Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cercle N'KRUMAH KWAME (CINK)
Publicité
Cercle N'KRUMAH KWAME (CINK)
Derniers commentaires
Newsletter
Cercle N'KRUMAH KWAME (CINK)
  • MOUVEMENT CREE AU TOGO PAR TAVIO AMORIN POUR DIFFUSER LA PENSEE DU Dr KWAME N'KRUMAH. " Peuples noirs, Peuples africains, soyons unis ! Peuples noirs, Peuples africains, soyons unis !" Kalamba N'sapo
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
11 mars 2011

AFRIQUE Libre Opinion mercredi 9 mars 2011 par

Libre Opinion
mercredi 9 mars 2011  par Par Dr & Habil, Prosper Nobirabo Musafiri - Libre Opinion 

 

 

Et si l´Occident était complice de la dictature et de mauvaise gouvernance en Afrique ?
   

(Libre Opinion) — Hosni Moubarak – l’homme qui a dirigé l´Égypte d’une main de fer pendant plus de 31 ans et qui enfilait les mandats à sa guise – vit un exil intérieur que personne ne pouvait imaginer il y a deux mois. L’ex-homme fort de pays des pharaons ressemble aujourd’hui à un animal dans une cage au zoo. Celui qui commandait hier au doigt et à l’œil des officiers supérieurs de l’armée et de la police, des responsables des services de sécurité, des ministres, des députés et sénateurs – et qui passait pour la soupape de sécurité du Moyen-Orient – n´est plus que l’ombre de lui-même. Motif : après un long règne sans partage, le moment est venu, pour Moubarak, de rendre compte de sa gestion à son peuple. Et pourtant, une gestion responsable de la « Res Publica » – dans un environnement de liberté de parole et d’association, de respect des droits fondamentaux de ses concitoyens, de compétition électorale saine et transparente – aurait certainement épargné Moubarak de cette grande humiliation. Si l’ex-Raïs égyptien n’avait pas commis l’erreur de vouloir se faire remplacer par l’un de ses fils à la fin de son mandat et surtout, s’il avait accepté de se retirer du pouvoir dès l’éclatement des premières manifestations d’hostilité à son régime, il aurait certainement rendu le tablier avec tous les honneurs. Malheureusement pour lui et heureusement pour le peuple égyptien, Moubarak, présenté comme pesant entre 40 et 70 milliards de dollars, a désormais ses comptes bancaires gelés, dans son pays comme à l’étranger. Question : à quoi lui aura alors servi d’avoir pillé, pendant plusieurs décennies, le patrimoine communautaire, affamé son peuple, hypothéqué l’avenir des jeunes pour garder le « butin » du pillage dans des comptes bancaires privés en Occident ? Pourquoi l´Occident, qui a perfectionné son système d´échanges des informations fiscales, judiciaires et bancaires, accepte-t-il de jouer le jeu du pillage des dictateurs africains ?
Qu´ils sont vraiment drôles ces occidentaux et idiots ces dictateurs d´Afrique, toujours sourds aux conseils et imbus de leur superpuissance ! Hier, c’était la descente aux enfers pour Bokassa, Idi Amin Dada, Mobutu Sese Seko, Mamadou Tanja, Ben Ali, etc. Aujourd’hui, c’est la grande tourmente pour Hosni Moubarak. Demain, à qui le prochain tour ? Kadhafi ? Kabila ? Kagamé ? Biya ? Sasou Nguesso ? Yoweri Museveni ? Les paris restent ouverts.
1. Occident : Complice dans la dictature et la mauvaise gouvernance en Afrique ?
Certainement, suite aux révélations sur les milliards de dollars volés par Ben Ali et Hosni, la « justice » en Occident va réagir dès lors que la question de restitution lui sera posée. C’est une politique d´hypocrisie de l´Occident face à la misère du continent africain, car telles sommes pharaoniques volées auraient permis de construire des hôpitaux afin d´épargner de millions de décès des nouveaux nés en Tunisie et en Égypte faute d´un cachet d´aspirine dans les établissements sanitaires. Cependant, il serait inexact de ne pas reconnaître « l´amélioration » du système financier international face aux phénomènes de blanchiment d´argent, d’évasion fiscale et de recel des deniers publics détournés. Mais quel que soit l´effort fourni par le système financier international, il s’ensuit qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour que l´Afrique soit extirpée de la griffe de ses dictateurs.
En effet, c´est une évidence que les échanges des informations fiscales, judiciaires et bancaires se font généralement entre pays riches et développés. Leur manque de coopération « large », en la matière, avec les pays africains constitue une violation de l’article 51 al.1 de la Convention des Nations Unies contre la Corruption qui stipule : « la restitution d’avoirs en application du présent chapitre est un principe fondamental de la présente convention et les États parties s’accordent mutuellement la coopération et l’assistance la plus étendue à cet égard » (CNUCC-2005). Ce principe exprimé dans le Chapitre V : « la restitution d’avoirs », se traduit par une focalisation sur le préjudice en essayant de le réparer ou de restaurer l’équilibre rompu entre les différentes parties. La convention précitée regroupe le nombre le plus important des Etats-parties (147) et affirme clairement le principe de justice réparatrice. Ce dernier (principe de justice réparatrice) sera réaffirmé dans l’Initiative pour la restitution des avoirs volés. Quelle honte internationale de savoir que les droits fondamentaux bafoués, les avoirs volés aux « pauvres » africains et les diamants de sang alimentent le marché financier en faveur des pays Occidentaux ?
2. Triste réalité pour l´Afrique !
La mondialisation, déjà échaudée par les rouages de blanchiment d´argent et par la prédominance des accords bilatéraux sur les accords multilatéraux, n’est pas propice à la justice réparatrice en faveur de l´Afrique ; car, les États africains sont encore instables, vulnérables et dénués de toute expertise en la matière et ne sont pas souvent à la hauteur des tracasseries judiciaires parfois savamment orchestrées par l´Occident pour faire échouer ou décourager les gouvernements africains qui initient cette démarche de restitution (affaire RDC contre Suisse, par exemple). Mais l’abandon de la procédure de restitution peut aussi être lié à une grande politisation de la question dans le pays d’origine où les autorités locales privilégient la paix contre la justice interne. Cette triste réalité représente une grande peine pour les victimes africaines car elle participe davantage à la dégradation des leurs conditions de vie. Ces dernières ont déjà souffert de l’impact des avoirs détournés sur leurs droits socio-économiques voire politiques. Voilà que certaines conséquences restent irrémédiables comme les millions de décès, les dégradations environnementales, les traumatismes sociopolitiques, etc. Dommage que l´on ne peut pas compter sur un système financier international à double vitesse et très opaque, imbu de règles inéquitables qui étranglent les pays africains.
3. Hypothétique restitution d´argent volé !
Il a fallu, notamment au Nigéria, 5 ans pour rapatrier 505 millions de dollars US sur les 3 à 5 milliards attribués à Sani Abacha (1993-1998) et ses proches en Occident. La dernière plainte de l’ex-Zaïre a été rejetée le 21 avril 2009 par les autorités helvétiques pour prescription des faits. Sur les 20 à 40 milliards de dollars d’aide détournés annuellement dans les pays bénéficiaires (d’aide), seuls 5 milliards ont été restitués ces dernières années. Et environ 150 milliards de dollars US continuent à partir sans retour de l’Afrique chaque année (CNUCED). Pourtant la Suisse se targue d’être la seule place financière à avoir restitué, en quinze ans 1,3 milliards d’euros à toutes les victimes.
Face aux rapports de puissance sans cesse croissants dans le système financier international encore éthiquement asséché, cette nouvelle « justice » internationale n’est pas à la portée des plus faibles. Au-delà de toute chose une prévention plus grande, au travers d’une application rigoureuse des différentes conventions en matière de corruption internationale et blanchiment d´argent, leur rendra un véritable service. Le système financier international actuel doit promouvoir plus de transparence et d’application de lois anti-blanchiment. Les pays hôtes comme ceux d’origine des firmes multinationales doivent légiférer sur le droit de « savoir » des citoyens (droit à l’information) sur les termes de contrats passés avec les gouvernements étrangers notamment africains et la nécessité à publier ce qu’elles leur paient. Dans la foulée de transformation sociale dans les pays africains il est extrêmement urgent de généraliser la pratique des lois sur les conflits d’intérêts, la déclaration des biens pour certaines personnalités politico-économiques avant et après toute prise de fonction. Sinon on va échouer !
Par Dr. & Habil., Prosper Nobirabo Musafiri
Lecturer and senior researcher at University

Lire aussi du même auteur :
- Afrique : Et si la rue n´a pas encore dit son dernier mot !
- Côte d’Ivoire : On a échoué !
- Afrique de démocratie sans démocrates

 
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité