HISTOIRE ET CULTURE

10 janvier 2011

Massacre du 28 septembre :

l’ONU reconnaît un "crime contre l’humanité" en Guinée

mardi 22 décembre 2009 par webmaster

28 septembre 2009. Une foule compacte se rassemble dans le grand stade de Conakry, capitale de la Guinée, pour protester contre la junte au pouvoir. L’armée ouvre le feu. Bilan : 157 morts et un millier de blessés. Après le massacre, les Bérets rouges (surnom donné aux militaires fidèles à la junte) procèdent en masse à des arrestations arbitraires, des vols, des tortures et des viols collectifs. Des journalistes sont menacés de mort pour qu’ils ne racontent pas les scènes vues. Autant d’événements qui sont aujourd’hui qualifiés de "crime contre l’humanité" par la commission d’enquête internationale nommée par l’ONU.

Lundi matin, le ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner a déjà utilisé ce qualificatif pour évoquer la tuerie du 28 septembre en Guinée. "L’épisode du stade regarde les Guinéens et le monde entier, car c’est un crime contre l’humanité", a-t-il dit à Paris, lors d’une rencontre avec des journalistes membres de The European American Press Club. Jeudi dernier, c’est Human Rights Watch qui a publié un rapport accablant sur les événements de Conakry. "Les preuves réunies par HRW laissent supposer que les meurtres, les viols et les autres abus commis par les forces de sécurité le 28 septembre et après cette date constituent un crime contre l’humanité. L’échelle et le niveau d’organisation de ces crimes laissent fortement penser que les attaques étaient généralisées et systématiques", a écrit l’organisation.

Forte instabilité politique

Après ces massacres, la France a gelé sa coopération militaire avec la Guinée, conseillant à ses ressortissants de quitter le pays . À Washington, le département d’État a annoncé que les familles des diplomates américains en poste à Conakry qui avaient été déplacées au Sénégal voisin seraient renvoyées aux États-Unis, Washington n’entrevoyant pas de solution immédiate à la crise.

La Guinée connaît une forte instabilité politique depuis la mort, en décembre 2008, du président Lansana Conté, qui tenait le pays depuis 24 ans. Quelques heures après son décès - à la suite d’une longue maladie -, un coup d’État militaire

porte au pouvoir un inconnu, le capitaine Moussa Dadis Camara. Invariablement coiffé d’un béret rouge, ce quadragénaire s’autoproclame président de la Guinée . Pendant un an, il mène une politique autoritaire et réprime sévèrement tout mouvement d’opposition. Mais le 3 décembre dernier, coup de théâtre, l’aide de camp de Moussa Dadis Camara se retourne contre lui et tente de le tuer. Toumba (aide de camp) dit avoir essayé d’éliminer Camara parce qu’il voulait lui faire porter seul la responsabilité des massacres du 28 septembre à Conakry.

Gravement blessé par balle à la tête, le chef de la junte doit être exfiltré vers le Maroc, où il se trouve toujours en convalescence. Dans le même temps, c’est le général Sékouba Konaté qui a pris les commandes de la Guinée, un président "par intérim" considéré comme le militaire le plus puissant du pays. C’est l’homme-clef de la prise du pouvoir par l’armée, fin 2008. À peine arrivé au pouvoir, il a violemment recadré l’armée, lui demandant de "mater" les "brigands en son sein", non pour les événements du 28 septembre, mais pour la tentative d’assassinat contre Moussa Dadis Camara. Le ton est donné.

Scènes d’émeutes dans le stade de Conakry, le 28 septembre 2009, au moment où le massacre commençait

Source : Lepoint

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