Centrafrique : Chronique d'une élection falsifiée
Centrafrique : Chronique d'une élection falsifiée annoncée
23 janvier 2011 Juliette Abandokwe
Sur l'élection présidentielle du 23 janvier 2011
Selon Zedzouïna :
« 1. Les listes électorales qui ont été affiché ce matin à Mbaïki ne représente qu'environ 30% des électeurs de la ville avec une majorité de personnes identifiée comme sympathisant KNK. Tous les responsables des bureaux de vote sont militants du parti Orange dont 60% viennent de Bangui. Cette situation a engendré des troubles ce matin à Mbaïki et la situation reste tendue dans la ville.
2. Le ministre résident de la Lobaye, le colonel Parfait Mbaye été appréhendé ce matin à Mbaïki avec une cargaison d'urnes préalablement bourrée en faveur de Yangouvonda.
3. A Berberati, l'autre colonel du gouvernement a fait descendre sur la ville des centaines de militaires en civil pour aller non seulement voter pour lui, mais procéder à l'échange des urnes bourrées qui sont stockées depuis 4 jours à quelques encablures de Bertberati dans le village où a grandi l'ancien mécanicien/menuisier devenu le vice-président de la république parce que neveu de…
4. Autre information importante, il est prévu un bataillon spécial pour créer des incidents à Bouar, Berberati, Carnot, Nola, Bozoum, Paoua, Bambari, Bria, Mobaye, Bangassou, Ouango-Bangassou, dans les 2ème,3ème,4ème,5ème,6ème et 7ème arrondissements de Bangui afin tous ces centres favorables au RDC et au MLPC et permettre à Yangouvonda son passage en force.
5. A nola, un seul bureau de vote était affiché à la mi-journée.
6. A Bambari, la répartition des bureaux de vote est inéquitable certains inscrits doivent faire 5 km pour accomplir leur devoir citoyen.
7. A Bria, pour leur faire payer l'interdiction qui a été de rentrer dans la ville, Bozizé a donné l'ordre que les listes ne soient pas affichées demain matin.
8. A Alindao, une partie de la population a déchiré la liste affichée car elle est mécontente à cause des omissions.
9. De Kongbo à Bambouti en passant par Kembe, Bangassou, Ouango et tout le littoral Oubanguien, aucune liste n'était affichée jusqu'à midi.
10. De Rafaï à Bambouti, le matériel electoral n'est que partiellement accessible.
11. Les cartes d'électeur sont toujours introuvables.
12. Les tribunaux qui devraient ouvrir aujourd'hui pour fournir les dérogations devant permettre aux omis et aux non d'aller voter sont demeurés portes closes.
Les heures à venir sont inquiétantes. Chers compatriotes et amis de la RCA, faites circuler le message car selon les rumeurs, d'ici à demain, le pays sera en blackout total : plus de net, plus de téléphone pour permettre à Yangouvonda le rejeté de réaliser son forfait : La patrie ou la mort nous vaincrons. Game is over for Bozizé. »
* * *
Après cette véritable mascarade de village, la vraie question est maintenant de savoir comment la France, la communauté internationale, les institutions africaines fantôme, l’UA, la CEMAC, et l’ONU dont les agences sont présentes pêle-mêle à Bangui, vont justifier leur position. Leur poids de mastodonte d’ailleurs semble d’ailleurs les dispenser de quelque justification que ce soit. En bon français, cela s’appelle très simplement « impunité ».
Que vont maintenant dire les Goodluck Jonathan, Odinga, Compaoré, Wade, Ping et consort.
Quelle est surtout la justification de vouloir déloger Gbagbo en lui déclarant la guerre, semant ainsi la mort et la détresse parmi les populations ivoiriennes et africaines en Côte d’Ivoire, et de laisser continuer le Général Bozizé sévir contre un peuple centrafricain complètement sinistré et martyr. Un Général-Président qui règne par la terreur pure et simple pour mieux manger avec son clan tout ce qu’il peut, jusqu’à l’indigestion intellectuelle, qui invective, insulte et menace les Centrafricains publiquement dans l’impunité la plus complète. Un Général-ancien rebelle, arrivé au pouvoir en 2003, détruisant tout sur son passage, à la tête d’une armée qui massacrait, pillait et violait absolument tout sur son passage. Goungaye Wanfiyo et Charles Massi sont les victimes récentes les plus illustres d’une brutalité sans aucune distinction, et qui se moque royalement des demandes de justification quelles qu’elles soient.
Bokassa, qui avait commencé à dénoncer les agissements de la France en termes de trafic institutionnalisé de diamant notamment, avait été très gravement diabolisé pour moins que ça. Bozizé ne mange pas ses enfants, mais il tue les centrafricains leur déniant le droit d’une vie décente même minimale, les terrorise, les emprisonne n’importe pour n’importe quelle raison bidon, il tue surtout l’espoir d’une jeunesse, et étouffe dans l’oeuf les illusions de tout un peuple. Comme le disait si bien Omar Bongo « Celui qui organise des élections en Afrique, serait bien bête de les perdre. » Et Bozizé, bien loin de vouloir paraitre bête aux yeux devant la mémoire de son « parrain », entend très clairement continuer de régner en maître absolu sur le bunker de Bangui, et sur son butin de guerre. La bénédiction de la France, de la communauté internationale, des institutions africaines bidon, des Deby, Biya, Bongo, N’Guesso et consort, est échangée contre des morceaux du butin composé de mines de cuivre, zinc, manganèse, phosphates, or, diamant, bauxite, nickel, fer et uranium. Les intérêts commerciaux sont si énormes, que l’on ne peut que constater la position de victime totale du peuple centrafricain, assis les pieds nus et sans lumière sur toutes ces richesses.
Le Centrafrique est un pays complètement méconnu de l’opinion publique mondiale. Le poids des intérêts commerciaux ne peut qu’écraser à plate couture la moindre contestation, la moindre critique envers le pouvoir, la moindre certitude d’un monde meilleur.
En bref, la communauté internationale, celle-là même qui veut faire la guerre en Côte d’Ivoire, pour qui une population nègre n’est rien à côté de ses intérêts commerciaux, et qui vend son matériel de guerre partout sur le continent africain, est complice d’un Général de pacotille sans aucun scrupule. Cette communauté internationale, autoproclamée « donneuse de leçons » et gendarme de l’Afrique, encadrée par une Organisation des Nations Unies dont le chef demande gentiment ce soir du 23 janvier 2011 que les résultats des élections soient acceptés par TOUTES les parties, est en train de commettre un crime contre l’humanité qui n’a pas de nom, un de plus en Afrique.
L’acceptation de ces résultats et leur validation annoncée, par les différents requins en présence dans le cirque de Bangui, est purement et simplement un crime contre l’humanité, et plus particulièrement contre le peuple Centrafricain.