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28 juin 2010

Migrations de travail et insécurités humaines

Migrations de travail et insécurités humaines Afrique occidentale – Europe

Ce livre est publié sous la direction du Camerounais Bernard Founou Tchuigoua, docteur d’Etat ès sciences économiques et du sénégalais Alfred Inis Ndiaye, docteur en sociologie. Il traite d’un des sujets les plus importants du présent et de l’avenir de l’humanité puisqu’il s’agit des relations entre les migrations internationales de travail et la sécurité humaine.

Les analyses sont organisées autour de trois questions principales. Qu’est-ce que la sécurité humaine et en quoi devient-elle un domaine nouveau de recherche ? Comment la politique de l’Union européenne intègre-t-elle ce concept dans sa politique d’immigration et de ses relations avec l’Afrique subsaharienne ? Les classes dirigeantes africaines fondent-elles la légitimité de leurs politiques de migrations internationales et internationales sur des stratégies d’élimination des causes de pressions migratoires ? Dans leurs réponses, les auteurs ont adopté un cadre théorique et mené des recherches empiriques qui font de ce livre une contribution remarquable au débat scientifique et politique sur la crise des migrations internationales de la force de travail.

Samir Amin précise les origines de la pression migratoire du Sud contemporain. La constitution du système du capitalisme mondialisé réellement existant - ce qu’on peut appeler également le ‘capitalisme historique’ - couvre les cinq derniers siècles qu’amorce la conquête des Amériques. Elle a impliqué pour les ‘centres en formation’ dans ce système (c’est-à-dire l’Europe) des migrations massives d’Européens. Ces migrations massives d’Européens ont été le produit d’accompagnement nécessaire de la forme du capitalisme agraire adopté dans ce modèle de capitalisme historique.

L’urbanisation nouvelle a certes absorbé un volume considérable d’anciens paysans, qui ont constitué les nouvelles classes ouvrières.

Mais le capitalisme historique ainsi constitué interdit aux peuples des périphéries de bénéficier de ce même ‘avantage’ celui de pouvoir disposer de destinations ouvertes à l’émigration massive du surplus de leurs populations rurales, ce surplus créé par l’adoption imposée du même modèle de transformations des agricultures paysannes en agricultures capitalistes.

Les banlieues urbaines, espaces de fantasmes sur l’importance de l’émigration

Si les ‘libéraux’ étaient logiques avec eux-mêmes, ils exigeraient que la ‘mondialisation’ qu’ils appellent de leurs vœux soit intégralement dans ses champs d’application, c’est-à-dire que les frontières soient abolies dans toutes leurs dimensions, au commerce (des biens et services), aux mouvements de capitaux et aux migrations d’êtres humains ! Mais les ‘libéraux’ ne le sont qu’à moitié, pour ce qui les arrange seulement.

Le seul discours que les pouvoirs du Nord tiennent sur la question des migrations est un discours sécurisant, comme l’illustre la politique de l’Union européenne et sa tentative d’imposer aux gouvernements du Sud (en particulier aux pays africains et arabes) leur ‘collaboration’ !

Les travaux d’anthropologues marxistes ou braudéliens ont mis en évidence comment les migrations permettent aux travaux accomplis en dehors du contrôle direct du capitaliste de contribuer à la valorisation en diminuant les coûts de la reproduction du travail. Dans ce cadre d’analyse, l’armée de réserve reste immense et le capitalisme central n’est pas près de s’en passer.

Concernant l’Afrique de l’Ouest, Samir Amin a proposé de faire une distinction conceptuelle entre les migrations de l’époque capitaliste industrielle qui datent de la colonisation et celles de l’époque antérieure. Pendant ces dernières, les migrations des peuples étaient provoquées par des phénomènes à changements lents tels les climats ou l’épuisement des sols ; les migrations de travail caractérisaient des groupes d’éleveurs contraints à la transhumance. Tandis que les conflits générés par les migrations saisonnières entre éleveurs et paysans sédentaires relevaient du foncier et pouvaient être gérés par des moyens pacifiques, les migrations des peuples donnaient parfois lieu à des conflits armés aux issues incertaines. Quand les peuples cessèrent avec la colonisation, les migrations devinrent une composante essentielle de l’économie de traite à cause de la mise en valeur coloniale de celles de réserves de main-d’œuvre. Dans la mesure où les politiques économiques postcoloniales n’ont pas remis en cause les dynamiques déclenchées à cette époque, la crise structurelle de cette économie entraîne l’exode rural généralisé vers les banlieues urbaines surpeuplées qui se paupérisent et deviennent des espaces de fantasmes sur l’importance de l’émigration. Les rêves paraissent d’autant plus crédibles qu’une communauté d’émigrés existe déjà et que des réseaux de financement et de transport fonctionnent (Bernard Founou Tchigoua).

La définition de la Commission sur la Sécurité Humaine montre, à l’évidence, que le concept de ‘sécurité humaine’ a une histoire qui est celle des transformations sociales, politiques et économiques. Entre la fin de la deuxième guerre mondiale et le début du troisième millénaire, ce qui est ‘nouveau’, c’est l’approfondissement du processus de mondialisation et de globalisation des échanges, processus qui alimente les conflits armés et accélère les flux migratoires. Ces transformations posent donc de nouveaux défis aux sociétés, mais aussi, et surtout, aux personnes, s’agissant en particulier leur sécurité.

On le comprend, la sécurité humaine doit être appréhendée en relation avec toutes les situations de précarité humaine, les conflits et les migrations en particulier. La publication de cet ouvrage s’inscrit dans cette perspective. Cet ouvrage présente neuf contributions d’auteurs et trois transcriptions de récit de vie et d’entretien avec des migrants guinéens de Dakar.

Ce qui fait émigrer vers le Sénégal

La première partie comprend deux contributions directement centrées sur les questions d’ordre théorique et méthodologique. Dans un premier article, Kinhide, qui est l’une des rédacteurs du rapport de La Commission sur la Sécurité Humaine, aborde la problématique, les justifications, les objectifs et la méthodologie de la recherche. Sont aussi abordées toutes les questions liées aux concepts de base de la recherche : ‘sécurité humains’, ‘réseau mondial des villes’, ‘sécurité nationale’, ‘communauté sécuritaire’, ‘dilemme sécuritaire’ et ‘sécurité commune’.

Le second texte de Samir Amin s’intéresse à l’économie politique de l’Afrique dans le système mondial. L’auteur tente, par une brillante analyse critique prenant en compte la longue durée, de mettre en cause deux des idées très répandues dans l’opinion : l’Afrique est marginalisée d’une part, et, d’autre part, la pauvreté des populations africaines résulte de l’insuffisance de l’intégration de leur économie au système mondial. L’Afrique s’est intégrée dans le système global dès le 16e siècle, mais les résultats sont catastrophiques pour les Africains.

La deuxième partie réunit cinq contributions centrées sur l’analyse de la sécurité humaine vécue par les migrants au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Elle s’ouvre par un article d’Alfred Inis Ndiaye qui examine le concept de ‘sentiment de sécurité’. L’auteur montre que la communauté guinéenne à Dakar, pour faire face à l’insécurité, construit socialement un ‘sentiment de sécurité’ qui lui permet de bien vivre sa situation d’immigration dans une ville comme Dakar. Ce sentiment de sécurité facilite aussi son insertion sociale et économique.

Le second texte de cette partie traite de la question de la sécurité humaine des immigrés peuls guinéens, mais en partant de la représentation que les communautés sénégalaises ont de ces immigrés. Mamadou Aguibou Diallo montre que les communautés sénégalaises ont une attitude ambiguë : d’un côté, elle proclament fort que le Sénégal est une terre d’accueil, de l’autre, elles développent progressivement des comportements d’exclusion. Il sonne l’alerte en insistant sur la nécessité de la mise en place d’une politique nationale de la migration.

Le troisième texte adopte une approche historique et globale de la migration guinéenne à Dakar. Cheikh Guèye défend l’idée selon laquelle la sécurité de la communauté guinéenne est un élément de la sécurité globale des autres communautés vivant à Dakar. Mieux vaut analyser la question de la sécurité dans le contexte de la sous-région. Afrique de l’Ouest où, depuis des siècles, il existe des dynamiques culturelles et sociales reliant les peuples.

Bernard Founou revient sur les déterminants de la migration des Guinéens. Il montre que de nos jours, ce qui fait émigrer vers le Sénégal, ce n’est plus la pauvreté, mais l’aspiration à l’accumulation, le rêve de devenir un commerçant riche.

La deuxième partie se termine par un autre texte de Bernard F. Tchigoua qui nous livre une longue réflexion sur les migrations transfrontières en Afrique de l’Ouest et l’émigration de cette région vers l’Europe.

La troisième partie réunit deux textes qui ont en commun de traiter la politique européenne de contrôle de l’immigration.

Cet ouvrage s’achève par trois textes qui sont des récits de vie et de témoignages de migrants guinéens vivant à Dakar. Il mérite d’être lu et examiné très sérieusement. Car il aborde des questions qui ont été peu étudiées.

Amady Aly DIENG

source :www.temoust.org

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