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2 mars 2009

Cameroun :

Les sens de la commémoration des massacres de février 2008 au Cameroun

Moise_Essoh

Cette semaine, nous commémorons le premier anniversaire de l’un des massacres les plus sanglants de l’histoire de notre pays, celui de février 2008 au Cameroun. Chacun de nous connaît cette histoire dont les faits marquants, qui ne doivent jamais être oubliés et qui doivent faire partie, comme d’autres événements occultés depuis plus de 60 ans, de l’histoire officielle et enseignée au Cameroun. La connaissance de l’histoire d’un pays est un des fondements de la citoyenneté. Ces faits marquants, parmi d’autres, sont les suivants : En moins d’une semaine, les forces dites de l’ordre du régime RDPC-Biya ont tué, directement ou indirectement, plus de 250 personnes. Et je ne fais pas la moyenne entre les (au moins) 139 morts du rapport de l’ONDH et les 1000 morts du rapport d’Amnesty International. Quant aux 40 morts d’un décompte précipitamment arrêté par le régime quelques jours à peine après l’arrêt des émeutes, comme du reste les données que produit souvent ce régime, c’est un chiffre farfelu qui ne fait rire personne et qui devrait plutôt faire honte à ses auteurs. Mais comme dit un proverbe camerounais, certains êtres ont-ils encore honte ?

Le 27 février 2008, le cynisme du régime a été poussé jusqu’à piéger, sur le pont du Wouri, des manifestants pour les gazer, leur tirer dessus, les pousser à sauter du pont, ce qu’ils ont fait. Aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de cette répression sur le pont du Wouri. Et pourquoi en ouvrirait-on une, puisque, pour le cas d’espèce, le procureur est probablement aussi le coupable, ou à défaut, le suspect ? Le silence du RDPC et de Biya sur les tueries du pont du Wouri est en soi une preuve à charge du régime dans cette affaire.

Le 28 février, descendant d’un camion avec une assurance qui en dit long sur la préparation de l’assassinat, un homme en armes tire pratiquement à bout portant sur un individu bien identifié, le camarade Jacques TIWA. Au moment de son assassinat, Jacques TIWA ne se livrait à aucune action civique ou revendicatrice. Il allait acheter son pain. Mais il avait le tort d’être un ancien leader estudiantin et un dirigeant d’alors du Conseil National de la Résistance-Mouvement Um Nyobiste, un mouvement actif au sein d’un Collectif, le CODE. Ce CODE qu’un thuriféraire du régime accusera quelques jours après, sur les ondes de RFI, d’avoir « manipulé » la jeunesse.

Etait-ce déjà un argument de défense en prévision d’un éventuel procès dans le cadre de l’assassinat de Jacques TIWA ? Les officines obscures du régime, croyant avoir identifié l’ennemi, avaient-elles déjà mis en route une stratégie d’épuration de certains opposants véritables ? Stratégie qu’elles comptaient justifier le moment venu comme une stratégie de guerre, avec, qui sait, le fameux sésame de la lutte contre le « terrorisme » derrière lequel, à une époque encore dominée par Bush, toute énormité pouvait se camoufler ? La sortie du secrétaire exécutif du CODE sur les mêmes antennes l’aura peut-être privé de cet argument de choc, mais l’intention de ce régime sanguinaire est claire : il ne tolère aucune contestation véritablement porteuse de fruit, comme les révoltes de février 2008.

En dehors de ces tueries, rappelons que le régime a voulu empêcher les journalistes de rassembler les preuves visuelles de ces actes que l’histoire jugera bien, sans conteste, un jour ou l’autre. Des chaînes de radio et de télévision ont été fermées, des journalistes inquiétés, des leaders d’opinion arbitrairement arrêtés. De nombreux manifestants, témoins privilégiés de ces événements, ont presque tous été séquestrés et hâtivement condamnés à de très lourdes peines pour des jeunes qu’ils sont et pour les dégâts matériels commis. Comme pour faire des exemples.

Précisons enfin le caractère sanguinaire du régime RDPC-Biya. Dans de nombreux autres pays dans le monde, de telles révoltes ont également eu lieu, aux mêmes moments : Maroc, Haïti, Mauritanie, Sénégal, Guinée-Conakry, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ouzbékistan ; avec au maximum 6 morts, à Haïti. Seul le Cameroun de Paul Biya a enregistré des centaines de morts. Les autres régimes ne subissaient-ils pas aussi une révolte ? Aujourd’hui au moment où j’écris ces lignes, à part la Guinée-Conakry (parce que le dictateur en place est mort), lequel de ces régimes est tombé ? Aucun. Ont-ils eu besoin de massacrer la population pour préserver leur place ? Non.
L’attitude du régime camerounais démontre que ce régime est un régime sanguinaire, fasciste et assassin, qui ne recule devant rien pour verser le sang, même sans motifs, et qui est même allé jusqu’à sanctionner un général d’armée pour n’avoir pas tiré sur les enfants de son village. Lion d’être l’homme-lion qu’il prétend être, car un lion qui tue uniquement pour se nourrir ou se défendre quand il est vraiment en danger, l’autocrate d’Etoudi est plutôt un homme-tigre, animal cruel, qui tue par plaisir et ni pour se nourrir, ni pour se défendre. Ce n’est pas un homme-lion, c’est un homme-tigre.

Les événements de février 2008 sont historiques. D’ailleurs, lorsqu’on consulte les références historiques dont par exemple la désormais célèbre encyclopédie en ligne, les massacres de février 2008 au Cameroun, tant par les motivations de ceux qui sont tombés, par le déroulement des tueries que par le nombre de morts méritent largement de figurer dans la liste des massacres historiques de ce début de siècle.

Commémorer, c’est faire acte de mémoire pour un événement historique. Et ces événements sont historiques. C’est déjà la première raison pour laquelle il faut commémorer ces massacres.
Commémorer ces massacres, c’est aussi dire aux vivants que si demain, ils meurent dans d’autres combats contre la dictature camerounaise – car c’est en guerre que le peuple camerounais se trouve pratiquement, vis-à-vis du régime en place – ils ne mourront que de corps, mais ils vivront par leur sacrifice, et dans la mémoire des vivants et dans l’histoire éternelle du Cameroun.

Commémorer ces massacres, c’est entretenir la flamme de liberté et d’espérance qui a embrasé ces derniers jours de février 2008, et entretenir la braise sous la cendre, pour le moment opportun, rallumer le feu avec succès.

Commémorer ces massacres, c’est cristalliser, par cet événement national, le sentiment patriotique et nationaliste camerounais : en effet, les centaines de personnes sur lesquelles ont tiré les forces de l’ordre, n’ont pas été ciblées selon leur appartenance ethnique, leur statut académique (étudiant ou pas), leur statut d’emploi (travailleur ou chômeur), etc. Elles ont ciblées parce que, toutes ethnies confondues, touts statuts confondus, elles se sont levées pour dire « Non ! » à l’autocratie, « Non ! » à la gabegie, « Non ! » à la famine imposée, en un mot, « Non ! » au régime UNC-RDPC-Biya et aux conséquences que ce régime impose au peuple depuis des décennies.

Si à l’occasion d’une telle commémoration, les familles des victimes et les rescapés des massacres avaient le courage et la permission de se regrouper – mais nous savons tous les trésors d’intimidation et de violence dont recèle le régime autocratique pour empêcher une telle cérémonie – on verrait alors bien, comme lors d’une victoire des Lions Indomptables, que c’est le peuple tout entier qui sera uni lors d’une telle cérémonie commémorative.

Rappelons-nous que le sentiment national camerounais s’est principalement forgé non sur une alliance sans objet des différents groupes sociaux-ethniques vivant sur le territoire appelé Kamerun, mais que ce sentiment s’est forgé à partir des exactions coloniales allemandes puis franco-britanniques subies en commun par les populations de ce territoire, et que ce sentiment s’est forgé à travers la convergence des résistances à ces mêmes forces d’occupation et d’oppression. Aujourd’hui, les colons extérieurs ont physiquement quitté le territoire, mais leurs vassaux y font le même travail, parfois plus cyniquement. Ainsi donc, commémorer aujourd’hui les massacres de février 2008, c’est consolider le sentiment national camerounais, c’est faire acte d’amour pour le peuple camerounais tout entier.

Commémorer ces massacres, c’est dire chaque année à ce régime finissant que, tant que lui et son actuel chef bientôt octogénaire – mais se présentant sans cesse comme l’homme de l’avenir, insultant par là-même la jeunesse camerounaise y compris celle qui lui est soumise, comme incapable de trouver en son sein des hommes qualifiés pour donner à ce pays un avenir plus radieux et pérenne – seront en place, nous ne leur laisserons aucun répit, quand bien même nous semblerions dormir. C’est dire à P. Barthélemy Biya et aux siens – non pas son ethnie qui souffre comme le reste du peuple mais ses amis qui pillent le pays avec lui – que s’ils prennent nos déclarations, s’ils prennent les révoltes du peuple camerounais pour des aboiements en se disant « Les chiens aboient, la caravane passe », qu’ils sachent qu’un jour, à force de les narguer, la caravane se fera attaquer par les chiens que nous sommes à leurs yeux. Et que ce jour-là, aucun pilleur ne restera debout sur son chameau.

Commémorer ces massacres, enfin, c’est prendre nos responsabilités vis-à-vis du sacrifice des victimes, c’est réaliser ce pour quoi elles sont mortes, à savoir installer une véritable démocratie et un régime de progrès au pouvoir au Cameroun. Voilà pourquoi nos fils, filles, frères et sœurs sont morts en février 2008. Nous ne devons donc pas baisser les bras et laisser ce régime tranquille. Si nous baissions les bras, c’est nous, cette fois-ci, qui tuerions une seconde fois nos compatriotes assassinés en février 2008. Nous avons le devoir de triompher et d’arrêter le massacre. Et cela commence par chasser d’Etoudi l’autocrate Biya, son parti et ses alliés.

Cette commémoration nous prescrit, nous impose d’adopter, par-dessus tout, l’une des seules stratégies vraiment payante pour atteindre ce premier objectif : fédérer toutes nos énergies autour de projets simples, incontournables, communs et nécessaires pour changer de régime. Elle nous prescrit de nous organiser plus efficacement, de nous mettre ensemble et de faire bloc contre l’autocrate d’Etoudi, dont la férocité ne peut être venue à bout que par une résistance farouche, déterminée, organisée et convergente de tous les démocrates et du peuple camerounais.

Et nous, Camerounais de la diaspora patriotique et démocratique camerounaise regroupés au sein du CODE – et nous savons aussi que tous les Camerounais patriotes, membres ou non des organisations sérieuses de la diaspora s’associent à nous – nous voulons dire aujourd’hui aux familles des victimes des massacres de février 2008, à la jeunesse débrouillarde, combattive et combattante camerounaise, au peuple camerounais tout entier :

« Vous êtes dans notre cœur et nous sommes avec vous tous les jours, d’aussi loin que nous sommes.
Et à vos côtés, nous nous battrons sans relâche, jusqu’à la victoire finale ».

Dr Moïse ESSOH ,Secrétaire exécutif du CODE

source :www.camer.be

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