Monde Chronique Le refrain de la contestation !

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Le refrain de la contestation !

" Elections exemplaires ! " C’est sur ce ton de triomphe et de satisfaction que la présidence comorienne a qualifié la double élection, présidentielle et de désignation des gouverneurs, tenue ce dimanche dans les trois îles de l’archipel : La Grande Comore, Anjouan et Mohéli. A l’issue du premier tour de la présidentielle qui a lieu le 7 novembre et dans la pure spécificité comorienne, trois candidats ont sorti la tête de l’eau pour le second tour. Il s’agit de l’homme du régime Ikililou Dhoinine et deux autres de l’opposition à savoir : Mohamed Said Fazul et Abdou Djabir. S’ils sont tous d’accord pour reconnaître que le scrutin de ce dimanche s’est bien déroulé dans la Grande Comore et à Mohéli, les deux candidats de l’opposition contestent d’avance les résultats d’Anjouan où il aurait des " fraudes massives " au profit du candidat du pouvoir. Qu’en est-il exactement ?

Eh bien, Mohamed Said Fazul et Abdou Djabir accusent le camp présidentiel d’avoir volé des bulletins, chassé leurs représentants des bureaux de vote et bourré les urnes. Sur ce dernier point, ils vont loin en insistant qu’ils ont vu des militaires venus remplir les urnes. Pour eux, la cause est entendue : Le scrutin d’Anjouan est nul et de nul effet. Situation gravissime si l’on se rappelle qu’Anjouan, l’île d’où viennent ces rumeurs de fraudes massives, n’est ni plus ni moins, que la terre natale du président sortant, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Naturellement, le pouvoir comorien n’a pas la même lecture des événements. A en croire Mohamed Ali Soilihi, candidat à la vice-présidence aux côtés d’Ikililou Dhoinine, " Le scrutin s’est déroulé dans un climat serein, un climat normal dans une bataille électorale. " Qui dit finalement la vérité ?

En dehors du rapport des observateurs internationaux que sont l’Union Africaine, l’Organisation internationale de la francophonie et la Ligue arabe, toujours attendu, on a eu hier la réaction du Quai d’Orsay, le ministère des Affaires étrangères français. La France parle de " nombreuses irrégularités " et d’ " interventions armées ". Des faits qui " semblent, par leur ampleur, de nature à remettre en cause la validité du vote dans un grand nombre de bureaux ". Autrement dit, Paris se joint à l’opposition comorienne pour dire qu’il n’y a eu qu’une parodie d’élection sur l’île d’Anjouan.

Mon intime conviction, c’est que quelque chose s’est passé d’anormal dans cette région, fief du président sortant. Dans quelles proportions et cela est-il de nature à rendre caduque le scrutin à Anjouan ? Une question subsidiaire : Est-ce possible que des hommes armés bourrent des urnes, empêchent des représentants du camp adverse d’accéder aux bureaux de vote et que cela ait pour conséquence, in fine, l’annulation du scrutin dans toute une île ? Sans nul doute, la réponse à ces trois questions permettra de faire toute la lumière sur la réalité des faits. Ce qui est surprenant dans cette histoire, c’est que le candidat du camp présidentiel est archi favori pour cette élection. Pourquoi frauder lorsqu’on est certain de gagner !? C’est là le mystère à déchiffrer. A toutes fins utiles, n’oublions pas qu’en vertu du système de présidence tournante instauré par la Constitution de 2001 entre les trois îles comoriennes, c’est pour la première fois que Mohéli prend la présidence de l’Union des Comores, indépendante depuis 1975. Autant dire qu’actuellement la " Petite île " retient son souffle... En attendant son président !

28-12-2010, Héribert-Label ADJOVI