RWANDA: L’enseignement supérieur, la corruption

RWANDA: L’enseignement supérieur, la corruption ruine la qualité

La Nouvelle Relève N° 758 du 28 Décembre 2009 au 3 Janvier 2010

Le clientélisme, le favoritisme, le désordre et tant d’autres maux du genre de la corruption ruinent de plus en plus les institutions d’enseignement supérieur au Rwanda non pas seulement dans les institutions publiques mais aussi dans les institutions privées.

Interrogés sur les mesures à prendre pour décourager cette bombe à retardement qui est en train de se positionner dans des milieux intellectuels, normalement susceptibles de servir de modelés dans la société, Professeur Geoffrey Rugege, Directeur exécutif du Conseil National de l’enseignement supérieur a qualifié de « criminal offence (offense criminelle)» ces attitudes qui n’aboutiront qu’à la perte de la compétitivité de la main d’œuvre rwandaise sur le marché du travail. 

Les institutions comme l’Ecole des finances et des banques (SFB) et le Collègue universitaire de tourisme au Rwanda (RTUC) sont les plus citées dans ces jours de fin de l’année académique pour avoir institutionnalisé le favoritisme, la tricherie, l’achat des points aussi bien au moyen de l’argent qu’à travers la prostitution.

Les étudiants de RTUC qui ont requis l’anonymat ont fait savoir que leur institution souffre d'un nombre élevé des professeurs étrangers qui s’imposent dans des réunions lorsqu’il s’agit de discuter et de prendre des mesures destinées à corriger le clientélisme et le favoritisme existant dans l’acquisition des points chez certains étudiants vis-à-vis de certains professeurs. De peur que ces professeurs étrangers puissent partir chez eux, continuent les étudiants de RTUC, la direction préfère se taire et ne pas réagir en leur défaveur, surtout en face de deux femmes que le étudiants citent pour être les tricheurs du collège et qui n’ont jamais subi aucune conséquence. 

Contacté à son téléphone portable, le Recteur de RTUC, Kabera a nuancé ces informations sur son institution. Il a d’abord indiqué que les mesures de correction tendant vers l’éradication définitive de la culture de tricherie et de népotisme ont été prises surtout qu’il existe déjà un règlement qui prévoit le renvoie ou la suspension de l’étudiant attrapé surtout en trichant ou même la révision du cours concerné. Le Recteur a, tout de même, reconnu, ensuite, qu’au cours du premier semestre de l’année académique qui s’achève, 15 étudiants ont été renvoyés pour avoir triché alors qu’au second trimestre, 2 autres ont été, eux-aussi, attrapés et renvoyés. Il a, enfin, regretté que les étudiants de son institution n’utilisent pas les voies normales et officielles existant au sein de l’institution pour dénoncer les cas de népotisme dont ils pensent être victimes car, affirme le Recteur, la direction veut atteindre le niveau le plus juste qui puisse exister pour l’obtention des points. 

Concernant le nombre élevé des étrangers qui donnent cours au sein de RTUC, le Recteur a précisé qu’ils sont au nombre de 14 par rapport au nombre de 64 travailleurs que compte l’institution.

Au niveau de l’Ecole des finances et des banques (SFB), les étudiants qui se sont entretenus avec La Nouvelle Relève et qui ont souhaité que leurs noms ne soient pas révélés ont indiqué que leur institution abrite des étudiants de deux sortes à savoir ceux qui ont de l’argent et qui sont a mesure d’acheter les points et ceux qui ne disposent pas de moyens et ainsi qui sont incapables d’acheter ces points. Ces étudiants, faute de moyens financiers, ils optent pour l’assiduité et la rigueur dans les études pour réussir au prix de leur sueur. Les étudiants dans la situation de pauvreté ont exprimé qu’ils souhaitent que SFB trouve un campus réservé uniquement aux étudiants qui ont des moyens pour acheter les points ainsi qu’à leurs professeurs corrompus. «Nous ne sommes pas à l’aise de vivre avec les gens qui ne réussissent que grâce à la corruption », ont-ils ajouté avant d’ajouter que récemment une femme a été attrapée en train de photocopier un examen avant qu’il soit administré aux étudiants et qu’heureusement elle a été renvoyée après manifestation de mécontentement de la part des étudiants.

Face à toutes  de ces allégations, la direction de SFB affirme décourager toute forme de corruption dans l’obtention des points. De sa part, le Directeur exécutif du Conseil national de l’enseignement supérieur affirme que le nomadisme qui caractérise les professeurs et le peu des salaires qu’ils reçoivent sont autant de raisons qui les rendent corrompus. Il a, toute fois, encouragé les directions des institutions d’enseignement supérieur à penser toujours que les formations qu’elles offrent ne visent qu’à doter leurs étudiants des compétences nécessaires pour construire le pays et que pour y arriver il faut la rigueur et l’objectivité dans leurs activités académiques.

Viateur Bizimana