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15 juillet 2010

Ferdinand Oyono : La mort du père du "Vieux

Ferdinand Oyono : La mort du père du "Vieux nègre et la médaille"


Pendant que l’Afrique et la France célèbrent les cinquante ans des indépendances africaines, un témoin de cette époque de l’émancipation des anciens territoires français continent noir vient de nous quitter ce 10 juin : l’écrivain camerounais Ferdinand Oyono. Né en 1929, son œuvre est une photographie de la rencontre de l’homme noir et de l’homme blanc sur les terres africaines. Il est sans doute l’auteur qui aura scruté avec minutie la période coloniale, avec un humour cinglant. Son roman “Le Vieux nègre et la Médaille”, l’une des œuvres les plus étudiées en Afrique, publiée en 1956 – donc avant les Indépendances – garde une actualité saisissante. Dans cette fiction, un vieil Africain jadis soldat de l’Empire français et ayant combattu pour la défense de celui-ci montrera son attachement indéfectible en envoyant plus tard ses deux enfants… qui mourront pour la France. Meka n’en est pas à son dernier acte de dévouement puisqu’il cédera aussi ses terres à la France à la mission catholique. La France est sensible à cette attitude et va récompenser le vieil homme : on lui promet une médaille… Le soir de la cérémonie, ivre à mort, après moult péripéties, Meka finira en prison et comprendra les frontières qui séparent le monde des Blancs de son pays et celui des « autochtones » entassés dans les taudis.

Oyono nous montrait ainsi une Afrique nue, leurrée par la puissance coloniale qui utilisait la force des autochtone avec pour récompense un plat de lentilles. Situation que la plupart des tirailleurs sénégalais n’oublieront jamais.

Dany Laferrière élevé au rang de "Docteur honoris causa"


L’Université du Québec, sous l’égide de l’Université du Québec à Rimouski, décernera au tout début de la session d’automne 2010, soit le dimanche 29 août, un doctorat honorifique à l’écrivain québécois d’origine haïtienne Dany Laferrière.

L’œuvre littéraire de Dany Laferrière représente une contribution d’une originalité et d’une ampleur incontestable dans le monde des lettres d’expression française. Empruntant les mots de ses collègues, le recteur de l’UQAR, M. Michel Ringuet, explique : « écrivain-monde, écrivain du mouvement, infatigable interrogateur des êtres et des lieux, Laferrière a su faire vivre dans ses œuvres des univers émouvants, saillants comme des bulles d’encre, qui racontent l’enfance, l’imaginaire, la solitude, la beauté et un indéfectible amour de la littérature ».


La candidature de Dany Laferrière a été proposée par l’équipe de professeurs de lettres de l’UQAR, qui souhaite ainsi rendre hommage à l’auteur pour sa contribution à la littérature à la fois profonde et empreinte d’une douce ironie. De plus, il n’y avait pas de meilleur moment pour l’UQAR d’honorer un grand écrivain puisque ce doctorat honoris causa coïncide avec le lancement d’un tout nouveau programme faisant une large place à l’écriture et à la création littéraire : un baccalauréat en Lettres et création littéraire.

Cette fête entourant Dany Laferrière aura lieu au même moment où l’UQAR accueillera dans ses murs une dizaine d’étudiants haïtiens qui viendront poursuivre leur formation au Québec, après avoir vu leurs projets d’études à l’Université d’État d’Haïti être compromis par un terrible tremblement de terre.

Chroniqueur et invité recherché à de nombreuses émissions, tant à la radio qu’à la télévision, auteur d’une vingtaine d’œuvres littéraires, Dany Laferrière a obtenu à l’automne 2009 le Prix Médicis et le Grand Prix du livre de Montréal. Au début de 2010, il a reçu le Prix Personnalité de l’année du journal La Presse et de Radio-Canada ainsi que le Grand Prix littéraire international Métropolis bleu. L’auteur a également mérité des mises en nomination à des prix prestigieux dont le Renaudot, en 2006. Tout récemment, il obtenait le Prix des libraires du Québec, pour son roman L’Énigme du retour paru chez Grasset en 2009.


La qualité de l’homme, de son discours et de ses écrits, ainsi que son grand humanisme, dans le contexte de la mise en place à l’UQAR d’un nouveau programme de baccalauréat en Lettres et création littéraire, amènent l’UQAR à proposer la candidature de Dany Laferrière au titre de docteur honoris causa.


Renseignements :

Mario Bélanger, Service des communications, UQAR

418-723-1986, poste 1426

Le procès intenté contre les éditions Casterman pour le titre Tintin au Congo de Hergé revient à la une et les plaidoiries auront lieu le 12 mai. Il a été initié par le Congolais démocratique Bienvenu Mbutu Mondondo dont la hargne et l’opiniâtreté sur la question ne sont plus à souligner.  Certes, on ne peut pas lui reprocher de défendre une cause honorable, il reste que je ne partage pas cette démarche qui, indirectement, risque d’effacer une des preuves de l’idéologie coloniale. Voici, ci-dessous, ce que je répondais alors à David Caviglioli – journaliste du Nouvel Observateur et à BibliObs, le site de cet hebdomadaire – qui m’avait interviewé sur le sujet.

BibliObs : 

Quel souvenir gardez-vous de la lecture de « Tintin au Congo » ?

Alain Mabanckou :

J'ai lu les « Tintin » pendant mon enfance, au Congo. A cette époque je n'avais pas de recul pour comprendre la « face cachée » des choses. J'étais amusé, séduit comme la plupart des gamins de mon âge. En somme, les aventures de Tintin côtoyaient celles de Zembla, Blek le Roc, Tex Willer, Tarzan. Il serait presque ingrat de ne pas reconnaître que ces bandes dessinées ont façonné mon imaginaire. D'où l'allusion que je fais dans mon roman Black Bazar (Seuil, 2009) où un personnage se demande ce que sont devenues les routes empruntées par Tintin lorsqu'il était au Congo. Des routes coloniales qui sont en état de délabrement à cause de l'inertie des Etats du continent noir. Derrière cet humour « noir », je rendais sans doute indirectement hommage à un des personnages qui ont bercé mon enfance. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que j'évoquais Tintin. On retrouve des allusions à ce personnage dans un autre de mes romans, Verre Cassé (Seuil, 2005).


BibliObs :

Qualifieriez-vous les représentations liées aux Africains, dans la BD, de racistes?


A M :

Il est clair que dans « Tintin au Congo » les représentations du Noir – j'allais dire du Nègre – ont une connotation paternaliste, raciste et colonialiste. L'album paru en 1931 a subi des « réaménagements » ultérieurs. Hergé avait donc entendu toutes les critiques formulées contre cette œuvre. Or ces réaménagements n'étaient rien par rapport à l'esprit même de la bande dessinée qui n'était pas retouché. Hergé a changé par exemple la scène dans laquelle, Tintin enseigne aux nègres une leçon qui commence par : « Mes chers amis je vais vous montrer votre patrie, la Belgique ». Cette leçon est devenue une leçon de mathématiques lors de la retouche. Ce n'est pas cela qui dérange puisque nos parents, colonisés par la France, apprenaient eux aussi que leurs ancêtres étaient des Gaulois ! « Tintin au Congo » montre des Noirs à l'état de barbarie, sans esprit et qui parlent dans une langue censée reproduire leur imbécillité, la langue que l'auteur estime à la hauteur de «ces gens-là». Dans sa défense, Hergé avait argué qu'il baignait comme « tout le monde » dans cette idéologie au sujet des Noirs. Qu'à cette époque cette pensée dominait. Ce que je trouve inexact puisque bien avant la parution de «Tintin au Congo», beaucoup d'intellectuels européens regardaient autrement l'Afrique et les Africains.

Entre 1927 et 1929, par exemple, des livres majeurs plaidaient pour la revalorisation de la condition de l'homme noir, et ces ouvrages étaient donc des plaidoyers contre le colonialisme. Je pense au deux livres publiés André Gide (Voyage au Congo et Retour du Tchad ) ou encore à Terre d'Ebène de d'Albert Londres. Par ailleurs, quoique l'on puisse reprocher au siècle des Lumières, il reste que cette époque a été celle de l'humanisme et donc de recherche d'un certain équilibre entre les hommes. Hergé ne pouvait pas ignorer cela. Il avait donc fait un choix capital : légitimer la colonisation de la Belgique au Congo par son œuvre. En effet les Belges étaient nombreux à ne pas vouloir se rendre dans cette terre lointaine. Il fallait bien une propagande. Dans ce sens, Hergé a donné un grand coup de main au système colonial belge, et « Tintin au Congo » - toutes proportions gardées - a été aussi « stratégique » que ces propagandes que diffusait l'armée française pour inciter le gens à aller se battre en Algérie.


BibliObs :

Doit-on privilégier le contexte historique de l'oeuvre à l'oeuvre elle-même ?


A M :

Le lecteur adulte peut lire « Tintin au Congo » avec un peu plus de recul. Parce qu'il sait – en principe – que la question coloniale est au cœur de ce livre. Mais quid des enfants, de tous ces jeunes qui n'ont appris l'histoire coloniale que sous un angle positif? Et c'est dangereux de parler d'un « contexte historique » alors même que la question coloniale est encore d'actualité de nos jours. Ce que subissent les Noirs aujourd'hui dans le monde est le résultat d'une idéologie raciste bien ancrée dans les consciences de certains esprits pernicieux. Prenez n'importe quel livre d'histoire en France, un livre au programme scolaire, et remarquez ce qu'on dit de la colonisation ! Une glorification, une revendication de la grandeur de la puissance coloniale, celle qui est allée dispenser les lumières loin là-bas, dans les territoires reculés, au cœur des ténèbres !


BibliObs :

Que pensez-vous de cette polémique ? Seriez-vous partisan d'une interdiction, ou encore d'une mise en perspective du contenu de l'album dans ses rééditions ?


A M :

Non, je ne suis pas partisan d'une interdiction de cette bande dessinée. Elle doit rester une trace de l'esprit belge de ces années trente. Elle est une des preuves historiques d'une certaine pensée occidentale - mais pas de toute la pensée occidentale ! La polémique qui entoure cette œuvre risque de friser la cocasserie à force de ne lire les choses que sous un angle « africaniste », voire «intégriste». Ce n'est pas à partir de «Tintin au Congo» que la pensée du Blanc sur le Nègre s'est formée. Lorsque Tintin est «arrivé au Congo», l'idéologie raciste et coloniale sur le Noir était déjà bien établie.

Il faut remonter à la source, déconstruire cette pensée et poser la vraie question: comment enseigner la colonisation aux enfants ? Oui, la colonisation est un sujet mal abordé en France - c'est presque un sujet «explosif». Et jusqu'alors il se trouve que beaucoup croient encore au rôle pleinement positif de l'Europe en Afrique. La colonisation est un asservissement, point final. Il est ridicule de songer à rajouter un texte pédagogique dans l'album « Tintin au Congo ». Pourquoi ne pas, alors, le faire aussi dans L'Esprit des lois de Montesquieu, où il est dit que les gens du sud sont faibles comme des vieillards et que les gens du nord sont forts comme des jeunes hommes ? A ce train-là il va falloir relire tous les livres du monde et rajouter des pages pédagogiques ici et là !

Une fois de plus, il suffit d'enseigner avec objectivité la colonisation en France, dès le bas-âge, pour que les enfants forgent leur intime conviction et regardent l'Autre à sa juste valeur. Lorsqu'on est enfant, on pense toujours que les héros d'une œuvre sont réels. En apprenant à ces mêmes enfants la pensée coloniale, ils seraient enfin capables de séparer le bon grain de l'ivraie.


Propos recueillis par David Caviglioli

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