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28 juin 2010

Territoires, développement et mondialisation,

Territoires, développement et mondialisation,

points de vue du sud alternatives sud volume 15-2008/1

Editions Syllepse 69 rue des Rigoles F 75020 Paris, 200 pages
Territoires nationaux et espace global
Cinquante d’ans d’hégémonie de l’idéologie de croissance en matière de développement ont débouché sur des échecs et des impasses environnementales manifestes. Portée d’abord par les rhétoriques nationalistes conférant un rôle majeur aux Etats et aux territoires nationaux, puis par des rhétoriques globalistes visant l’intégration à l’espace ‘sans frontières’ du marché mondial, la ‘modernisation’ du Sud n’a pas tenu ses promesses. Si elle s’appuie ces quinze dernières années sur une revalorisation de la dimension locale, parallèle à l’affaiblissement des Etats, c’est pour y promouvoir les normes d’une ‘bonne gouvernance’, fonctionnelle à la marchandisation et aux intérêts des acteurs globaux.

Dans la réalité concrète de la vie quotidienne, les dynamiques locales de développement prennent des formes multiples, complexes et contradictoires. Le global n’homogénéise pas tous les espaces, il s’ajoute à l’imbrication des échelles spatiales héritées du passé. L’approche des stratégies adaptatives des acteurs populaires ruraux et urbains, en rupture avec l’image des ‘victimes passives’ du mal-développement, invite à redécouvrir les rapports entre satisfaction des besoins vitaux et production du territoire, de l’identité et du lien social. Au-delà, elle s’interroge sur les dimensions d’une ‘reterritorialisation’ des conditions du développement des peuples et de leur bien-être.

Il est nécessaire de mettre en valeur la complexité des relations entre territoires et mondialisation, en montrant que les enjeux ne se réduisent pas aux seules dimensions économiques ou géopolitiques dans lesquelles ils sont souvent enfermés.

Au delà des mutations évidentes, il y a la question d’une éventuelle continuité entre les logiques dominantes de développement qui ont été imposées lors de la construction des ‘territoires nationaux’, et celles qui imposent les références à ‘l’espace global’. Historiquement cela concerne autant le Nord que le Sud, dans le long processus de mondialisation, dominé depuis le 16ème siécle par les logiques de ce qu’Immanuel Wallerstein a appelé ‘l’économie-monde’ capitaliste.

Au point de vue historique une analyse des rapports entre territoire et mondialisation ne peut faire l’impasse sur le problème des relations entre les milliers de ‘territoires locaux’ construits à travers le monde, durant les siècles qui ont précédé cette ‘économie-monde’, et l’imposition, souvent par la force, de la dimension de l’Etat centralisé. Au Nord, cela s’est fait à travers les phases successivement mercantilistes, libres–échangistes et régulationnistes des rapports entre Etats, marché et accumulation du capital. Au Sud cela s’est fait dans le cadre des phases successives coloniales/mercantilistes, impérialistes/libre-échangistes, coloniales/protectionnistes, de ce ‘l’école de la dépendance’ a qualifié, il y a déjà quarante ans, de relations centre-périphérie entre le Nord et le Sud.

Après la seconde guerre mondiale, le paradigme fondateur et dominant du développement a été incontestablement le paradigme de la modernisation. Dans la vision des théoriciens de la modernisation, l’Etat était reconnu important, surtout pour contrôler et mobiliser les ressources de la société rurale afin de lancer le processus de modernisation, axé sur une croissance portée par l’industrialisation. Dans les pays du Sud, le rôle de l’Etat a été évidemment fondamental pour élargir la base de ‘l’accumulation primitive’, largement inachevée vu le poids du secteur rural dans l’économie.

Depuis une quinzaine d’années un grand nombre d’observations mettent en exergue le décalage croissant existant entre le discours normatif ou la globalisation et les nouvelles formes de crises urbaines rurales qu’on voit se manifester dans le Sud. Là depuis les années 1990 on a vu s’amplifier de nouvelles formes de crises agraires. Loin d’être le signe de l’archaïsme de l‘agriculture, elles se sont manifestées dans un contexte de progrès spectaculaire de la productivité agricole, à travers la ‘chimisation’ et la mécanisation massives, la mise en œuvre des biotechnologies. Au Sud, dans un contexte de croissance démographique élevée, l’aggravation de la crise agraire a provoqué et continuera à provoquer une aggravation de la crise urbaine. Les migrations campagnes-villes ont entraîné, depuis les années 1980, une gigantesque dilatation des grandes mégapoles.

Les populations, abandonnées à elles-mêmes par les élites globalistes de l’accumulation, prennent des initiatives pour survivre, pour s’organiser, s’entraider, trouver de nouvelles formes de solidarité qui peuvent faire face à la crise sociale structurelle et aux besoins les plus immédiates en termes de santé, hygiène, habitat, alimentation. Les formes d’organisations dominantes de ces initiatives sont des associations, des mutuelles, des coopérations de caractère informel. Ces activités se déploient toujours à l’échelle locale, à l’intérieur des quartiers des mégapoles, des villes moyennes ou des villages. L’invention du local consiste, avant tout, dans la maîtrise d’un nouvel espace.

De 1945 à 1980, la territorialisation politique fait de l’Etat l’acteur du développement, et de la nation l’espace de ses politiques. Avec le consensus de Washington (1980-2000), elle est supplantée par une territorialité concurrentielle qui considère le marché global comme le territoire des pratiques économiques.

Les impasses de ces deux extrémismes invitent à une réappropriation populaire des dynamismes de développement (Cf Thierry Amagou, économiste camerounais) Les acquis sociaux des Trente Glorieuses se disloquent au Nord, tandis qu’au Sud, les régimes de croissance nationaliste et leurs mécanismes de redistribution n’ont plus les moyens de leurs politiques suite à l’ajustement. Chaque territoire impose sa vision normative du développement dont l’ambition universelle du cadre interprétatif se trouve cependant incapable de cerner la complexité des évolutions structurelles et institutionnelles réelles des sociétés.

Les pratiques populaires constituent des contre- cultures du développement pour le modèle dominant et ses centres. Elles définissent des territorialités politiques, concurrentielles et culturelles permettant non seulement de sortir des extrémismes, mais aussi d’exploiter les synergies dans un dynamisme d’ensemble qui enchâsse l’économique dans le social.

De la période précoloniale aux récentes politiques de décentralisation, le maillage territorial du Niger a suivi des logiques diverses, souvent imposées de l’extérieur et en porte-à-faux avec les dynamiques locales. L’observation attentive des réalités indique que les ‘grappes villageoises’ viables et fonctionnelles ne sont plus à créer, car elles existent déjà. Ce sont elles qui prennent en charge le développement, contre vents et marées.

Le Niger dans son ensemble appartient aux territoires marginaux, supposés être peu influencés pour le global. Le territoire d’Aguie, non loin d’être un espace figé, comporte une multitude de territoires juxtaposés imbriqués, chevauchés, qui témoignent d’une appropriation à la fois sociale, politique et culturelle des différents acteurs qui y vivent. La configuration actuelle du territoire lui donne une identité propre lui permettant de structurer les conditions pratiques de l’existence des individus et des groupes sociaux.

Ce territoire possède également une compétence économique qui l’insère dans la dynamique globale et mondiale. Les logiques de commercialisation des produits agricoles n’épargnent pas le plus petit espace. Et le sésame produits à Aguie est exporté jusqu’en Europe. La région participe dès lors au ‘global’, mais reste marginalisée dans la répartition des bénéfices de cette globalisation (cf Ibrahima Amoukou, professeur à la Faculté d’agronomie et Boubacar Yamba, professeur de géographie à l’Université Abdou Moumouni)

Selon les postulats théoriques de la libéralisation, l’examen de la situation des producteurs de coton au Bénin devrait indiquer une amélioration des conditions et une progression du secteur. Or, en matière d’efficacité socio-économique et environnementale, les résultats sont négatifs.

Les acteurs dominants de l’économie mondiale ont oublié l’importance de ‘l’exception agricole’ et du rôle de l’Etat dans la construction des économies du Nord.

Georges Agbachi Ale, géographe et docteur en scienceS du développement, chercheur à Cotonou (Bénin) exprime sa ferme conviction selon laquelle aussi bien le marché que l’Etat sont indispensables pour faire jouer l’agriculture, son rôle dans l’économie de pays en développement tels que le Bénin. Mais il faudrait encore se donner les moyens d’assurer un dosage utile. D’un point de vue pragmatique, il s’agit d’éviter, pour paraphraser Joseph Stiglitz, tant le ‘fanatisme du marché’ que le ‘syndrome de l’Etat’.

Les conditions dans lesquelles survivent les populations paysannes du Kasaï occidental en République démocratique du Congo constituent la toile de fond de l’agir des acteurs associatifs locaux mobilisés contre la précarisation collective. Leurs pratiques reflètent l’échec d’un modèle de développement basé sur l’accumulation et l’occidentalisation du monde, et permettent d’exporter les voies empiriques d’un autre développement (cf Grégoire Ngalamulume Tshiebue, chef de travaux à l’Institut supérieur de développement rural de Tshibashi, Rdc).

La stratégie de mise en place par les paysans de Belle-Fontaine en Haïti d’une nouvelle gouvernance associative dans leur communauté correspond à une dynamique propre de sécurisation et d’intégration politique de leur territoire. Elle ne vise pas à reléguer l’Etat au second plan dans le processus de développement, mais tend à se réapproprier un espace public trop longtemps confisqué par les élites locales, nationales et internationales (cf Fritz Dorvilier, sociologue et docteur en sciences de développement, professeur d’université à Haïti)

Le traitement des violences à l’égard des femmes est souvent cantonné aux rapports de genre prévalant dans la sphère domestique. Or, au Honduras et ailleurs en Amérique latine, les violences contre les femmes dans l’espace public ne cessent de croître. Cette tendance est à situer en aval de deux processus de restructuration socio-territoriale liés à la mondialisation : l’expansion de l’industrie maquiladora et la privatisation des espaces urbains (cf Karen Bahr Caballero assistante à l’institut d’études du développement, Université catholique de Louvain-la-Neuve)

Sous l’emprise des logiques expansionnistes du capitalisme global, la région frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est devenue l’un des principaux centres de production manufacturière dans le monde. Le renversement des rapports de genre, la création d’espaces d’autonomie, les perspectives d’action de protestation contre les injustices sont au cœur de l’expérience vécue par les travailleuses des usines d’assemblage de Tiguana (cf Luis Ernesto Lopez, sociologue mexicain et professeur à l’Ecole supérieure d’architecture de Paris)

Ce numéro de la revue Alternatives sud contient de riches éléments de réflexions pouvant éclairer les relations entre le global et le local, entre le marché et l’Etat ainsi que les problèmes liés à l’exode rural et à la macrocéphalie des capitales des pays d’Afrique.

Amady Aly Dieng

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