Bokassa: un soudard autoproclamé Empereur qui a fini comme prophète en Centrafrique !
Par Freddy Mulongo, vendredi 28 janvier 2011 Jean Bedel Bokassa (22 février 1921 - 3 novembre 1996) était considérait comme un soudard par le Général de Gaulle qu'il appelait "Papa". Il se disait lui-même "Gaulliste". Ancien président de la République centrafricaine (de 1966 à 1976), par mégalomanie il s'était autoproclamé empereur sous le nom de Bokassa Ier de 1976 à 1979. A Bangui, plus rien ne subsiste des fastes grand-guignolesques du couronnement, le 4 décembre 1977. Le maréchal-président à vie Bokassa avait pourtant vu grand, engloutissant une année du budget de l'État dans la fête. Une partie des fonds était allée aux prisons, pour y entasser les derniers opposants. «A l’occasion de la fête nationale du 1er décembre 2010 et des festivités du cinquantenaire de la proclamation de l’indépendance de la République Centrafricaine, Jean-Bedel Bokassa, ancien président de la République condamné, gracié et décédé, est réhabilité dans tous ses droits», indique ce décret daté du mardi 30 décembre 2010 lu à la radio nationale centrafricaine. Le président centrafricain François Bozizé a «réhabilité dans tous ses droits» l’ex-président et empereur Jean-Bedel Bokassa décédé en 1996, qui avait été condamné à mort en 1987 puis gracié et libéré. «Cette réhabilitation de droit (...) efface les condamnations pénales, notamment les amendes et les frais de justice, et fait cesser pour l’avenir toutes les incapacités qui en résultent», poursuit le décret.
Bangui novembre 1986, procès de Jean-Bedel Bokassa, un procès à grand spectacle.
Accusez Bokassa: Levez-vous !
En 1965, lors du « coup d’État de la Saint-Sylvestre », un cousin de Dacko, le colonel Jean-Bedel Bokassa, s’empare du pouvoir. Il abroge la Constitution et se déclare président-maréchal à vie. Le 4 décembre 1976, le congrès extraordinaire du « MESAN rénové » proclame l’Empire centrafricain. Le maréchal Bokassa devient l’empereur Bokassa Ier. Il est couronné le 4 décembre 1977. La liberté d’expression est supprimée et les opposants sont jugés par des tribunaux militaires et, pour la plupart, condamnés à mort.
Ce 26 novembre 1986, date à laquelle s'ouvre, à Bangui, la première audience de l'ex-empereur Jean-Bedel Bokassa. Onze chefs d'accusation sont inscrits sur la feuille du président du tribunal, Édouard Franck. Ils ont déjà valu à l'ex-empereur d'être condamné à mort par contumace, le 19 décembre 1980, pour « assassinat, recel de cadavres, anthropophagie, atteinte aux libertés individuelles, coups et blessures volontaires et détournement de fonds publics ». Conscient de risquer sa tête pour de bon, celui que les journalistes appellent maintenant « Papa Bok », en référence au tyran haïtien Papa Doc, a appelé à la rescousse quatre avocats dont deux as du barreau de Paris, Mes Francis Szpiner et François Gibault. Au palais de justice de Bangui, la foule ou plus exactement ceux qui ont eu la chance de pouvoir se glisser dans la salle gronde en sourdine. On se pousse du coude pour voir l'homme grisonnant devant lequel, dix ans auparavant, tous rampaient, de peur ou de servilité.
Chef d'État destitué, maréchal dégradé, le roi est nu ou, plutôt, vêtu misérablement de la tenue des prisonniers du fort de Roux, à sa première sortie de prison. Il renoue ensuite avec le complet veston. Le miracle qu'il espérait en rentrant au pays ne s'est pas produit: la foule ne l'a pas acclamé tel le nouveau Napoléon qu'il rêvait d'incarner. Le mythe a vécu, il n'aura droit ni à ses « Cent-Jours », ni à la tribune qu'il réclamait, le stade de 10000 places où sa comparution était initialement prévue, les lieux mêmes qui avaient vu se jouer son sacre.
Bokassa se couronna finalement empereur le 4 décembre 1977 au cours d'une cérémonie à laquelle 5 000 invités assistèrent, notamment le ministre français de la Coopération, Robert Galley ; aucun chef d'État ne fit cependant le déplacement. Il revêtit pour l'occasion le même costume que le maréchal Ney lors du sacre de Napoléon Ier. Son titre complet était « Empereur de Centrafrique par la volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national : le MESAN » ("Mouvement pour l'évolution sociale de l'Afrique noire"). Ce dernier épisode lui valut une réputation de mégalomane. Bokassa justifiait ses actions en déclarant que la création d'une monarchie aiderait la Centrafrique à se distinguer des autres pays africains et à gagner le respect des autres pays du monde. Il prétendit mettre en place une monarchie constitutionnelle, mais son régime demeura une dictature violente.
Bokassa 1er 1/3 "Le soudard" (dixit de Gaulle)
envoyé par Petite-Farceuse. - L'info internationale vidéo.
En 1979, Jean Bedel Bokassa ne jouissait plus de sa popularité passée. En janvier, il réprima dans le sang des manifestations de lycéens. Amnesty International et une commission de juristes internationaux établirent qu'il participa au massacre dans la prison de Bangui de 100 enfants qui avaient été arrêtés pour avoir protesté contre le coût trop élevé des uniformes scolaires imposés par l'empereur ; Bokassa nia toujours farouchement son implication dans ce massacre. Des rumeurs prétendaient que Bokassa s'adonnait au cannibalisme à l'occasion, ce qui lui valut le surnom de « l'Ogre de Berengo », mais ces accusations furent rejetées lors de son procès et jugées improbables par les nombreux enquêteurs dépêchés sur place à la suite de son renversement. Il semblerait que cette histoire ait été inventée par les services secrets français pour ajouter du crédit à l'image de monstre qu'on voulait donner de Bokassa à l'époque pour justifier son renversement.
Bokassa 1er 2/3 "L'Ogre de Berengo" surnom infondé
envoyé par Petite-Farceuse. - L'info internationale vidéo.
La chute
Dans la nuit du 20 septembre 1979, alors que Bokassa Ier se trouvait en Libye dans l'optique d'un rapprochement avec le colonel Kadhafi, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, future DGSE) lança l'Opération Barracuda.
Bokassa 1er 3/3
envoyé par Petite-Farceuse. - L'info video en direct.
Un commando infiltré du Service Action accueille le Transall du 1er RPIMa commandé par le colonel Briançon-Rouge à l'aéroport de Bangui-Mpoko. Après avoir neutralisé l'aéroport, des renforts atterrissent et le chef des Forces Spéciales contacte le colonel Bernard Degenne basé à la capitale du Tchad pour qu'il envoie ses "barracudas", nom de code pour huit hélicoptères Puma et transports aériens Transall. La prise de Bangui pouvait débuter. Le lendemain aux alentours de minuit et demi, David Dacko annonçait officiellement la chute de l'Empire centrafricain et proclamait la République5. Le 10 octobre 1979, l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné révéla l'affaire des diamants, ce qui contribua à la défaite de Valéry Giscard d'Estaing lors de l'élection présidentielle de 1981. Bokassa reviendra sur cette affaire dans un livre6, censuré en France avant sa parution[réf. nécessaire], au milieu des années 1980 au cours de son exil français. Empereur déchu, Bokassa se réfugia à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pendant quatre ans, puis en France, à Hardricourt dans les Yvelines, pour finalement retourner à Bangui en octobre 1986, bien qu'il y eût été condamné à mort par contumace. Il fut arrêté et jugé pour trahison, meurtre, cannibalisme et détournement de fonds. Le 12 juin 1987, au terme de son second procès, il fut reconnu non coupable des charges de cannibalisme mais la peine de mort fut confirmée pour les autres charges. Sa peine fut d'abord commuée en prison à vie en février 1988, puis en 10 ans de réclusion. Il fut amnistié par André Kolingba en 1993 en tant que dernier acte présidentiel et mourut en 1996 d'un arrêt cardiaque. Il a été inhumé dans son ancien palais de Berengo. Il avait 17 femmes et 36 enfants reconnus.