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28 janvier 2011

A la une Après la révolution tunisienne, la rue

A la une

Après la révolution tunisienne, la rue arabe alarme le pouvoir

Tragiquement d'abord. Après l'immolation et la mort de Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant tunisien de 26 ans, l'événement déclencheur de la révolution en Tunisie, plusieurs tentatives de suicide par immolation ont eu lieu dans des pays arabes.

Devant l'Assemblée du peuple au Caire, un homme de 50 ans s'est aspergé d'essence. Le lendemain, un jeune égyptien a lui aussi tenté de s'immoler. En Mauritanie, près de la présidence de la République, un autre s'est aspergé d'un liquide inflammable à l'intérieur de sa voiture.

En Algérie, ils sont cinq à avoir tenté de se suicider ainsi pour protester contre des conditions sociales insupportables. L'un d'eux, Mohcin Bouterfi, âgé de 37 ans, est mort.

Ce mode de contestation désespéré rappelle celui des moines bouddhistes dans les années 60. A Saigon, après le suicide par immolation de Thích Quảng Đức, un bonze vietnamien, en juin 1963 pour protester contre le Président Ngô Đình Diệm, plusieurs immolations publiques avaient précédé le coup d'Etat de novembre 1963. (Voir la vidéo)


Le monde entier assiste à ce que le chercheur Vincent Geisser n'hésite pas à comparer à la chute du mur de Berlin, tant l'effet domino semble se dessiner. L'un de ses collègues, autre spécialiste du monde arabe qui préfère garder l'anonymat, nuance :

« Je ne dirais pas cela mais c'est incontestable, les conséquences seront très importantes. C'est le début de la fin de ces régimes. »

Le chiffon rouge de l'islamisme

L'effet de contagion semble surtout toucher les Etats où les espaces de liberté sont les plus réduits (Algérie, Egypte, Jordanie…). Ils sont également ceux qui brandissent la menace islamiste pour justifier l'autocratie et la répression de tout mouvement d'opposition :

« Les systèmes qui résistent le mieux sont ceux où toutes les forces politiques participent à la donne, donc les islamistes. A terme, il est inévitable que ce ne soit pas le cas partout. En Turquie, les islamistes gouvernent et jouent le jeu démocratique. »

Reste à savoir dans quelle mesure l'éventuelle participation des islamistes dans la vie politique des futures démocraties arabes, notamment dans les Etats voisins d'Israël, sera perçue par les puissances occidentales. D'autant qu'ils sont moins enclins aux compromis avec l'Occident que les dirigeants actuels d'Etat, comme en Egypte :

« Les Occidentaux n'auront pas forcément envie que ça aille dans le sens de l'ouverture et celui de risquer de voir les islamistes au pouvoir. De plus en plus, on risque de brandir ce chiffon rouge de l'islamisme. »

En Algérie, ils sont là « pour la liberté »

« Halte aux immolations », écrit l'écrivaine algérienne Aïcha Lemsine sur son blog :

« Non, le suicide par immolation comme un bonze, n'appartient pas à nos traditions !

Les bonzes sont des bouddhistes. Ils croient en la réincarnation. La souffrance du sacrifice par le feu efface les peines endurées sur terre et garantit le “nettoyage” du karma pour retourner sur terre dans une vie meilleure…

En islam comme dans les deux autres religions monothéistes, le suicide est un assassinat, car celui qui se tue tue un homme, et c'est un crime.

Ce n'est pas [non plus] un acte de courage, ni de la lâcheté, mais plutôt de la peur… La crainte de la vie ! Mohamed Bouazizi n'avait plus la force d'aucune espérance dans une Tunisie occupée par une famille de mutants rapaces tels les Ben Ali et Trabelsi… »

Des manifestations pour protester contre la vie chère et le chômage ont lieu quotidiennement dans le pays depuis la fin du mois de décembre. Les revendications se politisent de jour en jour jusqu'à la revendication de la fin de l'état d'urgence, prétexte à la répression et contrôle de la liberté d'expression en vigueur depuis 1992.

Ces derniers jours, des rassemblements d'une centaine de personnes ont été l'occasion d'exigences politiques précises : la libération de l'ensemble des personnes arrêtées lors des manifestations de décembre, la levée immédiate de l'état d'urgence et la liberté d'opinion et d'expression :

« On n'est pas là pour foutre la merde, on n'est pas là pour la révolution, on est là pour la liberté. » (Voir la vidéo)


Saïd Saadi, député et leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a appelé à une grande marche le 22 janvier pour demander notamment la dissolution de toutes les institutions élues.

Le journal algérien El Watan constate et condamne le silence du pouvoir sur les événements tunisiens :

« Pas un seul mot n'a été dit sur cette petite révolution qui a lieu chez nos voisins de l'est, qui polarise pourtant l'actualité internationale. […] Mais est-ce vraiment une surprise qu'Alger observe ce silence de cathédrale ? Pas tout à fait. Il n'est un secret pour personne que les deux régimes, algérien et tunisien, sont pratiquement les deux faces d'une même médaille. »

L'extraordinaire espoir que représente le départ de Ben Ali pour l'ensemble de la rue arabe s'exprime dans les colonnes du Quotidien d'Oran :

« On se sent tunisiens car nous ne voulons pas rester en rade du progrès politique et on ne veut pas rater un autre tournant. On se sent tunisiens car nous avons le sentiment fort qu'ils viennent, dans la douleur et malgré les tentatives en cours des sbires du régime de semer le chaos, de faire un grand pas en avant. Qu'ils viennent de mettre leur pays dans l'histoire et qu'ils se donnent le bon accélérateur. Oui, les Tunisiens sont admirables. »

En Egypte, un avion attend Moubarak

L'immolation d'Abou Abdel Monem, propriétaire d'une sandwicherie, après s'être vu refuser des coupons de subvention pour acheter du pain, a profondément ému en Egypte, où la population est depuis 2008 en proie à de grandes difficultés matérielles liées à la hausse des prix des denrées alimentaires.

Les mesures prises par le gouvernement après les émeutes d'avril 2008 sont aujourd'hui jugées insuffisantes.

Le 14 janvier, au Caire, des opposants au Président Moubarak ont célébré le départ de Ben Ali et appelé à la révolution en Egypte face à un dispositif policier important :

« Nous mourrons pour que vive l'Egypte ! Révolution ! Révolution en Tunisie, révolution en Egypte ! » (Voir la vidéo)


Depuis samedi, le slogan le plus populaire en Egypte est : « Ben Ali, dis à Moubarak qu'un avion l'attend lui aussi ».

Sur son blog, Mona Eltahawy, journaliste égyptienne, explique les raisons de l'engouement des peuples arabes pour la révolution tunisienne :

« Si tous les dirigeants arabes ont suivi les événements tunisiens avec peur, chaque citoyen arabe les a suivis avec espoir parce que les manifestants ne sont pas islamistes – une menace utilisée depuis longtemps par nos dirigeants pour effrayer et se maintenir au pouvoir. Ce ne sont pas non plus des troupes étrangères qui ont renversé le dictateur : ce sont des gens ordinaires. »

A la différence de la Tunisie, le poids important des islamistes égyptiens fait craindre une récupération politique de la colère populaire.

En Jordanie, les Frères musulmans s'en mêlent

Vendredi, à Amman, pendant une manifestation rassemblant 3 000 personnes (syndicats, islamistes et partis de gauche) contre le prix des denrées alimentaires, le chef des Frères musulmans, Hammam Said, a comparé les maux jordaniens et tunisiens :

« Nous devons mettre fin à l'oppression, ainsi qu'aux entraves aux libertés et à la volonté du peuple. »

Parmi les slogans scandés pendant la marche :

« Regardez, regardez Tunis ! Nous sommes fiers de la Tunisie ! Avec notre âme et notre sang, nous libèrerons la Jordanie ! » (Voir la vidéo)


Sur Twitter, les internautes jordaniens postent quotidiennement leurs impressions sur les développements de la situations en Tunisie et sur leur combat. Le mot-clé : #angryjordan (« Jordanie en colère »).

Dessin de Baudry

Illustration : dessin de Baudry.

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