COTE D IVOIRE

Nouvel ambassadeur ivoirien à Paris :

Laurent Gbagbo pris à son propre double-jeu

Depuis plus d’un mois, de son Panthéon, le dieu Janus (un monstre à deux têtes) est descendu sur la Côte d’Ivoire. Voilà qui explique la folie de la table de multiplication par deux qui gagne ce pays.

En effet, le nouvel ambassadeur ivoirien de l’administration Alassane Ouattara a pris ses fonctions à Paris hier lundi 23 janvier 2011 alors que celui que Gbagbo avait mis en poste n’y a pas encore plié bagages. Cet élément binaire, c’est Monsieur Ally Coulibaly. Exit donc son Excellence Pierre Aimé Kipré, diplomate qui a clairement pris parti pour Laurent Gbagbo et qui fut récemment pris à partie par les pro ouattaristes de la diaspora parisienne.

L’inénarrable Président bété, Laurent Gbagbo, à qui la Côte d’Ivoire doit (chose inédite) un dédoublement céphalique au sommet de l’Etat semble donc être pris à son propre jeu. Lui qui veut que la Côte d’Ivoire continue de compter (à vie) sur sa présence au pouvoir doit désormais compter sur la capacité de son heureux adversaire de dédoubler les fonctions politico-administratives, ex situ. Ouattara a finalement compris également que pour nuire et pour disqualifier l’adversaire il suffit de lui donner un frère jumeau. Et il ne s’en privera pas.

Depuis hier, c’est chose faite. Si la Côte d’Ivoire compte un Président bis. Sa chancellerie parisienne compte aussi un ambassadeur bis. Alassane Ouattara, on imagine, ne va pas s’arrêter à si bon chemin dans le duel à double-gâchette que lui a imposé son malheureux concurrent aux dernières présidentielles. Les Ambassadeurs gbagboïstes des Etats de l’Union Européenne et de nombre d’Etats de la communauté internationale vont avoir également leurs copies conformes, leur autre-eux-même (dirait Alain Mabanckou) en matière de représentation diplomatique.

Non, vous n’avez pas la berlue. Ce ne sont pas des hallucinations. Toutes ces doubles images que nous imposent les Africains, en l’occurrence les Ivoiriens, c’est sûrement ce qui s’appelle "magie noire". C’est ça, les "black" avec leur "manière exagérée de vivre l’humanité" (pour reprendre une forte formule de Bruno Frappa).

Quand Laurent Gbagbo peut s’amuser au bicéphalisme sur son terrain de jeu qu’est devenue la ville d’Abidjan, il ne peut objectivement pas jouer à ce jeu double dans les Etats membres de la communauté internationale. La légitimité qu’il s’est octroyée ne lui donne pas une puissance de très longue portée pour y faire sa loi de la jungle. C’est ici que sa "manière exagérée de vivre le monde" a des limites avec le retour de manivelle enclenché dans le complexe champ de la diplomatie internationale où l’intelligence prime la force et l’arbitraire.

Comble de malheur, l’option militaire semble de plus en plus se préciser au sein des pays membres de la CEDEAO. "Ne craignez-vous pas d’embraser la Côte d’Ivoire" a-t-on demandé au nouvel ambassadeur ivoirien à Paris. "Pas du tout. L’objectif est d’extirper le mal incarné par Laurent Gbagbo. L’homme s’accroche au pouvoir. Son clan est cupide. Il n’y aura pas d’impact négatif sur la production du cacao et du café puisque, en dix ans de règne, l’économie ivoirienne n’a cessé de s’affaiblir à cause de la politique menée par Monsieur Gbagbo" a dit le diplomate.

Le directeur ivoirien de la Banque des Etats de la CDEAO, un pote de Laurent Gbagbo, continuait de faire passer les chèques signés par ce dernier. Ce complice a été relevé de ses fonctions. Désormais seuls les documents financiers signés de la main de Ouattara auront gain de cause. Qui a dit qu’on peut impunément snober et se passer de la communauté internationale ?

SOURCE:http://www.congopage.com/Laurent-Gbagbo-pris-a-son-propre