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10 janvier 2011

Afrique Indépendances de 1960:Les petits dessous

Afrique

Indépendances de 1960:Les petits dessous des grandes commémorations

mardi 7 septembre 2010 par Inyuki 

C’était pour beaucoup de pays le passage obligé de cette année 2010  : célébrer le cinquantenaire de l’indépendance. Mais comment, et avec quels moyens, quels partenaires  ? De manière modeste ou fastueuse  ? Tour d’horizon des solutions retenues.

Que faire en cette année de cinquantenaire  ? La réponse à cette question a suscité des débats animés entre les chefs d’État et leurs états-majors dans les dix-sept pays africains qui fêtent cette année leur demi-siècle d’indépendance. Afin de commémorer l’événement, les dirigeants ont opté pour différentes options allant de la célébration artistique fastueuse au geste symbolique. Les boîtes de communication, les groupes spécialisés dans l’événementiel et les fabricants d’images ont cherché à se positionner sur ce juteux marché.

« Nous avons travaillé avec les comités nationaux chargés de la préparation des cinquantenaires, explique Emmanuel David, directeur de l’entreprise française Market Place, une filiale de GL Events. L’objectif était de coopérer avec les sociétés et les artistes locaux pour monter nos spectacles. » Ce professionnel de la com’ a tenté une première approche auprès des officiels africains au cours des 6es Jeux de la francophonie, qui se sont déroulés à Beyrouth en 2009, dont il organisait la cérémonie d’ouverture. Il s’est ensuite déplacé au Congo-Brazzaville et au Gabon, en février dernier, en compagnie d’Olivier Roux, le vice-président de GL Events (près de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires) et d’un lobbyiste politique bien connu en Afrique, l’ancien ministre français de la Défense, Charles Millon. Le trio a d’abord convaincu le chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso, et Charles Zacharie Bowao, ministre de la Défense et vice-président du comité du cinquantenaire, de leur confier l’organisation d’un grand spectacle. Avant d’emporter l’agrément du président du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Dans la capitale gabonaise, le show son et lumière de cinquante minutes s’est déroulé le 16 août en face du Palais du Bord de mer. À travers différents tableaux mis en scène par Philippe Cieutat, le public a vu défiler une grande fresque historique  : Gabon primitif des Pygmées, ouvrages des temps modernes, découverte de Libreville par les colons, marche vers l’indépendance. Le spectacle a mobilisé 170 artistes locaux, comédiens, musiciens, chanteurs, et 350 figurants. Près de 150 techniciens français et gabonais ont manœuvré 45 tonnes de matériel transporté depuis la France. Le coût de la prestation, que n’a pas voulu confirmer le responsable de Market Place, s’élèverait à près de 3 millions d’euros.

Deux jours plus tôt, à Brazzaville, le stade Alphonse-Massamba-Débat a accueilli un autre spectacle qui a rassemblé plus de 15 000 spectateurs. Le metteur en scène, Daniel Charpentier, a fait défiler un millier d’artistes et de figurants pour raconter « le territoire, l’histoire et le peuple du Congo » sur fond d’images documentaires. L’événement a été relayé sur écrans géants dans la capitale et diffusé à la télévision. « Nous sommes en négociation avec les autorités maliennes pour la préparation d’un autre grand show sur le fleuve Niger, lequel pourrait se tenir avant la fin de l’année », indique Emmanuel David.

Gourous de la com’

Autre grand gourou de la com’ à avoir tiré son épingle du jeu pour les cérémonies du cinquantenaire  : Stéphane Fouks. Le patron du groupe français Euro RSCG a vendu au président camerounais, Paul Biya, auprès duquel il agit parfois comme conseiller, une réflexion prospective sur les nouveaux défis de l’Afrique… « Au lieu de nous replonger dans un passé qui indispose souvent Français et Africains, nous avons préféré nous projeter sur les enjeux de développement économiques et sociaux du continent », explique Marcel Gross, directeur associé d’Euro RSCG. Le colloque Africa 21 s’est déroulé les 18 et 19 mai à Yaoundé avec comme guest stars les présidents Ali Bongo Ondimba (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Fradique de Menezes (São Tomé e Príncipe), les anciens secrétaires généraux des Nations unies Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan, les ex-Premiers ministres français Michel Rocard et Alain Juppé, ou encore le conseiller à la sécurité de Nicolas Sarkozy, le très maçonnique Alain Bauer. Ce sont les équipes du centre américain de recherche Brookings Institution, de CAPafrique, think-tank présidé par le banquier d’origine béninoise Lionel Zinsou, ainsi que de son équivalent allemand, Deut­sche Gesell­schaft für Auswärtige Politik, qui se sont chargés de contacter certaines têtes d’affiche et de produire les études techniques.

Euro RSCG a aussi orchestré la réalisation d’un livre d’entretiens, L’Émergence de l’Afrique (éd. Le Cherche Midi), croisant les regards de Paul Biya, d’Abdoulaye Bio-Tchané, président de la Banque ouest-africaine de développement, et de Youssou N’Dour, musicien sénégalais, qui répondent aux questions des journalistes Christian Malard et Florence Klein-Bourdon, sur des thèmes aussi vastes que l’économie, la pauvreté ou la culture.

Made in china

Enfin, Fouks a vendu une opération de célébration du premier anniversaire de la disparition d’Omar Bongo Ondimba, le 8 juin dernier. À cette occasion, Libreville arborait des photos-souvenirs et de nombreux panneaux publicitaires proclamaient  : « 365 jours, papa, tu es dans nos cœurs toujours et à jamais. » Euro RSCG a, en outre, proposé ses services en Côte d’Ivoire, mais la présidence du comité d’organisation, confiée à l’ambassadeur du pays en France, Pierre Kipré, a revu ses ambitions à la baisse, faute de moyens. En début d’année, les autorités tablaient sur un budget prévisionnel de 20 milliards de F CFA (30 millions d’euros), dont 4 milliards provenant de l’État et les 16 autres de « généreux sponsors ». Mais la plupart des entrepreneurs privés ont refusé de mettre la main à la poche, invoquant les retards dans le paiement de la dette intérieure ou les problèmes de délestage électrique.

Pierre Kipré et son épouse, Angélique, ont alors mobilisé les bonnes volontés pour organiser un défilé de mode à l’hôtel Masseran, le 7 juin à Paris, au cours duquel sept créateurs ont présenté leurs collections. « Notre pays traverse une période difficile, explique Pathé’O, le styliste des chefs d’État. Nous nous sommes déplacés gratuitement pour marquer cet anniversaire. » Les autorités ont aussi monté un colloque international à Yamoussoukro et une fresque chorégraphique au stade Houphouët-Boigny d’Abidjan, sous la direction de l’Ivoirien Georges Momboye. Leur réalisation a été confiée à des entreprises locales, notamment à Axes Marketing pour la communication.

Au Bénin, le marché de l’affichage du cinquantenaire et des documents publicitaires est revenu à AG Partners Bénin. Cette filiale de l’agence parisienne est dirigée par le conseiller en communication du chef de l’État, Didier Aplogan. Les photos des présidents du pays ont été placardées le long des artères des grandes villes durant les célébrations. Autre filiale d’un grand groupe mondial, Spirit McCann Erickson Mali, a pour sa part obtenu la réalisation de plusieurs supports du cinquantenaire (livre d’or, agenda…).

Contraintes budgétaires

Les entreprises chinoises ont bien entendu surfé sur la vague des commémorations en jouant de leur avantage comparatif  : fabrication de pagnes, de bustes des pères de l’indépendance et de leurs successeurs, confection de pin’s, tee-shirts et autres cadeaux-souvenirs. Ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère des patrons africains. En RD Congo, le dirigeant de la Société textile de Kisangani (Sotexki), Jean Léonard Ridja, s’est scandalisé de la commande de 800 000 pagnes en Asie par le Commissariat général du cinquantenaire (CGC) alors que son entreprise n’a pas été retenue.

Au Sénégal, le financement du monument de la Renaissance africaine a également fait couler beaucoup d’encre. Confiée à l’architecte Pierre Goudiaby, sa construction a été financée par la vente de terres autour de l’aéroport international de Dakar. L’ouvrage, représentant un couple portant un enfant et haut de 50 m, a été construit par la société nord-coréenne Mansudae Overseas Project Group. « Cette statue n’a pas coûté un franc au budget du Sénégal  : j’ai payé en donnant un terrain, s’est défendu le président Abdoulaye Wade. Sinon, même si j’ai la majorité à l’Assemblée, les députés n’auraient pas accepté de voter 12 milliards de F CFA. C’est une construction de l’esprit, une ingénierie financière qui nous permet de construire cette statue. Rien n’est assez grand pour l’Afrique  ! »

Le Niger, le Tchad et la Centrafrique ne risquent pas de connaître ce genre de polémique. À Niamey, alors que le pays traverse une grave crise alimentaire, les autorités de transition ont préféré les gestes symboliques. Le président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), le général Salou Djibo, a présidé, le 3 août, une « fête de l’arbre » dans le cadre des efforts de réhabilitation de la ceinture verte de la capitale. À N’Djamena, le président Idriss Déby Itno a reporté la célébration du cinquantenaire, le 11 août, au 11 janvier 2011. Justification  : la saison des pluies et la période du ramadan sont peu propices aux festivités commémoratives. À Bangui, le président Bozizé a enfin décidé de coupler la fête du cinquantenaire, prévue le 13 août, avec la proclamation de la République centrafricaine, ancienne Oubangui-Chari, le 1er décembre 2010. Raison invoquée  : les économies budgétaires.

Par Pascal Airault Jeune Afrique

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