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16 mars 2009

Congo: lorsque s’opposent deux légitimités posté

Congo: lorsque s’opposent deux légitimités

Assurant que le quorum n’était nécessaire qu’en cas de vote, Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale a ouvert la session parlementaire alors qu’une majorité de députés de son propre groupe, l’Alliance pour une majorité présidentielle, suivant les consignes de boycott, ne s’étaient pas présentés en séance. De plus, cinq des membres du Bureau de l’Assemblée, sur sept au total, avaient démissionné le mois dernier, afin de pousser Kamerhe à tirer lui aussi les conclusions du désaveu que lui avait infligé son parti et à se retirer.
En fait, deux logiques se trouvent actuellement en conflit : Kamerhe assure que, selon les termes de la Constitution, il ne tient son mandat que du vote des députés et qu’eux seuls peuvent, à l’occasion d’un vote, lui retirer leur confiance. Cependant, les députés qui l’ont placé au perchoir sont, dans leur grande majorité, issus de l’Alliance pour une majorité présidentielle, cette coalition de partis dont le PPRD (parti populaire pour la reconstruction et le développement et le MSR, mouvement social pour le renouveau) sont les plus importants et ont fortement contribué à l’élection du président Joseph Kabila. Tout comme Kamerhe lui-même, qui avait mené dans tout le pays une campagne très professionnelle en faveur de l’actuel chef de l’Etat.
La logique voudrait que si la formation dont il se réclame le désavoue, de même que le chef de l’Etat qui représente le faîte de la pyramide politique, le président de l’Assemblée se soumette au verdict de la majorité dont il est issu. Dans d’autres pays, la Belgique par exemple, on imaginerait mal un président de la Chambre ou du Sénat, en délicatesse avec le président et avec le bureau du parti qui lui a permis de postuler à ce siège, refuser de démissionner en faisant appel aux voix de l’opposition ou à d’éventuels débauchages pour se maintenir au perchoir !
Au Congo, une lecture littérale de la Constitution permet à Kamerhe de défier ses amis politiques, mais cette attitude fait courir un grand risque au système lui-même, où le président risque d’être accusé de ne pas accepter de réel contre-pouvoir et de museler toute forme de contestation, y compris au sein de ses propres troupes. Une inquiétude avivée encore par l’arrestation de trois militants des droits de l’homme qui manifestaient au nom de la société civile…
Le gâchis actuel a été provoqué par un désaccord à propos de l’opération conjointe qui a vu les armées du Rwanda et du Congo coopérer durant un mois pour poursuivre les rebelles hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwandaà) tandis que le mouvement de Laurent Nkunda réintégrait le camp gouvernemental et que son leader était placé en résidence surveillée au Rwanda.
Depuis longtemps, Kamerhe, député du Sud Kivu et qui se présentait volontiers comme le « ténor » de l’Est du pays, recherchait activement des solutions au défi que Nkunda posait au pouvoir de Kinshasa. Après la défaite enregistrée à Mushake fin 2007, Kamerhe avait présidé en janvier la conférence de Goma aux côtés de l’Abbé Malu Malu, écouté les griefs des uns et des autres et réussi à transformer une débâcle militaire en succès politique. Par la suite, alors que Nkunda avait repris les hostilités le 28 août 2008 et récusé le programme Amani issu de la conférence de Goma, Kamerhe s’était à nouveau attelé à la recherche d’une solution lors des pourparlers de Nairobi, où l’ancien président du Nigeria Obasanjo avait été nommé médiateur. C’est sous l’impulsion de son président que le Parlement avait proposé un plan de sortie de crise qui prévoyait, entre autres, un rapprochement avec le Rwanda.
On peut dès lors se demander pourquoi cet homme intelligent, si habile à désamorcer les crises et à tirer de son chapeau des solutions ingénieuses, s’est à ce point opposé à un accord qui, dans une certaine mesure, rejoignait ses propres efforts.
Il est vrai que les contacts entre les présidents Kabila et Kagame se sont déroulés dans la plus grande discrétion, via des intermédiaires militaires (le général katangais John Numbi et le chef d’état major rwandais Kabarebe, des hommes peu connus pour leur loquacité) et que dans aucun des deux pays, la classe politique n’a été associée à la préparation de l’opération, pas plus que la presse, les représentants diplomatiques et autres facilitateurs ou médiateurs. Ce secret peut s’expliquer par la volonté conjointe (à Kigali et à Kinshasa) de préserver l’effet de surprise, non seulement à l’égard des rebelles hutus, dont les centres opérationnels ont été détruits, mais aussi de Laurent Nkunda qui a été intercepté alors qu’il traversait la frontière rwandaise et dont trois de ses bataillons, les plus loyalistes, étaient neutralisés par les « amis » rwandais…Le secret s’explique aussi par une certaine méfiance, éprouvée à Kigali comme à Kinshasa, tant à l’égard de la classe politique congolaise que des institutions internationales, soupçonnées de compromissions avec soit avec les FDLR soit avec le CNDP. Bref, il fallait prendre tout le monde de court, le succès de l’opération en dépendait… S’il ne fut pas informé ou consulté par le président Kabila, qui est tout de même le chef de l’armée, Kamerhe reçut cependant des explications détaillées et de première main dans les heures qui suivirent le début de l’opération. Mais le député du Sud Kivu, surfant peut-être sur l’hostilité anti rwandaise qui marque sa province, refusa de revenir sur son jugement et s’engagea dans un conflit ouvert avec le chef de l’Etat et surtout avec les conseillers katangais qui avaient été au cœur de l’accord conclu avec le Rwanda.
Que d’autres aient réussi ce que lui-même se proposait de mettre en œuvre n’a donc pas été accepté par Kamerhe. Sa réaction est à mettre en parallèle avec d’autres critiques : alors que depuis des mois, des mois, voire des années, la « communauté internationale » assure que Kinshasa doit se rapprocher de Kigali, mettre en œuvre les dispositions de la CEPGL (Communauté économique des pays des Grands Lacs) qui prévoient d’ailleurs d’éventuelles coopérations militaires (en 1990, Mobutu avait envoyé la DSP auxc côtés de son ami Habyarimana…)le fait que cette fois les deux présidents aient décidé, de leur propre initiative, de réchauffer leurs relations et d’entreprendre une opération militaire contre leurs ennemis communs n’a été salué par aucune capitale européenne ! Comme si la paix ne pouvait être validée que lorsque les termes en ont été dictés par l’extérieur…
La démocratie congolaise, encore jeune et fragile, aurait pu faire l’économie d’un conflit aussi contreproductif entre les deux centres de pouvoir, le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée, qui doivent tant l’un à l’autre.
Mais comment ne pas se rappeler que voici un demi siècle, c’est un conflit comparable, opposant deux légitimités, celle du président Kasavubu et celle du Premier Ministre Lumumba, qui avait précipité la fin du premier régime issu des élections, un régime nationaliste auquel les Occidentaux, en ces temps de guerre froide, s’étaient alors farouchement opposés…

source : http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman

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