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28 juin 2010

Notes de lecture Histoire de la philosophie

Notes de lecture

Histoire de la philosophie africaine livre I

le berceau égyptien de la philosophie par Grégoire Biyogo l’Harmattan 2006   238 pages

L’oiseau de Minerve prend son envol sur la terre d’Afrique
Source : walfadj. : Dernière Mise à jour : 22/02/2010 (Auteur : Fatou K. SENE )

Dans cet ouvrage de Grégoire Biyogo, professeur de philosophie à l’Université Omar Bongo de Libreville au Gabon, spécialiste de Jacques Derrida et de Richard Rorty, il est question de sortir la philosophie africaine de son isolement, de retracer les séquences de sa naissance, de questionner ses objets, ses tâtonnements et d’élucider ses méthodes.

L’un des plus surprenants paradoxes de la philosophie africaine tient lieu de l’absence d’élaboration de sa propre histoire, sans laquelle on ne saurait soupçonner la révolution silencieuse qui y est en œuvre. Car aucune philosophie ne peut vivre sans revenir sans cesse à sa propre histoire et à l’histoire générale de la philosophie. De la sorte, l’enseignement de cette philosophie ainsi que la recherche universitaire s’en sont privés, et sa réception en a longuement souffert. C’est cet oubli qu’entend corriger cette recherche qui écrit la première histoire complète de la philosophie africaine, en quatre livres.

Dans cet ouvrage de Grégoire Biyogo, professeur de philosophie à l’Université Omar Bongo de Libreville au Gabon, spécialiste de Jacques Derrida et de Richard Rorty, il est question ici de sortir cette philosophie de son isolement, de retracer les séquences de sa naissance, de questionner ses objets, ses tâtonnements et d’élucider ses méthodes.

L’oiseau de Minerve prend à nouveau son envol dans la nuit tombée sur la vieille terre d’Afrique. En posant le problème de la relocalisation du berceau égyptien de la philosophie, l’histoire de la philosophie en vient à revisiter le problème du commencement de la philosophie en mettant en cause sans cesse ce commencement en question. La philosophie est-elle née chez les Ethiopiens, les Egyptiens ou les Grecs ? L’histoire de la philosophie invite à revenir sans cesse à son origine, comme une tâche urgente et nécessaire, pour tenter, à bien regarder, de comprendre ce que philosopher veut dire en son commencement et pour espérer l’entendre dans l’histoire de ses multiples recommencements. Les trois autres livres se proposeront, après avoir débrouillé le problème originel de l’histoire de la philosophie – celui de la détermination de l’origine historique de la philosophie – aujourd’hui tombée dans l’oubli, pour parler comme l’auteur de Etre et temps, d’écrire une histoire philosophique moderne et contemporaine, à l’appui du travail imperceptible mais important qui se fait en Afrique au moins depuis soixante (60) ans (1945-2005).
Le problème des origines et la question des emprunts

A ce jour, on ne trouve aucun ouvrage sur l’histoire de la philosophie africaine ancienne, à l'exception du travail important de Théophile Obenga, La Philosophie africaine de la période pharaonique, 2780-330 avant notre ère, (Paris, L’Harmattan, 1990). Cette étude est une traduction des textes de l’ancienne Egypte et une mise à disposition des textes scientifiques. On est en présence de données tirées des hiéroglyphes et non encore en présence de concepts et théories. Le travail de conceptualisation et de théorisation est à effectuer seulement après coup. Le tout est de jamais révérer ces données, mais de les discuter, en les dépoussiérant de leur dogmatisme, de leur théogonie. Si l’on soutient généralement que la philosophie grecque est née au 6e siècle avant Jésus-Christ, en Asie Mineure, notamment en Ionie, avec Thalès de Milet, cela signifie précisément que son origine est à situer hors de la Grèce (en Chaldée), en Phénicie ou en Egypte comme le montrera Biyogo en posant l’Egypte comme l’origine de la philosophie égyptienne, renvoyant alors dos à dos la thèse de la Grèce comme le berceau universel de la philosophie comme celle de l’Egypte comme origine de la philosophie, posant la Nubie comme le lieu antérieur de sa naissance historique.

Biyogo fait une distinction fondamentale entre le commencement et l’origine. Le commencement de la philosophie impute la datation de sa venue à l’existence, mais n’explique pas ce qui aurait rendu possible une telle éclosion, un tel événement. On peut expliquer le commencement à partir du contexte historique, de la situation géographique, du contexte de production, ou l’évolution politique et sociale. Mais l’examen du problème des origines soulève la question délicate des emprunts, à travers des faits avérés et rétablissant les routes et les conditions des échanges. L’absence de la distinction entre commencement et origine a créé une confusion millénaire dans le traitement du problème de l’origine de la philosophie.

L’origine est antérieure au commencement. Elle en est la condition de possibilité, tandis que le commencement appelle nécessairement une origine qui serait à prouver, à affirmer, à démontrer. Emile Bréhier, historien de la philosophie, reconnaît formellement que la philosophie n’est point, en tant que telle, une invention des premiers penseurs grecs. La prise de position finale de Bréhier, faisant commencer la philosophie en Grèce avec Thalès de Milet, à la suite d’Aristote, soit contraire, point par point, à sa propre hypothèse de départ - celle de l’aporie de ce problème du fait des emprunts orientaux - est à son affirmation ultime plutôt contradictoire d’une origine strictement hellénique de la position. Biyogo examine les témoignages des premiers penseurs grecs. Six (6) penseurs grecs ont été en Egypte : Thalès de Milet, Hérodote, Diogène de Laërce, Actius, Plutarque, Platon, etc. Il passe en revue les textes et l’origine de la philosophie égyptienne. Sur l’hypothèse du berceau égyptien de la philosophie Fait unique dans la philosophie africaine et dans l’histoire de ses universités, la question de l’origine de la philosophie a été examinée lors de la tenue au Cameroun d’un colloque international organisé par l’université de Yaoundé, du 01 au 05 décembre 2003, dont les actes ont été publiés sous le titre de Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour l’Afrique. Les spécialistes de la question n’ont pas été mentionnés : Ni Diogène Laërce, ni Emile Bréhier, ni même les historiens allemands de la philosophie Röth et Gladisch… En Afrique, aucune mention des œuvres d’Amady Aly Dieng – qui a pourtant pointé la question, dans son livre Contribution à l’étude des problèmes philosophique en Afrique Noire, ni de Cheikh Anta Diop… Fabien Eboussi-Boulaga soutient la thèse de la non pertinence pour la philosophie du débat relatif à son origine. Philosophe camerounais d’inspiration wittgenstenienne, Eboussi-Boulaga tient que l’allégation de l’origine – égyptienne – de la philosophie dessert la pensée africaine, et généralement la philosophie pour son caractère appauvrissant. Il partage le même point de vue que Godefroy Bidima, ‘père de la pensée transversale’ qui avance des arguments distincts. Biyogo répond à Eboussi-Boulaga et à tous les philosophes rejetant la thèse égyptienne.

Il examine la position des philosophes modernes comme Masson-Oursel, sur l’hypothèse du berceau égyptien de la philosophie. L’hypothèse de la naissance égyptienne de la philosophie n’est-elle pas déjà passée de son statut de postulat à celui d’une hypothèse avérée, attestée au sens poppérien ? C’est à cette question que se sont employés De Paw, Masson-Oursel, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Marcien Towa et Grégoire Biyogo. qui écrit : ’Le penseur sénégalais Amady Aly Dieng a eu le mérite de soulever à nouveau cette question et de fournir une documentation enrichissante sur la compréhension historique la question. Sans parti-pris, car il est plutôt critique à l’égard des thèses diopiennes’ (p.160). Après avoir consacré des longs développements au travail de Théophile Obenga en matière d’égyptologie et de renouvellement des sciences de l’homme, Biyogo conclut que la philosophie, qui a connu un essor particulier chez les Grecs, est née en Afrique, notamment en Egypte, avec les prêtres savants ; prêtres qui eux-mêmes doivent cette science aux Ethiopiens.

Ce livre aura le mérite de soulever des problèmes philosophiques très sérieux. Les chercheurs africains ont le devoir de le lire minutieusement et d’en faire la critique. On peut regretter que son auteur ait ignoré les travaux du philosophe sénégalais Mamoussé Diagne.

Amady Aly DIENG

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