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28 juin 2010

A 72 ans, Maguette Thiam est élu secrétaire

A 72 ans, Maguette Thiam est élu secrétaire général du Pit. Homme du sérail, il a le double challenge de remplacer Amath Dansokho et de donner un nouveau souffle au parti communiste.

Que pèsera le Pit dans le débat national ? Maguette Thiam, le tout nouveau secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail a un double challenge : succéder à Amath Dansokho, ce charismatique animateur du débat politique au discours à vous couper le souffle, faiseur de roi et respecté par tous.

Et rendre attractif un parti communiste plutôt vieux jeu et mal connu des jeunes. Il explique : « On peut poursuivre le même combat tout en gardant son propre style. » D’Amath Dansokho, Maguette Thiam garde l’image d’un combattant pour l’idéal démocratique et la promotion des valeurs de la gauche. Mais, ce matheux est méthodique. Il compte articuler son engagement dans une courbe des urgences avec en abscisse, la gouvernance libérale et en ordonnée ses dérives à l’échelle des scandales économiques et de la prédation des ressources publiques. Maguette veut donc « déployer le maximum d’efforts pour le respect des normes républicaines » dans la conduite du projet démocratique national, arrêter l’affairisme et dénoncer le racket des investisseurs qui grippe la machine économique.

Tout ceci pour débarrasser les masses de l’oligarchie à la tête du Sénégal et qui s’enrichit artificiellement au rythme des crimes économiques les plus scandaleuses que l’Etat ait jamais connues. La corruption a atteint des niveaux inquiétants et l’enrichissement illicite est banalisé sous ce Sénégal de l’alternance. Il faut alors extirper les parasites du système. « Il faut les arrêter avant 2012 ! » Déjà, le pouvoir n’a pas de répit à cause de l’acuité des problèmes et de la pression exercée de tout part par les citoyens. C’est en cela que Maguette Thiam refuse « les imprécations » qui déconnectent le Pit des préoccupations des populations. La gauche est en phase. Elle est à côté des ménagères quand chaque matin, elles constatent, impuissantes, l’insoutenable flambée des prix des produits de consommation courante, dans la pénombre née des coupures intempestives d’électricité et l’incertitude des campagnes agricoles. Sur toutes ces questions, sur lesquelles le régime libéral n’a pas de réponse, Maguette Thiam s’engage, non pas à proposer un remède miracle, mais à participer à la réflexion pour un programme alternatif crédible, – il va travailler à l’application de la Charte de bonne gouvernance des Assises – Le mot d’ordre du Pit en bandoulière, il s’agira surtout pour Maguette, de rassembler des forces vives de la nation pour le salut de tous.

Son entourage jure qu’il est généreux, calme, peu drôle, timide, disponible. Pendant trois heures, on a guetté le moment où la tension monterait, où le combattant se relâcherait, où le destin du pays serait oublié pour parler de lui, de ses désirs, bref de la vie après la parti. Il parle enfin de musique pour déplorer la carence de la recherche dans ce domaine. Il est passionné de Jazz : « Quand Fela est décédé, mes enfants se sont appelé, ensuite ils m’ont appelé ». Comprenez combien il est fan de cet artiste Nigérian. Il a transmis à ses enfants cet amour de la musique. Quatre parmi la fratrie de cinq sont des musiciens. Ce sont eux, ses enfants, qui ont mis sur pied le groupe Ndiolor connu dans le milieu des années 80 pour l’originalité de sa sonorité métissée, un mélange de Mbalax et de sonorité des Caraïbes. Normal pour ces fils issus d’un mariage mixte ! En fait, Maguette Thiam et sa femme Guadeloupéenne du nom Anne Léonie se sont rencontrés en France et se sont mariés en 1963 alors que le Sénégalais était un jeune étudiant à Paris. Anne Thiam qui a toujours vécu au pays de la teranga auprès de son époux est décédée en 2008…

Très vite l’engagement reprend le dessus dans son discours et il retourne au front pour fustiger l’instabilité au ministère de la Culture et l’arrogance des autorités qui agissent en m’as-tu vu. Maguette Thiam est un natif de la capitale qui tient à la mise correcte et discrète. Il a renoncé, cependant, au plaisir de la vie ! Souvent habillé sport, il ne porte jamais de cravate. Il n’a pas de voiture même si ses revenus lui permettent d’en acheter. C’est un homme simple. Cette simplicité, il la revendique comme il réclame son attachement au village de Ouakam qui l’a vu naître il y a 72 ans. Il se rappelle l’époque où Dakar était aéré et espacé… où le jeune enfant qu’il était jouait entre les quatre camps militaires qui entourent son village. Ce souvenir lui arrache un sourire nostalgique. Entre le Fort A et la Ba 160, reflux d’images, il s’arrête sur cette belle période d’abondance quand les bans de poissons et de tortues échouaient sur les plages du village. C’était comme un don du ciel, se remémore-t-il : « Cela arrivait la plupart du temps pendant la saison des pluies et c’était le festin dans les familles. Nos mamans préparaient toute sorte de plats et on s’en régalait. » Une enfance heureuse vécue dans la chaleur de la famille lébou, entre un père ouvrier du nom d’Alpha Thiam connu sous le nom de Ousseynou et une mère au foyer. Cela a sans doute eu un impact sur son cursus.

Il a fait toute l’école élémentaire en 5 ans pour avoir obtenu son entrée en sixième en classe de Cm1. Ce qui lui ouvre les portes du Lycée Van Vollenhoven, actuel Lycée Lamine Gueye. C’est dans cette école aussi qu’il découvre le Marxisme. « J’ai grandi sous l’ombre d’un cadre communiste, le professeur Abdou Momoun Dioffo, agrégé de physique et spécialiste d’optique et de l’énergie solaire. Je dois à Dioffo mon itinéraire scientifique, il était un grand idéal pour moi. » Dioffo ira plus tard rejoindre la Guinée de Sekou Touré quand celui-ci a dit non au projet du général de Gaulle. Maguette, lui, passera successivement au Lycée Eugène de la Croix à Drancy et au Lycée Rodin de Paris. Le temps des études, c’est aussi le moment d’affiner son parcours militant. Dans cette ambiance des années 50 où les étudiants noirs, fortement marqués par les guerres de libération en Indochine, en Algérie ou en Corée, s’engagent dans le combat pour l’émancipation des peuples noirs. Il rejoint la Fédération des étudiants noirs de France (Feanf) et succède à Amady Aly Dieng à la tête de cette structure en 1962. Il avait rejoint auparavant le Pai et se distinguait déjà par sa brillance et la pertinence de ses interventions.

Il retourne au pays en 1966. Sert à l’Ecole normale supérieure d’abord avant de rejoindre la faculté des Sciences de l’Ucad comme professeur de Mathématiques. Une carrière universitaire marquée cependant par quatre ans d’interruption (1976 - 1980) pendant lesquels il a été affecté au Lycée Lamine Gueye pour avoir créé et dirigé le Sudes. A l’actif du chercheur il faut mettre la création de l’Irmpt (Institut de recherche sur l’enseignement de la mathématique, de la physique et de la technologie) qu’il a managé en 1992-93 et de 1999 à 2003.

Pour le reste, le grand public retient l’image d’un ministre de l’Intégration africaine dans le gouvernement de majorité élargie à la dégaine nonchalante, grande de taille, mince, au verbe précis et concis. Lunette d’intello, visage gagné par l’âge, ridé, il est présenté comme un ultra-carthésien. Lui, décline et préfère qu’on parle de profondeur dans la réflexion. Au sein du Pit, il passe pour le plus accessible. Aida Niang, ancienne Sg des jeunesses du Pit : « Il a cette capacité à se mettre au niveau de son interlocuteur pour le rassurer et mieux échanger avec lui. » « Tonton camarade », comme l’appelle affectueusement Aida Niang, n’impose jamais ses idées et en bon pédagogue, il sait aider les jeunes à croire en eux-mêmes. Son défaut, c’est son apparence de démon alors qu’il est ange. A l’affiche, il est froid, de près il est chaleureux.

Maguette a fait du Pit sa vie. Pour l’anecdote quand il est revenu de France, il faisait des porte-à-porte dans Dakar pour expliquer les idéaux de gauche. Une vielle dame s’est montrée intéressée. Maguette était tellement assidue que la femme a fini par croire qu’il était au chômage alors qu’à l’époque il était enseignant à l’Ucad. Quand Senghor a quitté le pouvoir, la vielle dame a dit à Maguette, « que Dieu fasse que ce soit une occasion pour toi de trouver du boulot, tu es un garçon sérieux ». Ce garçon a 72 ans aujourd’hui et il a un nouveau boulet… pardon un nouveau boulot. Celui de secrétaire général du Pit.

Cheikh Fadel BARRO

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