Patrice Lumumba est né à Onalua (territoire de Katako-Kombe, district du Sankuru dans la province du Kasaï-Oriental. Il est de la tribu Tetela. Elève brillant, il fréquente une école des missionnaires catholiques avant de rejoindre une école protestante tenue par des Suédois. En véritable autodidacte, Patrice Lumumba dévore des manuels d’histoire.
Il s’intéresse particulièrement à la Révolution française, à l’histoire d’Haïti, à celle des États-Unis et de la Russie. Il est employé de bureau dans une société minière au Kivu jusqu’en 1945.
Il se rend à Kinshasa où il exerce comme journaliste. Il offre ses services à plus d’un journal. Il compte parmi les « évolués ». Il obtient sa carte d’ « immatriculation » en 1954. Une carte de mérite civil dont seuls, 200 Congolais autochtones étaient bénéficiaires.
Il est déjà militant d’un Congo uni au moment où les tendances séparatistes étaient perceptibles. En 1955, il crée l’« APIC » (Association du personnel indigène de la colonie). Il a le privilège de s’entretenir avec le roi Baudouin 1er lors de son voyage au Congo.
Déjà, Lumumba se fait le porte-parole des Congolais en évoquant avec le roi des Belges la situation du pays. En 1956, il est emprisonné pour un an, mais libéré avant d’avoir apuré toute la peine. Il travaille comme directeur de ventes d’une brasserie (Polar).
En 1958, il participe à l’Exposition universelle de Bruxelles. Il en profite pour nouer des relations avec des anticolonialistes. Le 5 octobre 1958, il crée le Mouvement national congolais (MNC), participe à la Conférence panafricaine d’Accra.
Au retour d’Accra, au cours d’un meeting de restitution, il parle clairement de la nécessité de l’indépendance du Congo. En octobre 1959, le MNC aux côtés d’autres partis politiques indépendantistes tiennent une réunion à Stanleyville (Kisangani).
Les autorités belges qui prennent peur tentent d’arrêter Lumumba à cette occasion. Elles provoquent ainsi une émeute. Le bilan est lourd, une trentaine de morts. Lumumba est arrêté. Il est jugé en janvier 1960.
Le 21 janvier, il est condamné à 6 mois de prison. Il s’ouvre au courant de ce mois de janvier 1960 la Table-ronde politique de Bruxelles. Les politiciens congolais exigent la participation de Lumumba à cette Table-ronde comme préalable.
Le 26 janvier 1960, Lumumba est libéré pour participer à la Table-ronde qui fixe la date de l’indépendance du Congo le 30 juin 1960. Le jour de la proclamation de l’indépendance, Lumumba prononce un discours qui, aux yeux de beaucoup d’observateurs, était sa condamnation à mort.
Un discours qui a dénoncé de façon virulente les méfaits de la politique coloniale. Car, son parti, le Mnc, en coalition avec le PSA/Gizenga, le Balubakat/Sendwe, le CEREA/Kashamura avaient gagné les élections.
Le 23 juin 1960, après plusieurs tergiversations, les autorités belges laissent Patrice Émery Lumumba former le premier gouvernement du Congo indépendant. Sa carrière de dirigeant du Congo se passera en un éclair. Quelques faits sont caractéristiques de cette gestion.
L’africanisation des cadres militaires. Cette décision intervient après la mutinerie des soldats congolais à la suite de la provocation du général belge Jansens. En réaction, Bruxelles envoie des troupes pour protéger ses ressortissants particulièrement au Katanga. En réalité, c’est pour protéger l’Union minière du Haut Katanga.
Les milieux impérialistes influencent Joseph Kasa-Vubu qui, le 4 septembre 1960, annonce la révocation de Lumumba ainsi que des ministres nationalistes dont le vice-premier ministre Antoine Gizenga.
Il nomme Joseph Iléo en dépit de l’avis défavorable du parlement. A son tour, ayant reçu pleins pouvoirs du parlement, Lumumba révoque Kasa-Vubu. Mobutu fait son premier coup d’Etat. Il neutralise Lumumba et met en place un Collège des commissaires généraux composé de jeunes à peine sortis de l’université, dont Etienne Tshisekedi.
Lumumba assigné en résidence surveillée, donne l’ordre à Gizenga de délocaliser le gouvernement et le parlement à Kisangani. Ce qui sera fait.
Le gouvernement Gizenga à Kisangani déplace même les ambassades des pays de l’Est. S’étant échappé de sa résidence surveillée, Lumumba était en route pour rejoindre Gizenga à Kisangani lorsqu’il est arrêté. Envoyé au Katanga, il y sera assassiné.
Laurent-Désiré Kabila, soldat du peupleMzée Laurent-Désiré Kabila est né à Moba (ex-Baudouinville) le 27 novembre 1939. Originaire de la province du Katanga, il est de la tribu luba du Katanga. Il a fait des études de philologie romane.
A l’âge de 19 ans, il est déjà impliqué dans la lutte politique aux côtés des nationalistes qui soutiennent Patrice Emery Lumumba. Pendant la sécession katangaise, il combat aux côtés de Janson Sendwe au sein de la jeunesse Balubakat. (Jeubakat).
A partir du mois d’août 1960 à janvier 1961, il participe à la lutte contre la sécession. Il est nommé colonel de la jeunesse par Janson Sendwe qui remarque ses talents comme leader et meneur d’hommes.
Il entre dans le gouvernement provincial du Nord-Katanga installé à Manono. De 1961 à 1962, il reprend les études à Belgrade en ex-Yougoslavie. A partir de février 1962, il est chef de cabinet à l’Information au sein du gouvernement du Nord-Katanga, puis chef de cabinet aux Travaux Publics (octobre 1962).
Fin novembre 1962, il est élu conseiller suppléant à l’Assemblée provinciale. C’est une année plus tard, en novembre 1963, qu’il se rend à Brazzaville où séjournent les leaders lumumbistes qui créent le Comité national de libération (CNL). C’est au cours de ce séjour à Brazzaville qu’il rencontre Yerodia Abdoulaye Ndombasi.
Il remet à ce dernier un texte intitulé « L’épée brisée » dans lequel il exprime sa préoccupation sur la mort de Patrice Emery Lumumba. Nommé secrétaire général aux Affaires sociales, à la Jeunesse et aux Sports, du CNL. En janvier 1964, il est envoyé à Bujumbura au Burundi avec Gaston Soumialot.
Ils ont pour mission de préparer le soulèvement des populations de la plaine de la Ruzizi et du Nord-Katanga contre le gouvernement usurpateur de Léopoldville (Kinshasa). Il rentre à Kalemie où en mai 1964, il participe à la première insurrection avec l’Armée Populaire de Libération (APL). Le 21 juillet, il est nommé vice-président chargé des Relations et du Commerce extérieur dans le gouvernement provisoire du CNL, section de l’Est (Kalemie).
A partir du mois d’août à novembre 1964, il séjourne à Nairobi, à Dar-es Salaam et à Paris. Il est nommé secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du CNL et ministre plénipotentiaire en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda.
Le 21 avril 1965, il est nommé deuxième vice-président du Conseil suprême de la révolution. En mai 1965, il se rend en Tanzanie pour diriger depuis Kigoma, la zone opérationnelle du Kivu et du Katanga. Face à un déploiement des armées occidentales qui soutiennent l’armée de Mobutu, la rébellion se replie.
Mzée LD Kabila se retire au Kenya avant de s’installer en Ouganda. Il aide Yoweri Museveni dans son maquis autour des années 1980. Le 24 décembre 1967, dans son exil à Nairobi, il fonde le Parti de la Révolution Populaire (PRP) dont la branche armée est nommée Forces Armées Populaires (FAP).
Il s’installe dans la région de Fizi où il entreprend une reprise en main idéologique. Il enseigne particulièrement les "sept erreurs" de la révolution Simba. C’est pour lui une façon d’évaluer le chemin parcouru par les mouvements rebelles congolais. Il s’agit de : 1) manque d’éducation politique ; 2) trop grande dépendance envers l’étranger ; 3) négligence du rôle des paysans ; 4) tribalisme ; 5) manque de discipline ; 6) manque de coopération entre les combattants et le peuple ; 7) absence d’un parti révolutionnaire.
Au plan militaire, il préconise la stratégie d’une longue guerre à la manière de la longue marche chinoise. Il s’agit d’une guerre populaire essentiellement ayant pour théâtre principal les milieux ruraux. Il a le soutien de Julius Nyerere qui ne cache pas son admiration pour le jeune leader nationaliste congolais.
Il se fait également signaler par l’enlèvement en 1975, en Tanzanie, de trois spécialistes américains. Autour de l’année 1977, il installe dans son maquis un mini-Etat socialiste avec ses champs collectifs, ses écoles et ses dispensaires.
Il jette les bases d’une économie de guerre afin de permettre au maquis de s’autofinancer. Il bat sa propre monnaie. Mzée LD Kabila se fait connaître par ce qu’on a appelé les guerres Moba I et Moba II à partir de novembre 1984.
Octobre 1996, il prend la tête de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL). Il lance la guerre contre la dictature du Maréchal Mobutu. Il chasse le dictateur après sept mois de marche de l’Est à l’ouest. Le 17 mai 1997, l’AFDL entre dans Kinshasa, capitale de la Rdc. Le 16 janvier 2001, il est assassiné.
Joachim Diana Gipupa/L’Avenir
Lumbumba – Kabila, même combat, même idéal et