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CAMEROUN – FEUILLES DE LA RESISTANCE
Les fondements de la résistance armée
A
cause de la flagrante incapacité du gouvernement de Paul Biya à
apporter le bien-être demandé par le Peuple, et surtout à cause de la
multitude de ses actions souvent terroristes pour empêcher toute
alternance au pouvoir, tout Camerounais et tout observateur attentif
sait qu’il ne reste plus au Peuple camerounais que la résistance ou
insurrection, plus ou moins violente, pour accomplir la volonté
populaire. Seulement, pendant que certains ne voient que le coût en
vies humaines d’une résistance violente et sombrent aussitôt dans le
désespoir, et que d’autres concluent que le pouvoir de Biya est tout
puissant et invincible, soutenu qu’il est par une France, et que toute
action de résistance est vouée d’avance à l’échec, bien d’autres comme
la Diaspora Patriotique Camerounaise ont dépassé ces deux premières
craintes pour apporter des réponses à la question fondamentale :
comment le Peuple doit-il organiser sa résistance afin d’atteindre une
victoire qui minimise le coût en vies humaines et assure la défaite des
forces de répression ?
Ndzana Seme
NEW YORK 01/30/2010 – Les feuilles de la résistance sont les
conclusions et/ou résolutions adoptées par la Diaspora Patriotique
Camerounaise au sujet des voies et moyens à utiliser afin de libérer le
souverain Peuple camerounais des carcans paupérisants du régime
néocolonial en place.
Les articles que nous publierons sous la série « Feuilles de la
Résistance » sont le résultat des années de débats et de recherches que
nous avons menées dans le but de mettre le Peuple camerounais à l’abri
de la terreur du régime dictatorial. Ceux-ci offrent au Peuple les
moyens d’exercice de sa souveraineté, que la dictature au pouvoir le
veuille ou non.
Le premier et plus élémentaire de tels pouvoirs de souveraineté
populaire est le pouvoir de résistance à l’oppression, qui doit être
effectif afin de rendre possible tout pourvoir populaire de changer les
gouvernants et les institutions, de s’autogouverner, et même de
légiférer. Sans de tels pouvoirs de souveraineté populaire, il n’y a
point de démocratie ; tout simplement parce que les mauvais
gouvernants, les dictateurs et les groupes dominants vont toujours
écraser le peuple, qui est la source de la démocratie.
Par peur individuelle viscérale ou alors comme démonstration
inconsciente de leur soumission à l’endormissement pendant 50 ans des
esprits par la terreur d’Etat, certains rejettent toute solution qui
doterait les populations camerounaises de la capacité de résister
violemment à l’oppression néocoloniale.
Le constat est pourtant sans appel. Toutes les fois que les
populations camerounaises ont voulu faire entendre, autrement qu’à
travers la voie dite facifiste des élections toujours fraudées, la
réponse du gouvernement néocolonial a toujours été le déploiement de la
terreur d’Etat.
Dans une société où le Peuple est regardé par les gouvernants comme
le plus grave danger pour leur maintien au pouvoir, l’assertion du
révolutionnaire français, Louis Antoine de Saint Just, selon laquelle « Un peuple n'a qu'un seul ennemi dangereux. Son gouvernement », est d’actualité au Cameroun.
A cause de la flagrante incapacité du gouvernement de Paul Biya à
apporter le bien-être demandé par le Peuple, et surtout à cause de la
multitude des actions de ce gouvernement visant à empêcher toute
alternance au pouvoir, tout Camerounais et tout observateur attentif
sait qu’il ne reste plus au Peuple camerounais que la résistance ou
insurrection, plus ou moins violente, pour accomplir la volonté
populaire.
Seulement, pendant que certains ne voient que le coût en vies
humaines d’une résistance violente et sombrent aussitôt dans le
désespoir, d’autres concluent que le pouvoir de Biya est tout puissant
et invincible, soutenu qu’il est par une France toute puissante, et que
toute action de résistance est ainsi vouée d’avance à l’échec, d’autres
comme la Diaspora Patriotique Camerounaise ont dépassé ces deux
premières craintes et se sont attelés à apporter les réponses
appropriées à la question fondamentale : comment le Peuple doit-il
organiser sa résistance afin d’atteindre une victoire qui minimise le
coût en vies humaines et assure la défaite des forces de répression.
Nous allons montrer pourquoi le Peuple doit disposer des moyens de
résister aux actions de répression gouvernementale, examiner les
mauvaises stratégies pour venir à bout des réseaux de la Françafrique
dirigeant nos pays, et passer en revue la nature des forces de
répression et la manière la plus efficace de les affronter.
Si tu veux la paix, prépare la guerre
Selon un proverbe romain, Si vis pacem, para bellum, c’est-à-dire, Si tu veux la paix, prépare la guerre.
Ceci est une définition de la guerre impériale ou étatique, où
l'attaquant se bat pour élever son niveau de vie au détriment des pays
étrangers. Cette théorie pose qu'un conflit armé est «
la suite logique d'une tentative d'un groupe pour protéger ou augmenter
sa prospérité économique, politique et sociale au dépens d'un autre ou
d'autres groupe(s) » (Marvin Harris, 1977, Cannibals and Kings, The Origins of Culture, Vintage, New York, p. 54).
Selon le théoricien prussien Carl von Clausewitz (1780-1831) : « la guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens ».
Le premier moyen étant la diplomatie, qui garantit la victoire la plus
intéressante : celle qui ne se voit pas, l'adversaire n'ayant pas perdu la face.
Par une telle continuité politique, la guerre est aussi un élément
incontournable des relations humaines, et donc une chose à laquelle il
faut être prêt.
Cette définition rejoint les antiques idées de la civilisation
chinoise, selon lesquelles la guerre n'est qu'un des moyens pour
imposer sa volonté à un groupe ou à l'inverse y résister. Ce qui fut
retraduit par l'aphorisme de Nicolas Machiavel : « une guerre prévisible ne se peut éviter, mais seulement repousser ».
Par contre, le pacifisme radical ou théorie de la non violence
refuse absolument toute guerre : la guerre étant perçue comme ce qu’il
y a de pire et doit être évité à tout prix. La voie proposée étant le
refus de l’affrontement, le refus du conflit.
Les pacifistes non violents assument que préparer la guerre pour «
défendre » la paix, c’est combattre le mal par le mal, ce qui conduit
finalement à la guerre. Par contre, prôner la non violence et le
pacifisme, c’est enclencher la logique inverse : à savoir que si les
Etats refusent le recours à la guerre, la paix est garantie.
Les limites et le danger d’une telle doctrine de non violence sont
cependant évidents. Le principe de non violence appliqué, ne serait
qu’au niveau individuel seulement, réintroduit la guerre. Car, être
démuni c’est s’exposer à l’agression de l’autre et l’inciter à une
guerre victorieuse.
Pour ce qui concerne le Cameroun, le Peuple est justement exposé et
soumis à l’agression de la dictature en place, parce qu’il a été
contraint au seul choix de la non violence. Cette dictature célèbre sa
victoire dans sa guerre contre nos populations.
Le régime néocolonial applique en effet efficacement sur nos
populations la logique du « Si tu veux la paix, prépare la guerre »,
une logique efficace de l’administration coloniale d’antan, qu’il
perpétue en tant qu’héritier fidèle et bon serviteur de la
Françafrique. Le résultat actuel d’un peuple camerounais terrorisé,
paupérisé, et de plus en plus éloigné de tout espoir de bien-être, est
une évidence que tout le monde peut voir.
Le pacifisme radical n’est donc qu’une utopie ; parce qu’il suppose
un renoncement de tous les Etats à la guerre et de tous les peuples à
la résistance violente, sans aucune autre garantie que la bonne volonté
des ennemis. Le pacifisme attendu du peuple camerounais repose en effet
sur l’assomption selon laquelle le régime néocolonial en place est de
bonne volonté et assurera la protection et le bien-être de ses
populations. Une fausse assomption évidemment.
L’exemple de la condition misérable actuelle des populations
camerounaises montre bien que le pacifisme radical revient, s’il n’est
pas adopté par les dirigeants, au choix de l’esclavage. Saignées par
une dictature corrompue et par des actes de terrorisme d’Etat visant à
les maintenir dans un « ordre public » qui prévient toute insurrection,
ces populations goûtent actuellement aux fruits amers de la misère et
du désespoir.
Le coût humain de la guerre que le régime dictatorial mène au
quotidien contre le Peuple camerounais est inestimable. Des morts par
milliers dans des hôpitaux par manque d’assurance santé et des moyens
financiers pour se soigner, aux centaines de morts et milliers de
blessés du mouvement de février 2008, des soulèvement dans nos
universités, du « commandement opérationnel », des « villes mortes » et
d’autres mouvements de mécontentement populaires tous écrasés
systématiquement dans le sang par les escadrons de la mort
gouvernementaux, en passant par les humiliations et autres violations
des droits l’Homme couverts d’impunité, la liste est longue pour
estimer un tel coût humain, appelé à s’alourdir si rien n’est fait pour
stopper la répression et la dictature en place.
Car, la vraie paix n’est pas un sommeil léthargique, l’oubli de
soi, une lâcheté frileuse. La vraie paix ne peut avoir peur de la mort.
Si personne n’est prêt à mourir pour défendre la paix dans une société,
le danger qui en découle est qu’une telle société ne soit rien, ne
représente rien pour ses membres. Elle n’aurait pas de héros. Ce serait
une société condamnée à disparaître, une société frileuse, morte, qui
manque de dynamique ; car elle refuse de se donner les moyens
d’affirmer sa singularité, qu’on trouve souvent dans la confrontation.
Les faits ne contredisent d’ailleurs pas cette assertion, puisque
les Camerounais sont aujourd’hui le contraire de ceux des années 1960
et 1970 qui étaient jalousement fiers de leur nouvelle nation. Ils sont
plutôt devenus ceux qui fuient un « berceau de (leurs) ancêtres » de
misère et de désolation, pour aller chercher les prés verts ailleurs
qu’au Cameroun. Pour ces Camerounais de plus en plus nombreux qui
voient que le bonheur se trouve seulement ailleurs, le Cameroun leur
semble comme une société condamnée à disparaître, une société frileuse,
morte, qui manque de dynamique et d’espoir.
Il revient que, pour ce qui concerne les Etats, la possibilité de
la paix ne peut résider qu’à un niveau mondial, le seul moyen de
garantir la paix étant un nouveau contrat social conclu entre les Etats
dans le cadre d’un droit international.. Seul le droit international
œuvre en effet pour que soit vrai l’assertion selon laquelle : pour
garantir la paix, il faut éviter la guerre.
Mais le problème reste cependant entier en ce qui concerne la
guerre que les dictatures font à leurs peuples, les Nations Unies
restant incapables de garantir la paix aux peuples en leur évitant la
guerre permanente des groupes dirigeants et dominants qui, pour régner,
appliquent le si vis pacem, para bellum sur les peuples.
En conclusion, si un Peuple entend garantir la paix, il doit se
doter des moyens similaires à ceux dont disposent les dirigeants et
puissants qui l’oppressent, les moyens de préparer la guerre.
Tout comme un Etat qui entend assumer sa souveraineté – et nous
avons vu l’horreur auquel aboutit autrement un pays privé des moyens
d’exercice de sa souveraineté en Haïti essentiellement à cause d’un
embargo international - doit se doter d’une armée, des services de
renseignements et des services de sécurité, malheureusement retournés
contre un peuple sans défense sous les dictatures, le peuple doit se
doter des moyens de guerre pour garantir sa paix et assumer sa pleine
souveraineté.
Les mauvaises stratégies de la résistance contre la Françafrique
Nous avons entendu un peu de tout en matière de libération de nos
peuples des carcans des réseaux de la Françafrique à la tête des Etats
de l’Afrique francophone.
La première solution, celle qui vient le plus souvent dans les
esprits, mais qui est aussi la moins populaire, donc moins
démocratique, est le coup d’Etat. Cette stratégie est attrayante parce
qu’elle est supposée être rapide et de courte durée, avec un potentiel
de diminuer le coût en vies humaines. Parfois, son coût financier est
aussi faible.
Tout le monde garde en esprit le coup d’Etat du 6 avril 1984, qui
en lui-même s’était déroulé sans effusion de sang. Un acteur de cette
mutinerie d’un groupe de l’armée avait un moment nourri les espoirs de
beaucoup de Camerounais. Mais de tels espoirs ont pu s’évanouir à
l’épreuve du temps.
A moins d’une surprise, reposant au demeurant sur une probabilité
très infime, l’hypothèse d’un coup d’Etat réussi contre le régime de
Biya doit être écartée.
Depuis le 6 Avril 1984, le régime néocolonial s’est, si on peut
dire, blindé contre les coups d’Etat. Les services de renseignements
français sont particulièrement omniprésents au sein de l’armée
camerounaise, où ils ont instituée un lourd réseau d’agents de
renseignements parmi les troupes et les officiers, et dans tous les
corps de l’armée.
Ces réseaux de renseignements ont été étendus, non seulement à
travers les forces de sécurité de la police et de la gendarmerie, mais
aussi dans la société à travers les partis politiques, dont le premier
dans ce domaine, mais pas le dernier, est évidemment le RDPC.
Le gouvernement néocolonial s’active également énormément pour
s’assurer la collaboration des voisins afin qu’aucun de ceux-ci
n’assure la base arrière à tout groupe ou armée rebelle qui viserait à
le renverser.
La deuxième stratégie de libération, beaucoup plus populaire, est
celle dite de Laurent-Désiré Kabila. Elle consiste, à partir d’une
unité rebelle en mouvement vers Yaoundé, à rallier les populations et
une partie de l’armée pour les intégrer au sein du mouvement général,
sous la forme d’une armée populaire toujours croissante.
Si cette stratégie est attrayante à cause de son caractère
spectaculaire, la première de ses faiblesses en est que le Cameroun n’a
aucun Kabila prêt en ce moment. L’autre faiblesse particulière en est
que, contrairement à Kabila qui bénéficiait du soutien ougandais, même
s’il y avait un tel Camerounais, il manquerait essentiellement d’un
pays de soutien voisin.
De plus, cette stratégie n’est qu’une variante de celle de la
constitution d’une armée de libération ; que le régime néocolonial de
Yaoundé, appuyé par l’armée française, avait su écraser assez
facilement dans le sang et les massacres. L’on n’en finit pas
d’épiloguer sur la naïveté intellectualiste d’un Ossendé Afana ou sur
l’incapacité d’adaptation et de préemption d’un Ouandié Ernest par
rapport aux nouvelles situations imposées par l’ennemi. Toujours est-il
que la solution d’une armée de libération en tant que telle est aussi à
écarter.
De plus, toute stratégie reposant sur une armée rebelle repose sur
un lourd budget financier, nécessaire pour soutenir la formation,
l’équipement et la logistique d’une telle armée. Des exigences
financières qui ne sont pas faciles à remplir.
Nature des forces de répression et la manière la plus efficace de les affronter
S’il faut donc écarter autant la solution du coup d’Etat que celle
à la Kabila, parce qu’elles sont toutes difficilement réalisables au
Cameroun, il ne reste plus au Peuple camerounais que la solution de
l’insurrection générale à mesure d’être à volonté transformée en
résistance armée.
En effet, le Peuple camerounais doit éviter les stratégies contre
lesquelles le régime Biya et ses patrons français sont bien préparés.
Il doit adopter celles qui lui permettent de s’adapter rapidement aux
nouvelles situations que lui imposera le régime néocolonial.
Le Peuple doit surtout adopter une stratégie où les forces
combattantes de la résistance sont imbriquées en son sein, de sorte que
vaincre ses forces de la résistance signifie toujours vaincre le Peuple
entier, massacrer les forces de la résistance revient toujours à
massacrer le Peuple entier.
Car, les forces de la résistance doivent devenir les forces de
sécurité et de défense du Peuple, créées et administrées par le Peuple.
De telles forces de résistance populaire sont essentiellement
invincibles, malgré ou à cause des massacres que le gouvernement
cherchera à commettre.
Comment organise-t-on les forces de résistance populaire ? La
réponse, c’est que le monde pilule des expériences de résistance
populaire et offre une mine de stratégies et de méthodes dans laquelle
le Peuple camerounais peut puiser pour se donner les pouvoirs
d’exercice de sa souveraineté dont il a besoin pour imposer la
démocratie dans son pays.
Beaucoup de leçons d’échecs et de succès peuvent en effet être
tirées des Tupamaros de l’Uruguay, des guérilleros cubains en Bolivie,
des FARC de Colombie, des Huks de Philippines, de l’Action pour la
Libération Nationale du Brésil, des Mau Mau au Kenya, d’Abu Sayyaf aux
Philippines du Sud, des Moujahidines tchétchène au Nord Caucase, de la
Guérilla des USA/Filipino des Philippines, de L’armée populaire
révolutionnaire du Mexique, de la fraternité/armée républicaine
irlandaise, ou du Hezbollah du Liban.
Toutes ces expériences mondiales de résistance populaire montrent
une même chose qui répond à l’autre importante question : quelle est la
nature de l’ennemi que la résistance populaire doit combattre ?
Contrairement à la perception courante qui voit l’ennemi du Peuple
seulement à travers soit la personne de Paul Biya, soit les exécuteurs
armés comme les brigades d’intervention rapide (Bir) que le régime
envoie sur le terrain pour commettre les massacres, l’ennemi réel sur
lequel il faut focaliser le plus d’attention est la machine qui envoie
des groupes armés comme le Bir exécuter des missions précises de
répression.
Cette machine infernale liguée contre le Peuple camerounais, ce
sont les services de renseignements du pouvoir néocolonial. Ce sont eux
que les forces de la résistance populaire doivent affronter au
quotidien, afin de les démanteler et les détruire, afin de pouvoir
affaiblir le régime néocolonial en lui rendant tout gouvernement du
Peuple impossible.
Nous expliquerons, dans un prochain article, la nature des services
de renseignements du Cameroun, pourquoi ils sont l’ennemi le plus
dangereux de notre Peuple, et comment ils peuvent être démembrés plus
ou moins facilement.