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1 juillet 2010

Notes de lecture Les états nations face à

Notes de lecture
Les états nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'ouest ; le cas du Sénégal par Amadou Diop, Aminata Niang Diène et Alii : Les défi de l’intégration économique ouest-africaine
Trois cents ans de colonisation ont formaté le Sénégal dans un axe Dakar-Paris, alors que la capitale sénégalaise devrait également jouer un rôle fédérateur en tant que capitale de l’Afrique occidentale sous domination française. En réalité le rôle administratif dévolu à Dakar ne s’est pas accompagné d’une mission politique et économique dans la perspective de l’intégration régionale. C’est sans doute cela qui a précipité, en partie, l’implosion de l’Aof au moment des indépendances.


Pays côtier à la croisée des grands axes de communication entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique, le cas du Sénégal est illustratif de la volonté de s’intégrer dans un ensemble régional. En effet, le Sénégal est confronté à un problème d’aménagement de son territoire, marqué par la congestion de 80 % de sa population dans le tiers Ouest du pays.En 1997, cette partie avait accueilli 89 % du volume d’investissement et 81, 4% des emplois modernes. Ce basculement des activités économiques vers les côtes a eu pour conséquence une désaffection des régions intérieures avec les autres régions du pays Membre actif de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le Sénégal se doit d’harmoniser sa vision avec celle de la sous-région. Une mise en cohérence des orientations nationales avec la politique communautaire favoriserait un partenariat fécond. C’est en cela que les conclusions du séminaire sur ‘les Etats-Nations face à l’intégration en Afrique de l’Ouest’, tenu à Dakar constituent un bréviaire et une feuille de route pour l’intégration définitive du Sénégal dans l’ensemble sous-régional.

C’est l’objet de cet ouvrage collectif dirigé par Amadou Diop, professeur de géographie à l’Ucad, dont l’essentiel des conclusions peut se résumer ainsi : l’intégration régionale est une nécessité vitale pour les petits Etats comme le Sénégal car, quelque soit la politique de développement, la croissance se heurtera inévitablement à l’étroitesse du marché national. Il s’avère donc nécessaire de favoriser un schéma d’aménagement en tenant compte de l’histoire, de la géographie, de la culture et de facteurs dynamisants comme l’Union africaine et le Nepad.

Depuis le moyen âge déjà (8-15e siècles), les populations ouest africaines ont, à travers des Etats forts et bien organisés, décloisonné les espaces en mettant en œuvre une véritable intégration économique. Ni la traite négrière et l’insécurité généralisée qu’elle a engendrée, ni la colonisation et la balkanisation du continent qu’elle a renforcée, ni l’égoïsme des nouveaux Etats plus enclins à défendre leur souveraineté nationale, n’ont pu la détruire. Cette étude sur la longue durée (8-21e siècles) cherche à suggérer des repères pour mieux réussir le défi de l’intégration économique ouest-africaine. Trois grandes parties la structurent. La première traite des dynamiques d’intégration au moyen âge (8e-16è siècles) et donc, du rôle du commerce transsaharien. La deuxième s’intéresse à la grande période qui coïncide avec l’introduction européenne (16e–19e siècles) et ses effets sur le rapprochement des espaces et des peuples ouest-africaines. La troisième répertorie et analyse les tentatives de regroupement économique au lendemain des indépendances (cercles concentriques (Cf Brahim Diop).

Cet article bien documenté mérite d’être examiné d’une manière critique. Car le commerce transsaharien a contribué à l’intégration de l’Afrique de l’Ouest dans le système capitaliste méditerranéen en formation. L’intrusion européenne a contribué à intégrer l’Afrique de l’Ouest dans le système capitaliste à la suite du commerce atlantique. Ces facteurs (commerce transsaharien et commerce atlantique ont été des obstacles majeurs à la réalisation d’une intégration économique entre les différents Etats de l’Ouest-africain.

Le survol des politiques d’intégration et de décentralisation par Aboubacry Demba Loum montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour une meilleure prise en charge des besoins des populations. L’intégration reste encore trop lointaine pour les populations. Les voies de communication et de la pénétration, dont la principale fonction était de drainer les produits de l’intérieur vers la côte et d’envoyer les produits manufacturés à l’intérieur des terres, servant également à structurer l’espace et à lui conférer un aménagement de type fédéral.

C’est dans cette logique que des routes ou des voies ferrées furent construites sur des axes ayant pour point d’ancrage les villes côtières ; Dakar-Saint Louis, Thiès-Kayes, Conakry-Niger, Abidjan-Niger. Au lendemain des indépendances, les nouveaux Etats se sont lancés dans des réformes d’ordre administratif, institutionnel et structurel, visant l’aménagement du territoire. Mais, à la place d’une vision globale et unitaire de l’espace à travers de grandes infrastructures structurantes comme les routes transfrontalières et les pistes de production permettant une meilleure intégration des espaces transnationaux, les nouveaux Etats africains en général, et ceux de l’Union en particulier, en ont eu une approche parcellaire, voire sectorielle. Ainsi les économies furent organisées dans des perspectives nationales plutôt que dans une optique de complémentarité régionale. Mais, de plus en plus, les pays de l’Afrique de l’Ouest, de façon consciente mais encore timide, prennent en compte dans leur stratégie de développement l’intégration régionale et sous-régionale. Sous ce rapport, il convient de noter que le Nepad place les infrastructures au cœur de ses préoccupations sectorielles (transports et télécommunications).

L’auteur de l’article Transports, communications et intégration régionale, Mamadou Kassé n’a pas expliqué les choix théoriques qui sont à la base de la conception par le Nepad des infrastructures. Pourquoi les acteurs de ce plan ont gardé le silence sur l’industrialisation systématique de l’Afrique accompagnée d’une modernisation de l’agriculture du continent ? Peut-on développer l’Afrique à partir de capitaux privés étrangers ? L’Afrique est déjà intégrée dans le marché mondial atlantique depuis la victoire de la caravelle sur la caravane pour employer les mots de Godhino.

L’Afrique a perdu sa centralité pour avoir des vues océanes. Ce type d’intégration impériale doit être liquidé pour que l’intégration nationale et régionale puisse se réaliser. Comment réaliser une intégration régionale sans réaliser une intégration nationale ? L’auteur n’a pas abordé systématiquement la question nationale dans les différents pays de l’Afrique de l’Ouest. Ce sont là des questions difficiles, qu’on ne peut éluder.

La vision déclinée dans la déclaration de politique nationale d’aménagement du territoire ‘promouvoir un développement territorial, généralisé et diffus’ s’appuiera sur le rôle stratégique que peuvent jouer les villes dans le processus de création de richesses et l’intégration des économies nationales et supranationales.

Dans ces conditions, l’idée de promotion de villes secondaires stratégiques, inscrite dans une série de bouleversements urbains contribuerait à fortement, à la requalification des aires géographiques et donneraient des atouts réels pour stimuler les activités productives. Les économies transfrontalières trouveraient des supports indispensables à leur intégration. Un réseau bien articulé de villes-marchés apporterait une touche significative aux économies locales transnationales (Alexis Campal).

La communication de Mouhamadou Abdoul et de Lotje de Vries explore la coopération transfrontalière entre trois pays : la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal. Cette partie de la Sénégambie méridionale donne en effet à voir un dynamisme et une diversité des secteurs dans lesquels les échanges transfrontaliers sont foison. Les acteurs locaux tissent au quotidien la trame d’une ’intégration de proximité’ et dessinent l’épure d’une articulation entre différentes échelles qui, toutes, concourent à relier et souder les initiatives locales de coopération transfrontalière aux processus d’intégration de deux ou plusieurs Etats-nations.

La décennie 1990-2000 a été marquée en Afrique de l’ouest par un regain des politiques de décentralisation et d’intégration régionale. Le traité de la Cedeao a été révisé tandis que l’Uemoa et la Cémac sont créées. Durant la même période, les politiques de décentralisation sont revisitées et d’importantes réformes sont entreprises pour renforcer les compétences et les moyens des collectivités locales.

Toutefois, les politiques d’intégration et de décentralisation ont évolué dans une grande ignorance l’une de l’autre Or, la construction d’une communauté d’intérêt suppose de tenir compte des peuples et du rôle des acteurs infra étatiques (Cf Ibrahima Thioye).

Abderahmane Ngaide part du principe que la Mauritanie en tant qu’Etat indépendant et souverain tente depuis plusieurs décennies de tourner le dos à cette partie d’’elle-même’ qui a participé de manière incontestable au façonnement de ce moulage social dont découle son identité hybride. Mais aussi que le Sénégal, malgré son ancrage démocratique séculaire et ses volontés politiques –décentralisation, reconnaissance de six langues nationales– semble délaisser ce qui se passe à ses périphéries, poussé qu’il est par son économie arachidière au point de confondre l’ensemble du Sénégal avec sa région centrale. Les volontés nationalistes et les luttes internes, en Mauritanie, ont conduit vers une sorte de différentiation ; que seuls les fantasmes –les luttes symboliques autour des langues, de la gestion des terres de la vallée– tendent à instituer comme le terreau de la différence innée et de l’incommunicabilité permanente. Et la sublimation que produit le mode de développement ‘islamo-wolof’, au Sénégal, a lui aussi entraîné une légère négligence de tout ce qui ne s’apparente pas à cette réalité. Tout cela pose en définitive la problématique du mode de construction de l’Etat-nation et du modèle spécifique à partir duquel il doit s’épanouir au bénéfice de l’ensemble des communautés ethniques ou tribales qui le composent.

Mais à l’intérieur de ces constructions ‘artificielles’, les identités se recherchent, négocient et se différencient sur des champs assez variés au point que ce qui est pensé représenter l’ensemble n’est en fait qu’à l’état de projet. Ce projet pose la notion d’altérité quotidienne. L’Etat-nation se re-trouve ainsi invalidé car pris dans le piège de son effectuation inachevée. La colonialité a, pour sa part, été, en Afrique, une forme de césure, un lieu d’écrasement, mais aussi de reconstruction permanente des cultures de cette géopolitique qu’il tentait de détruire, pour lui subtiliser une autre forme d’organisation spatiale capable de répondre à ses fantasmes d’encadrement.

Dans ce texte, A Ngaidé essaie, à partir d’exemples tirés d’une partie de l’histoire des populations du bassin sénégalo-mauritanien, de montrer que des relations multiformes ont toujours existé entre ces deux territoires qui allaient devenir la Mauritanie et le Sénégal.

Partant du constat que l’intégration est d’abord une réalité des peuples, l’étude de Baba Dioum explique que l’agriculture est le secteur qui permet de mieux inclure les populations dans ce processus. Il montre aussi que le développement du secteur agricole induit la mobilité nécessaire aux populations pour s’intégrer et montre le passage des politiques agricoles émotives, caractérisés par l’insécurité alimentaire avec un accent pour le court terme, vers une politique agricole commune et durable, caractérisée par la lutte contre cette insécurité alimentaire et une préférence pour le long terme.

Amadou Diop a longuement traité de la nouvelle stratégie à adopter pour réaliser un développement territorial intégré. Il a choisi une approche spatiale à l’échelle sous-régionale.

Boubacar Barry est demeuré fidèle à une de ses positions qui est en faveur de la constitution de la Sénégambie. Il écrit dans la préface : ‘Au Sénégal, comme dans les autres Etats, l’accent est mis sur la notion de ‘pays frontières’, en particulier les frontières invisibles qui séparent la Mauritanie du Sénégal, et sur les dynamiques locales et la coopération en Sénégambie méridionale qui engage le destin des populations de la Guinée-Conakry et de la Guinée-Bissau, de la Gambie et du Sénégal dans un espace étriqué par la fragmentation politique des Etats-nations’.

Ce livre contient des contributions fort riches et bien documentées. On peut regretter que des concepts comme l’Etat-nation, la coopération, l’intégration n’aient pas été très bien clarifiés.

Amady Aly DIENG

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