En toute sincérité A l’épreuve du message anti

En toute sincérité

A l’épreuve du message anti Gbagbo

Le message de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) à Laurent Gbagbo est porté par trois Présidents dont Boni Yayi. Avec le Cap Verdien Pedro Pires et le Sierra Léonais Ernest Koroma, le Chef de l’Etat a la lourde charge de faire changer d’avis à l’Ivoirien qui s’accroche obstinément au pouvoir malgré la sentence des urnes. Boni Yayi à la rencontre de Gbagbo : le voyage de fin d’année à Abidjan est chargé de leçons fatales pour l’illusion royale accablant les esprits dans nos palais de la République.

La délégation Yayi est porteuse d’un message émouvant pour le vaincu de la présidentielle en Côte d’Ivoire. Gbagbo est invité à quitter le pouvoir. Cet appel de la Cedeao est assorti d’une terrible menace de recours à la force. La chaude lettre à remettre à Gbagbo mardi vise à brûler ses envies. Yayi a le privilège de toucher à la boule de papier incandescent destiné à consumer la résistance et les espoirs du président éjecté par les urnes. Le choix de Yayi délaye dans une certaine mesure un hommage au Bénin, terre de la démocratie. La fierté nationale se hisse logiquement et prend de l’altitude devant la récompense du mérite national. Yayi a l’opportunité de goûter à l’ambiance des ultimes instants de Gbagbo, un président battu aux élections et qui défie la communauté internationale. Cette chance inouïe ne doit pas être gaspillée. Elle est génétiquement pédagogique..

Yayi vivra comme ses pairs du Cap vert et de la Sierra Léone une exceptionnelle sensation au moment de la remise du papier historique au président sortant rejeté par l’Onu, l’Ue, la Cedeao et les urnes. Ainsi l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire et la pression sur le mauvais perdant font évaporer nos craintes de période d’alternance. La détermination de la Cédeao offre la garantie que le gbagboïsme ne peut faire école. Quiconque barrira comme l’éléphant blessé dans les urnes à Abidjan, subira le même sort que lui. Le destin du pachyderme est un sérieux avertissement à tous ces chefs d’Etat africains vivant dans l’obsession du pouvoir.

Yayi sera témoin de l’aurore politico électorale qui se lève sur la Côte d’Ivoire avec le départ inexorable de l’usurpateur. Cette expérience devrait être très excitante en cette fin de mandat. Les agitations de Gbagbo et la noble mission confiée à Yayi et ses pairs règlent nos incertitudes domestiques. " En cas de rejet de cette demande non négociable, la communauté n’aura d’autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien", prévient la Cedeao. L’organisation sous régionale a désormais horreur de valider un détournement de la volonté des peuples.

La Nation béninoise ne devrait pas tarir d’éloges sur la Cedeao qui a honoré le président Yayi élevé au rang de porteur de message à Gbagbo dont les frasques provoquent déjà des flaques de sang après la pluie de feu tombée sur la Côte d’Ivoire. Le yayisme devrait pratiquer la religion de la Cedeao pour se démarquer du gbagboïsme.

Yayi en père Noël, apportera au président ivoirien rejeté , le joli cadeau de la Cedeao sous le requiem d’un gbagboïsme nocif. Paul Yao N’dré suivra dans la douleur cette visite des hôtes de luxe de Laurent Gbagbo, porteurs de la mauvaise nouvelle, celle qui va endeuiller le camp Fpi et une mouvance brûlée dans les urnes. Evidemment, le roi déchu ne verra pas Yayi dans la peau de l’Ange Gabriel. Ce voyage du président béninois à Abidjan fait planer des risques de représailles sur nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire. Les fous de Gbagbo ont repris du service. Le message remis à Yayi n’est pas de nature à calmer ces démons jetés dans la rue par le pouvoir en ruine. La délicate mission appelle une urgence : protéger les ressortissants béninois contre la parade meurtrière des aliénés et drogués du Gbagboïsme.

Yayi lui-même doit s’armer de prudence car la lecture du message de la Cedeao peut rendre davantage nerveux le président aux abois. Investi théâtralement, non sans illusion, par son ami et unique soutien Paul Yao N’dré, Laurent Gbagbo prisonnier de réaction épidermique reste hostile à toute blague. Son entourage se condamne à délirer.

Pour toute l’Afrique, le signal est fort : ni le syndrome Gbagbo, ni la contagion Yao N’dré n’auront lieu. Le Bénin est rassuré : son président sortant Yayi est officiellement anti- Gbagbo.

27-12-2010, Sulpice O. GBAGUIDI