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5 janvier 2012

Notes de lecture - Les terrains politiques du

Notes de lecture -
Les terrains politiques du football
Politique Africaine n° 118 Juin 2010 237 pages
Le football, terrain du nouvel afro-optimisme 

Evénement planétaire, la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud est célébrée comme une alternative à l’afropessimisme, faisant entrer le continent de plain-pied dans la modernité d’une sphère médiatique globalisée. Au Cap, à Durban ou Port-Elisabeth, on s’interroge néanmoins sur les retombées de cet événement qui fait la fierté du pays mais reproduit aussi ses profondes inégalités. Par-delà ce nouvel afro-optimisme sportif et ses contrepoids comptables, ce dossier aborde les relations complexes entre ballon rond et politique sur le continent comme autant d’indicateurs de transformations à l’œuvre dans les sociétés africaines contemporaines et dans leur rapport au reste du monde.

Miroir grossissant du pouvoir postcolonial et de ses contradictions, support des grands récits nationalistes, le football nourrit aussi les tensions ethnorégionales. Espace d’encadrement social, et politique des jeunes, il peut devenir le lieu de leur émancipation. Analysant aussi bien l’économie politique des clubs professionnels, les migrations internationales des joueurs africains que les pratiques quotidiennes du sport amateur, en Afrique du Sud, au Cameroun, en Ouganda ou en Côte d’Ivoire, ce volume esquisse de nouvelles hypothèses sur la politique du football qui permettent de repenser les liens entre les pratiques locales, nationales et transnationales de ce jeu mondialement populaire.
Port Elisabeth a été la première ville sud-africaine à achever la construction d’un nouveau stade en vue de la Coupe du monde. Les autorités métropolitaines, soutenues par le secteur privé, espèrent que cet événement spectaculaire changera le statut de la ville et la transformera en ‘ville gagnante’.

Toutefois, en répondant aux exigences de la Fifa, elles se sont engagées dans une voie périlleuse. Le coût exceptionnel du stade a contribué à la compression du budget de la métropole, entravant du même coup ses capacités de fourniture de services de première nécessité aux habitants. Les objectifs de développement à long terme se voient ainsi sacrifiés au nom de l’amélioration de l’image de la ville. L’héritage de la Coupe du monde risque finalement de s’avérer inégalitaire sur le plan économique et délicat à gérer sur le plan politique.

Le football, un espace où s’affrontent des conceptions divergentes de la nation et de la citoyenneté

L’accord de franchise entre Ajax Amsterdam (AA) et l’Ajax Cape Town (ACT) soulève d’importantes questions sur la valeur du travail, les transferts de jeunes joueurs, les échanges et le développement. Les matériaux de deux séjours effectués à l’Académie de l’ACT sont analysés à partir de notions de dépendance et de néocolonialisme. La franchise de l’ACT est ainsi replacée dans un paysage plus global, qui invite à interroger la nature de l’accord et à explorer ses implications pour le développement de la ville.

L’article d’Eliane de Latour (CNRS, IRIS) propose un parcours à travers la circulation marchande des joueurs dans une aire internationale du football peu explorée, située entre l’Afrique et l’Asie. Mal placés dans les classements de la Fifa (Fédération internationale de football association), certains pays d’Asie ont développé une politique d’acquisition de joueurs étrangers pour élever le niveau national en vue des grandes compétitions internationales. Des pays africains, auxquels s’ajoute le Brésil, comptent parmi les plus gros pourvoyeurs de joueurs. L’Asie offre à certains d’entre eux une alternative à l’Occident, souvent inaccessible (sauf pour le très haut-niveau). L’analyse de ces nouvelles polarités Sud/Sud permet de porter un regard oblique sur le sport le plus médiatisé de notre époque et de sortir ainsi des hiérarchies mondiales toutes faites qui font du Nord la mesure de toute chose et de l’Afrique un continent en perpétuel asservissement. La demi-finale de la Coupe d’Europe de football 2009 a suscité à Abidjan une forte tension entre les supporters de Didier Drogba, l’attaquant de Chelsea, et ceux de Yaya Touré, le défenseur du FC Barcelone. Réactivant les clivages entre les ressortissants du Sud et du Nord, ce match cristallisait les tensions identitaires qui sont au cœur du conflit ivoirien. Partant de cet événement, l’article d’Adaramane Kamaté, chercheur indépendant, et Richard Banégas (Université Paris I) montre combien le football est devenu un espace où s’affrontent des conceptions divergentes de la nation et de la citoyenneté. Soutenant aussi un autre récit, celui de l’unité et de la souveraineté nationales, le ballon rond constitue un levier de la politique intérieure et extérieure du pays qui donne à voir les modalités complexes de la ‘réconciliation’ post-Ouagadougou.

Le football amateur au Cameroun se décline sous la forme des championnats de vacances et de tournois ‘deux-zéro’. Différentes de par leur localisation, leur fréquence et leurs règles, ces pratiques footballistiques renseignent sur les usage politiques et sociaux de ce sport extrêmement populaire. S’ils sont des lieux de promotion personnelle et partisane du personnel politique, ils sont également des moyens d’encadrement de la jeunesse par les ‘élites’. Les jeunes n’en sont cependant pas pour autant manipulés sur les terrains de foot : ils y apprennent les règles de l’échange politique et y entrevoient diverses modalités d’accomplissement social.

La révolution symbolique qui a fait du peuple voltaïque une incarnation de la nation idéalisée

A partir de la chute politique de Denis Obua, président de longue date de la Fédération ougandaise de football association (Fufa), et à travers un examen du microcosme footballistique, l’article de Michael G. Chatzberg (Université du Wiscousin, Madison) s’intéresse à la relation complexe entre l’Etat, des organisations apparemment non politiques comme la Fufa, et des institutions internationales. Il défend l’idée selon laquelle la Fufa appartient à un type d’organisation qui ne s’intègre pas dans aucune des catégories générales de l’analyse politique contemporaine - l’Etat et la société civile. Faisant appel à une terminologie plus ancienne, il soutient que la Fufa est une polity. N’appartenant entièrement ni à l’Etat ni la société civile, elle (tout comme d’autres polities telles les chefferies, les royaumes, les sociétés religieuses) s’inscrit dans une position qui brouille les frontières analytiques usuelles. De telles polities sont susceptibles de contribuer à une forme spécifique de pluralisme dans la production politique de la vie quotidienne.

Au Mali, lors d’une campagne d’islamisation du Bèlèdugu dans les années 80, le démantèlement des sociétés d’initiation dans certains villages s’est accompagné d’un accroissement spectaculaire du nombre de confréries d’adeptes des cérémonies de possession (jinéton). L’étude de cas ethnographique effectuée par Laurent Berger du Musée Quai Branly analyse ce processus, à la suite de James Scott et Ioan Lewis, comme une stratégie conduite par les lignages autochtones anciennement impliqués dans le fonctionnement des sociétés à masques et à fétiches dissoutes.

L’article de Benoît Beucher de l’Université Paris IV porte sur l’émergence de la nation voltaïque/burkinabè, de la conquête des pays voltaïques par la France à la fin du XIXe siècle à l’avènement de l’actuelle IVe République en 1991. Au cours de cette période, un processus historique, pris entre de multiples contradictions et inscrit dans un vaste champ du possible, a conduit à la révolution symbolique qui a fait du peuple voltaïque une incarnation de la nation idéalisée, à savoir le ‘Burkinabè’ ou ‘Homme intègre’ contemporain. Précisément, son propos consiste à rendre compte des conditions historiques dans lesquelles une communauté nationale s’est formée puis imaginée comme telle.

Le monument de la Renaissance et l’ambitieuse politique néomoderniste de Wade

La veille des célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance, le président Abdoulaye Wade a inauguré le monument de la Renaissance africaine. Construit pour rivaliser avec la statue de la Liberté, le Monument a été l’objet de multiples controverses. Si on peut aisément le critiquer comme un éléphant blanc supplémentaire, il trouve son sens dans le contexte plus large de l’ambitieuse politique néomoderniste et panafricaine menée par Wade. Sont également discutées ici les controverses que le Monument a suscitées, en particulier la façon dont les attributs formels de la statue sont devenus l’objet de débats à l’échelle nationale quant à sa validité ou invalidité morale. Il faut peut-être regarder le Monument moins comme un nouveau fétiche d’Etat que comme le point d’articulation de débats entre des subjectivités disputées.

Lors des négociations officielles, les rebelles du Darfour ont entamé leurs propres pourparlers avec les communautés arabes locales, y compris avec les chefs des milices pro-gouvernementales, les ‘Janjawid’. Les quatre documents inédits présentés et commentés ici illustrent les premiers accords entre Arabes et rebelles, conclus peu après les négociations manquées d’Abuja, au Nigeria, en mai 2006. Ces textes montrent comment les principaux acteurs du conflit sur le terrain réintroduisent l’idée de coexistence entre les communautés, et quelles ambivalences et interférences fragilisent ces processus locaux.

Ce numéro de Politique Africaine est une contribution majeure à la connaissance des relations entre la politique et le football en Afrique. Il fournit des éléments intéressants sur les conditions historiques qui ont contribué à la naissance de la communauté nationale burkinabè.

Amady Aly DIENG

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