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5 janvier 2012

Notes de lecture - Du baobab au chêne… Rêve

Notes de lecture -
Du baobab au chêne… Rêve d’enfant, mémoires d’ancien - Par Mbagnick Macodou Diop - 135 pages
A compte d’auteur, Suisse 2011 -
 La place du baobab dans les us et coutumes sérères 

Dans la mémoire collective, le baobab représente l’arbre le plus vénéré, le plus gros et le plus ombrageux comme le fromager.Ces deux espèces d’arbres ne poussent ou ne se développent en général que là où l’homme a vécu ou habité.

 Mbagnick Macodou Diop est né en 1929 à Ndouraine, un petit village dans le district de Sokone, qui a été fondé par les familles Diop, Ndour, Diouf et Diaw. Son père et ses parents, qui venaient de la région dite Languène, s’y étaient installés. Ses parents s’adonnaient dans cette zone à l’agriculture, la chasse, la pêche, l’élevage et à la cueillette. Dans ce petit village, il n’y avait ni école, ni dispensaire ou poste de santé, ni d’hôpital. Il est venu au monde sans l’assistance d’un infirmier, d’une sage-femme ou d’un médecin accoucheur. Sa mère n’a été assistée à sa naissance que par les dames les plus âgées du village que l’on appelle matrones. C’est dans ce village de campagne que les vieilles dames avaient entouré sa mère sous l’ombre du baobab. Il est, en effet, de coutume chez les Sérères que la femme enceinte se préparant à donner naissance se rapproche de ce majestueux arbre, l’idée étant que l’enfant né sous l’ombrage d’un baobab a des chances de survivre en bonne santé, le baobab symbolise la protection contre ‘le mauvais sort de certaines mauvaises langues’. Le baobab est un arbre sacré selon les Sérères.

Dans la mémoire collective, le baobab représente l’arbre le plus vénéré, le plus gros et le plus ombrageux comme le fromager. Ces deux espèces d’arbres ne poussent ou ne se développent en général que là où l’homme a vécu ou habité. Là où pousse le baobab indique l’existence de l’activité humaine et cet arbre est considéré comme la demeure des esprits invisibles et les sorciers, un lieu de prière et de sacrifice, un lieu où les Sérères font des offrandes et où ils plantent des feuilles d’arbres d’autres espèces, des racines entourées de morceaux de tissus imbibés de paroles sacrées, des bouts de bois, tout cela enfoncé dans le tronc du grand arbre qu’est le baobab. Toutes ces pratiques tirées des croyances, us et coutumes sérères, se font autour du baobab hors de la présence de tout autre humain, à la tombée de la nuit ; cela pour conjurer le mauvais sort et les esprits maléfiques qui hantent la société des hommes.

C’est sous l’ombrage majestueux du baobab que viennent aussi se purifier les circoncis, les femmes enceintes et les malades de tous âges. Pour les Sérères non convertis, toutes ces pratiques confèrent au baobab une fonction de lieu sacré, semblable à celle de l’église ou de la mosquée. Le baobab est un sanctuaire, une église, une mosquée et un ‘mur de lamentations’. Les fidèles viennent déposer tout autour du baobab sous son tronc troué, des offrandes telles que la farine, le lait, des céréales, des noix de cola et des cornes d’animaux bourrés de coton et de poudre ; tous les hommes, initiés ou non, s’adonnent à ces pratiques s’ils veulent vivre tranquille pour ne pas être frappé par les esprits invisibles que les Sérères appellent ‘Ndiath’, être qui peut vous jeter le mauvais sort entraînant votre mort. C’est un être qui se transforme en un tourbillon d’ouragan, vous envahissant d’une maladie invisible qui vous terrasse et vous étouffe irrémédiablement.

Mbagnick Macodou Diop et sa famille étaient enfermés dans les pratiques traditionnelles purement animistes qui sont encore consubstantielles à l’âme des peuples noirs, jusqu’à la pénétration brutale des religions dites monothéistes, étrangères aux us et coutumes originaires, qu’elles ont tenté d’enterrer en les déclarant religions sauvages. C’est là, dans ce milieu hermétique de sorciers, de pangols, de racines, de paroles sacrées, de ‘Ndiath’, que sa famille était installée. A Ndouraine, à Keur Aliou puis à Keur Sory, près de Sokone. En ces lieux, la famille s’adonnait à des travaux champêtres, à l’élevage, à la pêche et à la chasse. La famille possédait des moutons, des chèvres, des vaches, des ânes et des chiens de toutes sortes et elle vivait dans une grande tranquillité.

L’auteur décrit les activités auxquelles se livraient les différents membres de la famille et les employés de son père qui était leur ‘Ndiatigui’. C’était la chasse aux oiseaux comme les mange-mil dits ‘cathiorcathiors’, aux insectes et aux singes prédateurs. C’était aussi la chasse aux chauves-souris, aux pigeons sauvages, aux singes prédateurs aux cafards et vers ; à cette époque les populations rurales ne connaissaient pas les insecticides, encore moins les pesticides ou l’engrais.

La rupture avec la vie du village

L’auteur et ses frères n’ont eu aucun contact avec un quelconque enseignement, religieux ou laïc. Il a seulement en mémoire que son grand frère Ndéné Diop, dont les études et l’apprentissage de la menuiserie avaient été interrompus par la tuberculose, (il) était revenu au village avec un nouveau syllabaire de ‘Mamadou et Bineta’, à usage des écoles africaines écrit par A. Davesne et que sa curiosité l’avait poussé à feuilleter. Il a ainsi, avec l’aide de son frère malade, appris des bribes de l’alphabet. Il avait précieusement gardé ce petit livre qui ne l’a jamais quitté au village de Keur Sory où le marabout du village harcelait son père pour qu’il envoie ses enfants à son école coranique et avait fini par avoir gain de cause.

C’est dire que ses frères et lui étaient enrôlés à l’école coranique du village. Le marabout leur faisait réciter des formules coraniques sans significations particulières qu’ils répétaient comme des oiseaux. Mbagnick Macodou Diop ressentait cet enseignement comme une répétition de mots inutiles et, au fur et à mesure, il s’abstenait, n’étant plus intéressé par cette nébulosité abrutissante, contraire à l’idée qu’il se faisait de la nécessité d’acquérir une formation intellectuelle ; toute la caporalisation que leur faisait subir le marabout directeur le révoltait et le poussaient, à la limite de la patience, à proscrire son enseignement. L’atmosphère devenait aussi de plus en plus insupportable du fait du comportement de ce marabout, insolent, arrogant et incompétent qui se conduisait en brute avec tous ces enfants élèves (…).

Son départ de Sokone était inéluctable. Ses jeunes frères et lui n’avaient plus de chance d’être acceptés à l’unique école élémentaire de la ville. Il se décida à se rendre à Kaolack, ville étendue, en mouvement ; ville aux grandes rues et aux avenues bordées d’édifices de commerce, ville portuaire où venaient et partaient de grands bateaux. Siège de l’Administration où réside le commandant de cercle. Ville de fonctionnaires, sillonnée de véhicules et de charrettes de transport tirées par des chevaux et ânes (…).

Macodou Diop était devenu boy accompagnateur de Madame Collin pour faire le marché tous les matins au ménage journalier. L’occasion de le faire recruter officiellement lui fut offerte lors du décès du planton appariteur du Tribunal qui était par ailleurs proche parent de sa famille Monsieur Collin l’imposant comme remplaçant de ce dernier réservé aux anciens militaires. C’est ainsi qu’il était devenu homme de bureau après avoir travaillé comme boy des Collin. Pendant près de six mois passés au Parquet du Tribunal, il assurait tous les petits travaux de garçon de commission et il devint au fur et à mesure adjoint au greffier, secrétaire africain du Palais de justice alors qu’il était le plus jeune du personnel.

Macodou Diop a eu la chance d’avoir été formé par un corps enseignant pédagogiquement compétent… Durant trois ans, il poursuivit ses études à l’école de Thiong en compagnie de son ami Saloum Cissé. Tout en travaillant comme commis aux écritures à la Marine de Dakar, il tentait de suivre les cours de l’enseignement secondaire, comme candidat libre, puisque ne pouvant plus poursuivre ses études normalement toujours du fait de la limite d’âge.

En route pour la Suisse

Boursier de la municipalité de Dakar, Macodou Diop s’embarqua à bord du bateau ‘Camberra’ au môle VII du port de Dakar. Après une traversée de six jours, lui et son ami Malick sont arrivés à Marseille. Il leur fallait vite prendre leur train à la gare, en haut de la Cannebière. Arrivé à Paris, Macodou Diop rejoint son école de secrétariat de l’Ecole supérieure d’orientation (Eso). C’était le début de sa vie d’étudiant à Paris. Il allait à la rencontre des communautés d’étudiants africains, dans les restaurants, les maisons et foyers d’étudiants ainsi qu’à la Cité universitaire. Toutes ces rencontres entre les étudiants les protégeaient de l’isolement et la solitude dans Paris.

Quand il a atteint le niveau du baccalauréat, il a pu entrer en première année à la Sorbonne dans d’autres établissements de l’enseignement supérieur. Le 23 octobre 1963, il était inscrit à la Sorbonne, en propédeutique.

Son entrée à l’université avait coïncidé avec le développement des idées et de l’histoire du marxisme. Les maîtres à penser des jeunes à l’époque étaient Georges Politzer, Henri Lefèvre, Jean Kanapa, Louis Althusser, Jean Paul Sartre, Roger Garaudy, Maurice Merleau-Ponty, Lucien Sève, Jean Baby, Victor Leduc, Michel Foucault, Gaston Bachelard, ainsi que les psychanalystes comme Jacques Lacan. C’était la période de prolifération des ouvrages de Marx, Lénine, Staline, etc.

Macodou Diop quitte Paris pour poursuivre des études de droit en Suisse. D’abord à Genève où il a été initié et ensuite à Lausanne, où il a obtenu une maîtrise en droit avant de revenir à la faculté de Droit à Paris pour le Diplôme d’études approfondies (Dea). Macodou Diop raconte les différentes péripéties de sa vie d’étudiant en Suisse. Il donne des précisions intéressantes sur ses retours de Suisse en France et de France au Sénégal.

Dans la deuxième partie du livre, Macodou Diop traite des victimes du ‘mal sénégalais’ sous le régime socialiste, de la fin du régime Ps. Il examine la nature du nouveau régime au Sénégal sous la direction du Pds. et de ses alliés. Il esquisse les perspectives politiques qui peuvent faire avancer le Sénégal vers le peloton des pays démocratiques. Il termine en faisant connaître son désir d’être enterré dans son village Keur Sory. Il veut se reposer, entouré des trois baobabs, lieu choisi en présence de ses proches avec Daniel Degrémont et son fils Frank.

Ce livre contient des informations d’ordre anthropologique fort utiles. Son auteur a un parcours universitaire atypique. Il faut le féliciter d’avoir eu le courage de solliciter l’aide matériel et intellectuel de ses amis français ou suisses comme Pierre Hafner, Daniel Degrémont et Alain Clerc.

Amady Aly DIENG

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