L'Afrique malade de ses hommes politiques ? Par
L'Afrique malade de ses hommes politiques ?
Par James Bénédict Ngumbu, mercredi 4 mars 2009
L' ouvrage qui scrute profondément les conséquences de l’instabilité politique en Afrique sub-saharienne est écrit par Robert Dussey. Universitaire, ancien médiateur politique togolais en liaison avec la communauté Sant’ Egidio, Robert Dussey, est le conseiller diplomatique du président Faure Gnassingbé. Pour lui, les causes du malheur africain sont endogènes. S'inscrit-il dans l'afro-pessimisme ? L'auteur fait une autocritique de la gouvernance du continent africain dans une démarche d'afro-optimiste.
Encore un nouveau chapitre vient de s’écrire dans une histoire bien connue. Celle d‘un continent laminé par des crises politiques à répétition. C’est en tout cas le constat fait ce lundi par l’universitaire togolais, Robert Dussey au cours d’une conférence de presse tenue à Paris, au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère (Cape).
Ce livre n’est pas une interrogation ni un simple pamphlet, mais une nette affirmation parce que son auteur décortique en toute liberté, la situation globale du continent. Il établit un diagnostique de la gestion en pointant du doigt les chefs d’Etats africains.
Comment un conseiller d’un chef d’Etat peut-il porter un jugement critique sur cette question si délicate?
C’est pour répondre à cette interrogation que l’orateur s’est livré aux questions des chevaliers de la plume et a apporté librement des précisions additives à l’équation. Selon Robert Dessey, souvent l’Africain a tendance à stigmatiser l’occident en particulier et le monde extérieur en général pour les malheurs qui frappent les Africains. Certes le continent noir est connu grâce à son prisme calamiteux qui rythme son quotidien. Cela se résume aux épidémies diverses et surtout aux maux tels que la corruption, les guerres civiles qui brisent l’espoir des populations africaines.
Les difficultés que connait notre continent sont en réalité liées à la bonne gouvernance et au manque de responsabilité des élites. Une grande partie des dirigeants africains ne sont pas conscients des enjeux et mutations qui bouleversent le monde moderne. Ce livre tombe à pic en tout cas, pour certains Etats où la précarité et la misère des populations sont quasiment permenantes.
Le politologue togolais, divise les hommes politiques en trois catégories et chacun de cas est illustré par des exemples probants. La première partie est composée de ceux qui sont démocratiquement élus et dotés d’un bagage intellectuel conséquent, mais malheureusement ces gens ne sont là que pour s’enrichir. Il les qualifie des dirigeants inconscients, puisqu’ils ont tous les moyens et qu’ils n’arrivent pas à résoudre les problèmes du pays. La deuxième catégorie d’élites comprend les chefs d’Etats qui sont arrivés au pouvoir grâce à un coup de chance.
Ces piètres serviteurs de la nation sont soit moins formés, soit dans une moindre mesure, formé sur le tas et ayant un peu d’expérience. Là encore, les critiques à leur endroit sont remarquables. Ils sont souvent responsables d’une mauvaise politique et on les qualifie d’irresponsables.
La troisième partie est surtout décrie comme étant une classe des ignorants. Celle des dirigeants politiques qui n’ont reçue au cours de leur parcours, ni une formation adéquate ni encore moins une expérience professionnelle liée à l’exercice de hautes fonctions. Ce sont des gens qui ne sont pas à leur place et ils ignorent tout. Tous ces présidents ont une responsabilité de la vie politique de leurs pays. Ce qui est remarquable, c’est les précisons et les cas de figure que l’on retrouve dans l’ouvrage de l’universitaire Togolais.
Le déficit de leadership, source du sous-développement africain ? « L’Afrique est en tout cas en déficit de leadership et je me demande si aujourd’hui on peut encore parler des responsables politiques intègres ? Vers les années soixante, on parlait de l’Afrique de Nkrumath, de Lumumba, Senghor, Houphouet ou Modibo etc…. Pouvons-nous de nos jours citer ne fût-ce qu’un seul nom crédible ? » A –t-il déclaré.
Dans son analyse, l’auteur n’est pas aussi tendre à l’endroit des opposants africains car bon nombre sont dans la même situation. Il a donné l’exemple d’un opposant africain qui à ce jour, est devenu président et a reprit copieusement le schéma de son prédécesseur.
Cette attitude frise la comédie et la médiocrité !
En réalité, l’échec du développement africain est en grande partie la manifestation de la défaite de ses élites. Dans un continent où moins de 10% de la population est scolarisée, on comprend aisément que cette élite incapable, s’accapare tous les leviers de commandes de leurs pays respectifs pour brimer et escroquer la population.
Chose curieuse et révoltante, c’est que ce continent regorge de potentialités minières, minéralogiques, agricoles, de façon inestimable. Comment expliquer que ce continent au sous-sol riche soit aussi pauvre ? C’est aux Africains eux-mêmes de répondre à cette question. Les coups d’Etats : action salvatrice pour redonner de l’espoir au peuple !
Il se dit également contre les coups d’Etats. Toutefois, s’il y a lieu de redonner l’espoir au peuple, alors les coups de forces deviendraient des actions salvatrices. « Le changement doit s’imposer par la force et pour cela il faut avoir beaucoup d’imagination en vue de permettre à la nation de se développer. Dans ce cas, ces genres des coups des forces auraient un rôle important puis qu’ils peuvent apporter le bonheur aux populations. » S’est indigné l’orateur.
"L’Afrique malade de ses dirigeants " n’épargne personne du moins dans ses critiques.
Le rôle nocif des intellectuels qui encadrent les dictatures en Afrique est également débattu dans plusieurs chapitres. « Ces pseudo intellectuels africains, au lieu d’amorcer de vrais changements dans la société et jeter les bases d’un développement vrai, ont préféré se contenter de distraire leurs peuples en montrant continuellement « l’homme blanc » comme la cause de tous leurs malheurs".
Cet exercice est un pari risqué pour l’auteur car dans la plupart des cas, les conseillers et éminences grises des hommes politiques africains, livrent leurs secrets quand ils sont déchus du système. Cela se passe presque partout en Afrique et en République démocratique du Congo, on en connaît tellement que la gymnastique, devient parfois une grosse ficelle pour attirer la sympathie de ses compatriotes ou un moyen de faire vivre sa famille, après être viré du pouvoir. Pour sa part, Robert Dussey le fait au moment où il est en fonction. C’est à la fois un acte courageux et une prise de conscience si pas une lucidité d’esprit, d’autant que l’ouvrage suscite un débat.
Et pour clore les débats, la RDC a été au sujet des discussions. Bien que n’ayant pas citer implicitement le Congo démocratique, certaines critiques seraient parfaitement liées au système politique que connait notre pays.
Du rôle d’ignorant de son président, Joseph Kabila- puisqu’il est classé parmi la catégorie de ceux qui n’ont pas beaucoup étudier et dont la gestion serait abandonné entre les mains d’un clan, mieux d’une bande des profiteurs- la RDC se retrouve bien dans l’analyse de l’auteur. Que peut-on dire d’un pays qui a organisé des élections et qui au même moment traverse des crises politiques à répétition ? Comment peut-on comprendre que le débat d’idées pourtant reconnu comme socle de la démocratie, soit verrouillé par le système politique ? La réponse appartient aux Congolais eux-mêmes ! Pour prétendre apporter un changement et créer des mécanismes du développement, nous avons besoin d’un pouvoir crédible et qui se soucie du bien être de la population. Autrement, la RDC qui a sombré dans l’autoritarisme risque de le vivre pendant longtemps encore.
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1. Le mercredi 4 mars 2009 à 10:58, par Maurice Mouta GLIGLI-AMORIN
Cet homme se contredit avec le titre de son livre.Il est au service d'un jeune despote Fraude Faure Gnassingbé arrivé au pouvoir sur plus de 800 cadaves togolais.Alors le Togo n'est il pas malade du clan des Gnassingbé?
Il ne suffit pas d'écrire pour écrire
2. Le mercredi 4 mars 2009 à 12:01, par sichendje vindicien
Les peuples Africains doivent eux-mêmes prendre l,initiative de se débarradder d'attitude enfantin ,d'attendre jours qui d'un père ou d'un tuteur quelconque , le cahier de charge pour la marche des affaires du continent. non et non !!! c'est a nous de faire des propositions et les appliquées avec détermination pour arriver a faire entendre notre voix et imposer notre vu. nous seul Africain detenons la vraie clef a la solution de nos problèmes et ceci avec des gens biens sélectionnés .
vindicien
3. Le mercredi 4 mars 2009 à 12:46, par Virginie
La politique du ventre, c'est bien? Alors il faut le faire partir de leurs responsabilités!
4. Le mercredi 4 mars 2009 à 13:43, par Maurice Mouta Wakilou GLIGLI-AMORIN, Bruxelles
L'auteur du livre dont vous venez nous présenter la recenssion est un imposteur.
Lui qui sert un régime aux mains ensaglantés a t il droit à la parole?
Le Togo, mon cher pays est malade de ses dirigeants en premier lieu.
Le jeune despote Fraude Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en marchant sur le cadavre de plus de 800 cadavres togolais.
Alors avant d'aller plus loin, le Togo n'est il pas malade du régime que sert M
Dussey?
Il ne suffit pas d'écrire pour écrire.Il faut être conséquent avec soi même et
vivre ce que l'on écrit ; ne pas tromper la vigilance des honnêtes citoyens.
Pour guerir le Togo malade de ses dirigeants, nous prescrivons une ordonnance
médicale sur lequel il est écrit : le départ immédiat de Fraude Faure Gnassingbé de la tête du Togo.
5. Le mercredi 4 mars 2009 à 15:59, par Marie-Jacqueline
En ecrivant tout cela que voulez-vous exactement faire croire aux populations africaines? Vous avez cite la RDC c'est bon, est-ce qu'il y a la paix au Togo? L'absence de guerre n'est pas synonyme de paix. Laisser plutôt la place aux véritables nationalistes et a ceux qui peuvent diriger dans la vérite et dans la crainte de Dieu.
La vie humaine est sacrée, mais vos pouvoirs ne se reposent que sur le sang humain.Vous le payerez un jour!
6. Le mercredi 4 mars 2009 à 19:43, par Musengeshi Katata
Ce livre, dans sa conclusion, est excellent; mais j´irai plus loin que l´auteur en disant que ce dont l´Afrique souffre réellement, c´est d´une vacance chronique d´une élite responsable avertie et orientée résolument sur la réalisation et le bien-être des siens. Et ni dans ses universités, ni dans la pensée expresse de sa logique sociale, cette Afrique attardée n´a pris la peine d´instruire et de former cette élite. Ou celle qui en sort aujourd´hui n´est ni à la hauteur de ses obligations et de ses véritables devoirs. Les résultats, on les voit dans toute l´Afrique: elle pilule de prétencieux incapables et d´amateurs cruellement gaffeurs que l´occident mène par le bout du nez. Quant à organiser et structurer efficacement leurs sociétés, c´est le débâcle et la pure catastrophe. Et curieusement, tous se disent être des génies et s´accrochent au pouvoir avec une rage toute insolente et primitive.
Maintenant, je me joins à l´avis de presque tous les commentateurs qui estiment que l´auteur n´est ni crédible, ni fiable parce qu´il conseille lui-même un pouvoir togolais arriviste qui ne brille ni par sa douteuse légitimité, ni par ses résultats économiques, scientifiques et politiques réels. Alors, de quoi parle-t-il ? Serait-il, lui aussi, tout aussi faux que la culture occidentale qui nous vendait l´aide et l´assistance tout en nous pillant cruellement et en nous empêchant sciemment d´aller de l´avant afin que nous restions indéfiniment sous sa coupe ? Ou était-il de cette culture brouillonne et hybride issue de l´érosion de valeurs cautionnée par l´occident pour tromper son monde en prédisant l´eau pure tout en buvant soi-même du bon vin issu de nos efforts et de nos matières premières ? Qui le sait. En tout cas, ceux qui ont assisté au pillage des leurs, qui se sont laissés corrompre et omis de défendre et de protéger les leurs quand ces derniers en avaient cruellement besoin; ceux-ci ont difficile à prétendre de leur sainteté ou de leur bonne foi plus tard en écrivant de grand pamphlets aussi érudits soient-ils ! Les africains deviennent de plus en plus critiques et ne se laissent plus mener en bateau comme jadis. Qu´on se le dise.
Ceci dit, le livre pourrait avoir quelqu´intérêt dans la mesure où il met en évidence l´existence du mal et le décrit objectivement. Ce qui, à mon sens, n´a rien à voir avec la félonie ou la fausseté personnelle du conseillé politique qu´est l´auteur lui-même. Peut-être que lui aussi n´est qu´un sous produit de cette Afrique malade qui crie son mal et ses douleurs, mais qui n´arrive pas à s´en défaire parce qu´il lui manque des gens réellement doués pour la soigner efficacement en l´orientant vers un destin plus productif et responsable. Parce que, soyons clairs: ce n´est pas en faisant un quelconque diagnostic sur l´état ou les élites africaines qu´on guérit un mal ou qu´on change les choses. Il faut donner une médication efficace et effective guérissant le malade de ses maux en lui ouvrant un meilleur avenir. Quand on ne sait pas le faire tout en étant au pouvoir, on n´est rien d´autre qu´un charlatan ou un marchand de belles paroles. A ce petit jeu tout le monde peut jouer infiniment sans que les choses ne changent réellement. Est-ce cela à quoi nous aspirons actuellement ? J´en doute. Le temps du blabla est hélas périmé ! Il suffit de voir nos femmes et nos beaux enfants souffrir et mourir faute de prospérité économique et d´instruction efficace pour le comprendre...cruellement.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance
7. Le jeudi 5 mars 2009 à 17:53, par Tayo Bawa
Voilà un bon exemple d'un intellectuel et acteur lui-même de l'action politique. C'est vrai qu'il est conseiller d'un président " irresponsable ou inconscient, mais le fait d'avoir le courage de dénoncer un tel système ou alors un système semblable, c'est un acte de bravoure.
Cela lui accorde un crédit. Combien d'intellectuels le feraient à sa place?
Je suis de l'avis de ceux qui pourfende Faure Gnassingbé mais à entendre les déclarations de Robert Dussey, je me dis que l'Afrique a aussi des braves fils qui osent dire tout haut ce que d'autres ne le font pas. Le débat est ouvert à tous.