvier 1991 n'a jamais eu lieu. Pour une raison bien simple: janvier 1991, ce n'est pas très loin d'octobre 1990: la justice et les magistrats n'ont pas oublié que c'est le procès des distributeurs de tracts qui a déclenché la grande insurrection d'octobre. Ils n'ont donc pas osé ouvrir un autre procès. La liberté de la pesse s'est ainsi imposée dans les faits. On peut en dire de même des autre droits et libertés. Elles étaient sans doute précaires, mais c'étaient des conquêtes du peuple parce que le peuple avait réussi par son insurrection à ébranler l'appareil d'Etat. Les faux amis du peuple se sont contentés de profiter de la situation de faiblesse du mouvement démocratique révolutionnaire.
Le cas de l'APG.
Un autre titre de gloire dont se pare AGBOYIBO c'est l'APG. Il se félicite d'avoir dirigé les travaux qui ont abouti à la signature de cet accord. Mais qu'en est-il de cet accord en réalité ? Revenons donc un an en arrière. 5 Février 2005, on annonce la mort de l'autocrate EYADEMA. Aussitôt une clique d'officiers place Faure GNASSINGBE à la tête de l'Etat, en violation des dispositions constitutionnelles prévues. C'est un véritable putsch. En principe un putsch, une atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat, est une faute qui mérite une sanction non négociable; on le condamne, on demande des comptes aux auteurs et on les sanctionne. Pour ceux qui se disent des défenseurs de «l'Etat de droit», la moindre des choses qu'on était en droit d'attendre d'eux, c'est qu'ils fassent appliquer le droit. Nous connaissons les arguments qu'ils avancent en guise d'excuse: ils ne peuvent rien contre les militaires. Mais une sanction morale et politique était largement à leur portée. Ils pouvaient prononcer une condamnation sans appel du putsch et des auteurs, et les déclarer hors la loi; ils pouvaient en conséquence refuser toute rencontre, toute tractation avec FAURE; dans le même sens rien ne pouvaient les empêcher de rejeter une candidature éventuelle de ce dernier aux élections présidentielles et de boycotter tout scrutin où il serait candidat. C'était une manière de rendre son illégitimité la plus visible possible; c'était aussi la marque d'un minimum de respect pour le peuple qui se faisait massacrer, en même temps qu'une leçon de morale politique que pouvait dégager une attitude exemplaire de leur part. Au lieu de cela ces défenseurs de«l'Etat de droit» ont commencé à parler de «retour à l'ordre constitutionnel normal», ce qui n'était en réalité qu'un premier pas vers la légitimation du putschiste; puis ils ont continué en cautionnant le tour de passe-passe de la démission bidon de FAURE, et de la nomination d'un président fantoche en la personne de BONFOH; puis ils ont fait croire que l'essentiel était de s'unir, et qu'un candidat unique pouvait gagner les élections. On connaît le résultat d'ailleurs prévisible.
La nomination d'AGBOYIBO en 2006 comme premier ministre à la suite d'Edem KODJO, ce au nom de "l'ouverture", n'est qu'un pas supplémentaire dans cette sordide manœuvre de légitimation. Il revenait à AGBOYIBO d'achever cette manœuvre, et c'est bien ce qu'il a accompli avec la signature de l'AGP. L'APG n'était que cela. Le CAR le reconnaît lui-même dans son communiqué du 19 février 2015 où sa direction, de manière opportuniste, fait semblant de découvrir «la mauvaise foi dont le régime a fait preuve dans l'application de l'APG». Mais AGBOYIBO entre temps a pu occuper le poste de premier ministre, et profiter des avantages afférents, ce qui était pour lui certainement le plus important. Au total on peut dire que dans ses divers activités AGBOYIBO, quoi qu'il dise, s'est d'abord surtout préoccupé de s'imposer sur la scène politique, d'étoffer ses relations d'occuper de hautes fonctions de bénéficier de retombées financières lui permettant d'entretenir son train de vie. Bref, qu'AGBOYIBO est d'abord et avant tout un homme qui bosse pour lui-même.
AGBOYIBO au cours de son intervention s'est laissé aller à quelques considérations sur les «marxistes» sur lesquels il nous paraît nécessaire de nous arrête un instant. Le constat que nous pouvons faire d'emblée c'est sa méconnaissance du marxisme et même de l'histoire du Togo. En effet, il parle des marxistes comme des «nouveaux venus». C'est historiquement faux. En effet déjà la JUVENTO avait des marxistes dans ses rangs, des compatriotes qui, pendant leurs étudies en France, avaient pris contact avec le Parti communiste français (PCF), attirés par les positions anticolonialistes de ce parti. Godwin TETE qui passe son temps aujourd'hui à citer MARX et LENINE à tort et à travers, peut en témoigner.Un marxiste ce n'est pas un individu qui se promène avec une étiquette d'identification. Ainsi nous pouvons dire que parmi les victimes de la vague de répression des années 1976-1977 et 1985-1986, il y avait des marxistes. Quand au cours de ces années, l'autocrate et sa bande parlaient d'«idéologies importées» et «d'idéologies étrangères», de quoi et de qui parlaient-ils ?
Nous croyons avoir compris la raison de cette confusion chez AGBOYIBO. En effet à la faveur du mouvement insurrectionnel populaire, de nombreux compatriotes exilés sont revenus au pays et ont commencé à mener des activités politiques sur le sol national. Très vite sont apparus des rivalités, des conflits de leadership entre ces derniers et les autres qui occupaient la place. AGBOYIBO qui est ignorant du marxisme a tendance à prendre ces nouveaux venus pour des marxistes. A première vue, nous ne devrions pas nous sentir concernés. Le marxisme n'est pas venu dans la foulée du mouvement populaire d'octobre 1990. Nous rappelons que le Parti communiste du Togo a vu le jour pendant les moments les plus sombres de notre histoire en mai 1980. Dès sa naissance, il a ouvertement combattu le pouvoir autocratique par diverses actes et manifestations. La combativité du PCT avait poussé l'autocrate Eyadema à déclencher une horrible répression contre le peuple et entre autres des arrestations dans les rangs des marxistes.
Bref, le Parti Communiste du Togo n’a pas été fondé dans le but de profiter d’une circonstance favorables pour satisfaire les ambitions personnelles d’un ou de quelques individus. Il ne se bat pas pour quelques sièges de députés, ou quelques portefeuilles ministériels. Il est né bien avant le mouvement insurrectionnel populaire d’octobre 1990, pour répondre à une nécessité historique:Conduire la classe ouvrière et le Peuple vers la démocratie véritable, la démocratie révolutionnaire. C’est cette nécessité qui explique sa ligne politique, laquelle se fonde sur le marxisme-léninisme. N'en déplaise aux historiens bourgeois qui aujourd'hui tentent d'occulter et de banaliser le travail politique et organisationnel des communistes au Togo. Ainsi donc en 1990, le PCT n'était pas un nouveau venu; et il n'avait pas de question de leadership avec AGBOYIBO; parce qu'il ne poursuit pas le même objectif que ce dernier. Mais les énormités qu'AGBOYIBO a débitées à propos des marxistes, concernent fatalement le marxisme en général, et d'ailleurs il n'est pas rare de retrouver ces mêmes énormités sous d'autres plumes. Une mise au point de notre part s'avère donc nécessaire, ne serait-ce que dans un souci de clarification. A SUIVRE !
Lomé, le 2 mai 2015
LE PARTI COMMUNISTE DU TOGO, PARTI DE LA REVOLUTION
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