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21 janvier 2009

NOTE DE LECTURE Karl Marx ou l’esprit du monde

NOTE DE LECTURE Karl Marx ou l’esprit du monde

par Amady Aly Dieng , vendredi 24 octobre 2008 |

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  • Fayard 2005
  • 598 pages

Alors que le mur de Berlin est tombé et qu’ont disparu presque toutes les dictatures se recommandant de Karl Marx, la lumière doit être faite sur l’extraordinaire trajectoire de ce proscrit, fondateur de la seule religion neuve de ces derniers siècles. Aucun auteur n’eut plus de lecteurs, aucun révolutionnaire n’a rassemblé plus d’espoir, aucun idéologue n’a suscité plus d’exégèses, et, mis à part quelques fondateurs de religions, aucun homme n’a exercé sur le monde une influence comparable à celle que Karl Marx a eue au XXe siècle. Ce livre permet de comprendre qu’aujourd’hui, au moment où s’accélère la mondialisation – qu’il avait prévue - , Karl redevient d’une extrême actualité.

Attali le dit sans emphase ni nostalgie. Il n’a jamais été ni n’est « marxiste » en aucun sens du mot. L’œuvre de Marx ne l’a pas accompagné dans sa jeunesse ; si incroyable que cela puisse paraître. Il n’a jamais guère entendu prononcer son nom pendant ses études de sciences, de droit, d’économie ou d’histoire. Son premier contact sérieux avec lui est passé par la lecture tardive de ses livres et par une correspondance avec l’auteur de Pour Marx. Depuis, le personnage et l’œuvre ne l’ont jamais quitté. Marx l’a fasciné par la précision de sa pensée, la force de sa dialectique, la puissance de son raisonnement, la clarté de ses analyses, la férocité de ses critiques, l’humour de ses traits, la clarté de ses concepts.

La capitale du royaume de la Prusse compte alors 190 000 habitants. Son université, créée en 1810 en réaction à l’occupation française, est placée sous haute surveillance, en particulier pour ce qui concerne les disciplines du droit et de la philosophie. La philosophie hégélienne selon laquelle « tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel » (Principes de la philosophie du droit, Gallimard, 1963). Mais, alors que les conservateurs mettent exclusivement l’accent sur la première partie de la proposition, les jeunes progressistes insistent sur la seconde. En outre, à Berlin la presse est muselée, les associations étudiantes, bâillonnées.

C’est au cours de ses études à Berlin qu’on a commencé à appeler Karl Marx couramment « le Maure », sobriquet qui restera son surnom préféré. Il lui vient certes de son teint mat, mais recèle aussi une référence voilée à sa judéité. Karl Marx pense comme Bauer et les « jeunes hégéliens » qu’une nouvelle interprétation du monde est nécessaire et suffisante pour le transformer. Il s’absorbe encore dans les livres de droit pour préparer ses examens sur la propriété, un traité de droit criminel de Grolmann Cramer, les Pandectes, recueil du code justinien, etc. Il traduit en partie la Rhétorique d’Aristote, le De augmentis scientiarum de Francis Bacon Il sent la nécessité d’acquérir la maîtrise d’une science nouvelle : l’économie politique. Il commence à découvrir Adam Smith, Adam Fergusson, David Ricardo, François Quesnay, Boisguillebert…

Il commence à découvrir les textes de Feuerbach, ce jeune professeur de philosophie chassé de l’université pour avoir fait scandale pour son athéisme et sa critique de Hegel. Il cherche sa voie entre Hegel et Feuerbach. Le philosophe est devenu un révolutionnaire européen (octobre 1843-août 1849). Le rêve d’une démocratie européenne est magnifiquement raconté, le 21 août, par Victor Hugo, député de Paris à l’Assemblée nationale, dans son discours d’ouverture, à Paris, d’un Congrès international de la paix.

Marx hésite : où aller ? En Suisse ? En Amérique ? Se remémorant son voyage de 1845, il décide : ce sera Londres. Le 27 août, il quitte la France et s’embarque pour l’Angleterre, pays, dont il parle mal la langue et où personne ne l’attend. Quand Marx arrive, Londres abrite 2, 4 millions d’habitants. C’est à la fois la ville la plus luxueuse du monde et un enfer pour les pauvres dont les conditions de logement et d’hygiène restent épouvantables. Là, Karl Marx, l’Européen, est devenu un économiste anglais.

Durant la période allant d’avril 1856 à décembre 1864, Marx devient le maître de l’Internationale. Il va faire de cette institution un organe politique mondial majeur, élaborant, à partir des situations locales, « une tactique unique pour la lutte prolétarienne de la classe ouvrière dans les divers pays ».

Après quatre ans d’interruption, comme si l’énergie politique venait nourrir son énergie intellectuelle, Marx se remet à la rédaction de son grand livre qu’il décide d’intituler Le Capital.

Marx sait qu’aucun théoricien avant lui n’a pu expliquer comment le capitalisme dans son ensemble dégage du profit ; sa théorie est donc par elle-même une « critique de l’économe politique » : tel sera le sous-titre du Capital.

Marx procède à une description splendide de l’universalisation du capitalisme. A ses yeux, le capitalisme constitue jusqu’à aujourd’hui le meilleur des systèmes et représente un formidable progrès par rapport aux formes antérieures d’exploitation. Il a donc un « droit historique à la vie » ; il est même « respectable » en ce qu’il développe la production, crée un marché mondial, stimule le zèle au travail et sort les individus de la médiocrité.

Le Capital est un livre si difficile d’accès que, cinquante ans plus tard, quand un député socialiste prussien, Julian Borchardt, en donnera une version abrégée et vulgarisée très largement traduite, il écrira en préface : « Il n’était pas possible de maintenir un nombre assez considérable de passages tels qu’ils ont été rédigés par Marx. Sinon, ils seraient demeurés incompréhensibles, et il a fallu pour ainsi dire les « traduire » en allemand. » Le 14 septembre 1867, Le Capital paraît à mille exemplaires à Hambourg.

De décembre 1871 à mars 1883, Marx livre les dernières batailles.

K. Marx, victime de la tuberculose, s’éteint le 14 mars 1883 dans son fauteuil. Il est enterré à côté de sa femme, au cimetière de Highgate. Marx est d’abord et avant tout un révolutionnaire. Sa mission dans la vie était de contribuer, d’une façon ou d’une autre, à abattre la société capitaliste et les institutions d’Etat qu’elle a créées pour libérer le prolétariat moderne dont il est le premier à définir les conditions de l’émancipation. Combattre était son élément. Et il combattait avec une très grande passion et une très grande ténacité. Marx était l’homme le plus haï et le plus calomnié de son temps. Les gouvernements absolutistes ou républicains l’ont déporté. Bourgeois, conservateurs ou démocrates se sont unis contre lui. De tout cela il ne s’est pas occupé, sauf en cas d’extrême nécessité.

Attali recommande de relire Karl Marx ; on y puisera des raisons de ne pas réitérer les erreurs du siècle passé, de ne pas céder aux fausses certitudes ; d’admettre que tout pouvoir doit être réversible, que toute théorie est faite pour être contredite, que toute vérité est vouée à être dépassée. Marx n’est pas mort. Il est notre contemporain. Il est encore d’actualité. Il est l’un des meilleurs analystes du capitalisme. Les Africains ont intérêt à lire attentivement et avec esprit critique ses œuvres majeures.

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